Nature et santé mentale : une bouffée d’air pour les personnes étudiantes
À l’heure où la santé mentale étudiante est en difficulté et préoccupe la santé publique, le contact avec la nature pourrait-il faire partie des solutions ?

Au Québec, la santé mentale étudiante dans l’enseignement supérieur est devenue une préoccupation importante. Dans les dernières années, plusieurs sondages et enquêtes ont dressé un portrait inquiétant de la situation. En 2018, une enquête de l‘Union étudiante du Québec (UEQ) a révélé que 58 % des personnes étudiantes vivaient de la détresse psychologique. La situation a mené à la mise en place du Plan d’action sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (PASME) 2021-2026, qui encourage les établissements à diversifier leurs actions pour favoriser la santé mentale étudiante en adoptant une perspective systémique.
Favoriser le contact avec la nature fait partie de l’éventail des actions pour améliorer la santé mentale. Selon l’OMS, les espaces verts en ville, conçus adéquatement, offrent des bénéfices multiples (sociaux, environnementaux) et sont des éléments clés pour promouvoir la santé. Au Québec, on assiste au déploiement d’une offre de plus en plus étoffée d’initiatives centrées sur la nature pour répondre aux besoins de la population (garderies nature, classes extérieures, programmes d’interventions à visée thérapeutique, etc.). Si plusieurs études internationales témoignent de leurs bénéfices pour la santé mentale des jeunes adultes, peu de recherches portent sur l’enseignement supérieur. L’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (OSMÉES) avec son axe T6 « Pratiques centrées sur la nature et l’aventure » entend contribuer à combler ce manque. L’équipe constituant l’axe T6 a initié ses travaux avec la réalisation d’un état des lieux sur l’utilisation de ce type de pratiques en enseignement supérieur. Quelques résultats saillants de cet exercice sont présentés ci-dessous.
Favoriser le contact avec la nature dans les établissements d’enseignement supérieur
À l’international, plusieurs établissements intègrent le contact avec la nature pour favoriser la santé mentale étudiante. L’état des lieux de la littérature scientifique sur le sujet montre que l’intégration de la nature prend des formes très variées, selon les milieux naturels et les pratiques culturelles et sportives des pays concernés. Ainsi, les activités physiques en mer sont privilégiées dans les établissements australiens ou écossais, tandis que les pratiques méditatives en forêt, ou “bains de forêt”, sont très usitées dans les établissements japonais. L’importance attribuée à la proximité des espaces verts et au verdissement des campus se retrouve dans plusieurs pays à travers le monde, notamment pour permettre aux personnes étudiantes de réduire leur stress ou d’améliorer leur créativité. De plus, il a été démontré que l’offre de pratiques centrées sur la nature incluant une part d’aventure favorisent la résilience et le bien-être des personnes étudiantes en les poussant à se dépasser, tout en restant dans un cadre sécuritaire et sain.
Des établissements québécois (déjà) proches de la nature ?
Au Québec, peu d’études scientifiques existent sur la place de la nature dans les établissements d’enseignement supérieur, ces dernières focalisant plutôt sur les élèves au primaire. Une enquête réalisée en 2024 par l’Axe T6 brosse le portrait des pratiques existantes et montre que de nombreux établissements sont sensibles et mobilisés face à l’importance du contact avec la nature. L’équipe de recherche a recensé l’existence de plus d’une centaine de pratiques dans les établissements québécois (54 répondants sur 154 sondés). Que ce soit par l’installation d’espaces de détente ou de mobilier sportif dans les espaces naturels environnants, d’infrastructures et de temps dédiés pour faire classe à l’extérieur, ou encore par le développement d’espaces de cultures potagères et de jardins, le contact avec la nature fait déjà partie des pratiques mises de l’avant par les établissements. La majorité utilise des espaces verts déjà présents sur ou à proximité de leur campus. Plusieurs misent également sur la végétalisation des espaces de détente pour encourager la fréquentation et l’appréciation des espaces extérieurs et pour permettre une exposition à la nature à l’intérieur des bâtiments. Si certains projets ont émergé récemment, d’autres sont ancrés dans l’ADN des établissements depuis leur création, ceux-ci mettant à profit leur environnement naturel.
Intégrer davantage la nature pour soutenir activement la santé mentale étudiante
La recension révèle que la majorité des pratiques et installations recensées dans les établissements québécois ont avant tout une visée récréative ou éducative et n’ont pas pour objectif principal de favoriser la santé mentale. Les établissements témoignent toutefois d’une sensibilité à l’idée que la nature puisse avoir des effets bénéfiques sur la santé, estimant que cela fait partie des potentielles retombées positives. En ce sens, l’idée selon laquelle “la nature fait du bien” relève du savoir collectif : beaucoup d’établissements adhèrent à cette vision et font des aménagements ou proposent des activités qui vont en ce sens.
Si la visée “thérapeutique” de l’exposition à la nature demeure balbutiante, certains établissements québécois commencent à intégrer l’exposition à la nature dans leurs services d’aide psychosociale. Parmi ceux-ci, le programme Aventure Vert Soi (AVS), lancé par la responsable de l’Axe T6, Marie-Ève Langelier, et ses collègues, combine intervention et recherche. Puisant dans l’approche de l’Intervention par la Nature et l’Aventure (INA), AVS permet aux personnes étudiantes vivant de l’anxiété de s’activer physiquement dans un milieu naturel, passer du temps en connexion avec la nature, cultiver la présence attentive et partager leur vécu au sein d’un groupe ayant un trouble de santé similaire. La recherche évaluera si ces stratégies d’autogestion de l’anxiété sont intégrées et réutilisées par les personnes étudiantes après le programme.
Sans nécessairement passer par une telle démarche interventionniste, augmenter les opportunités de contact avec la nature fait partie des mesures sur lesquelles les établissements peuvent miser pour favoriser la santé mentale étudiante : verdissement des campus, classes extérieures, activités sportives en extérieur, jardinage… autant d’initiatives qui ont le pouvoir d’impacter significativement et de façon durable la santé.
Pour aller plus loin :
La Station SME regorge d’informations et d’outils mettant de l’avant la nature et l’aventure pour favoriser la santé mentale étudiante dans les établissements d’enseignement supérieur. À ce sujet, voici quelques exemples de pratiques relevées sur la Station SME :
- Intervention par la nature et l’aventure au Cégep Garneau
- Shinrin-yoku: des sorties en forêt au Cégep de Sherbrooke
- Guides sur la pédagogie en plein air: quelques exemples
- Espaces de détente multifonctionnels à l’Université Laval
- Des classes extérieures au Cégep de la Gaspésie et des Îles
Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série d’articles mensuels sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur portée par l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (OSMÉES) et l’Initiative sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (ISMÉ).
Postes vedettes
- Médecine - Professeure adjointe / agrégée ou professeur adjoint / agrégé (génétique humaine, génomique, droit et politiques)Université McGill
- Architecture - Professeur adjoint / professeure adjointeUniversité McGill
- Génie - Professeure ou professeur (systèmes intelligents et systèmes cyberphysiques)Université Laval
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (didactique de l’activité physique et sportive, santé et bien-être - poste francophone)Université d'Ottawa
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (autochtone, programme anglophone)Université d'Ottawa
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