Préparez-vous pour une rentrée universitaire sous le signe de l’éloignement social
La COVID-19 sera encore bien présente au début de la session d’automne, et nous devons nous y préparer.
Pendant que les professeurs et les étudiants terminent tant bien que mal la session d’hiver, le spectre de la rentrée de septembre se profile déjà. La vie universitaire reprendra-t-elle son cours normal? Les étudiants reviendront-ils sur les campus, ou devrons-nous continuer de les accompagner dans leur apprentissage sur Zoom, cloîtrés dans nos bureaux à domicile?
Bien qu’ils soient accaparés par leurs activités de gestion de crise, les dirigeants universitaires devront bientôt prendre des décisions cruciales concernant la prochaine session. Ces décisions auront des répercussions à long terme sur les inscriptions, la viabilité financière de leur établissement et sa réputation.
En tant que professeure d’expérience, ancienne administratrice de haut rang et mère d’étudiants universitaires, je crois que, si les autorités de la santé publique le permettent, les établissements devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ramener les étudiants sur les bancs d’école en septembre. Les cours en ligne répondent à un besoin important dans le secteur de l’éducation postsecondaire, mais ne peuvent pas remplacer les cours en personne, la formule privilégiée par la plupart des étudiants – et des professeurs.
L’incertitude règne en ce qui concerne l’automne 2020. Si nous avons réussi à « aplatir la courbe » de propagation de la COVID-19, nous aurons graduellement regagné la liberté de nous déplacer au cours de l’été. Toutefois, les autorités de santé publique surveilleront de près l’arrivée d’une éventuelle deuxième vague. Il est possible que nous gérions mieux la situation et que nous ayons plus facilement accès aux tests de dépistage à ce moment-là, mais nous devrons néanmoins encore composer avec la maladie lorsque l’automne commencera à révéler ses couleurs.
Afin de pouvoir ramener les étudiants dans leurs enceintes, les universités devront convaincre leur conseil d’administration que les risques et les coûts de poursuivre les cours en ligne surpassent les risques et les coûts de rouvrir leurs portes. Elles devront aussi convaincre les étudiants et les parents qu’elles ont mis en place un plan viable qui privilégie la santé et la continuité. Elles devront surtout convaincre les autorités sanitaires provinciales qu’elles ont pensé à tout pour fonctionner tout en respectant les règles d’éloignement social. C’est pourquoi il faut commencer dès maintenant à planifier la rentrée de septembre 2020.
Automne 2019 | Automne 2020 |
---|---|
Jour d’emménagement | Semaine d’emménagement |
Rencontre du camarade de chambre | Rencontre du voisin de chambre |
Buffet à la cafétéria | Plats individuels |
Début de la semaine d’orientation au gymnase, concerts, fêtes | Orientation centrée sur les programmes, en petits groupes |
Distribution de condoms par le centre de santé | Distribution de masques par le centre de santé |
600 étudiants dans le cours de psychologie 100 | Cours de psychologie 100 donné en petits groupes |
À l’automne, les règles d’éloignement social n’auront plus de mystère pour nous. Pas de poignée de main. Pas d’accolade. Pas de rassemblement de plus de 50 personnes. Servir des aliments emballés. Nous laver les mains. Vérifier notre température. Nous isoler au besoin. Porter un masque en cas de rhume. Pourrons-nous faire fonctionner les universités dans ces conditions?
Les résidences seront un lieu à risque. Les dortoirs traditionnels, où les chambres, salles de bain et salles à manger sont partagées, ont été décrits comme des bateaux de croisière terrestres du point de vue de la santé publique. Les chambres pour deux devront être converties en chambres individuelles. Le nombre d’étudiants qui partagent une même salle de bain devra être réduit. Il faudra renforcer le nettoyage des aires communes. Le sympathique employé de la cafétéria qui balaie les cartes d’identité devra être accompagné d’un travailleur de la santé qui prendra la température des étudiants et leur posera des questions pour vérifier la présence de symptômes. Certains étages de résidence devront être réservés à l’auto-isolement des étudiants qui présentent des symptômes. Les résidences ne généreront pas de profit. Elles coûteront même cher. Toutefois, sans elles, bon nombre d’étudiants de la cohorte de 2024 ne se présenteront pas.
Comment préserver les avantages d’une instruction en personne sans jamais dépasser le nombre maximal de 50 personnes dans une pièce? Les salles de cours devront être temporairement réaménagées. Il faudra utiliser un siège sur deux, et une rangée sur deux, ce qui réduira considérablement la capacité d’accueil. Les cours à forte participation devront être donnés en alternance ou diffusés en ligne pour les étudiants qui ne peuvent y assister en personne. Afin d’offrir les avantages d’une éducation en personne, les professeurs devront concevoir des cours en petits groupes, instaurer une rotation des étudiants ou trouver d’autres moyens créatifs surpassant les solutions virtuelles. Les assistants à l’enseignement seront d’ailleurs plus importants que jamais aux études de premier cycle.
Comment lancer la session d’automne tout en sachant qu’une seconde vague de COVID-19 risque de frapper? Il faudra parer aux imprévus – espérer le meilleur en se préparant au pire. Chaque cours devra comprendre un « plan d’urgence » décrivant comment la matière sera transmise, comment les devoirs et les examens seront donnés et comment les enseignants et les étudiants communiqueront entre eux en cas de crise. Tous les étudiants en résidence devront connaître les procédures à suivre en cas de fermeture des installations.
Avec ces mesures supplémentaires à prendre, la réorganisation des cours et les plans d’urgence, on peut se demander s’il vaut la peine de planifier des cours en personne à l’automne. À cela, je répondrais que si les universités continuent de donner tous leurs cours en ligne, les inscriptions chuteront, ce qui ne fera qu’empirer leur situation financière. Le passage à l’éducation postsecondaire sera difficile pour les étudiants qui ne sont pas préparés à l’apprentissage en ligne. Les étudiants aux cycles supérieurs abandonneront leurs travaux de recherche en grand nombre.
Les étudiants qui fréquentent déjà l’université, ou qui se préparent à y entrer l’année prochaine, connaîtront une arrivée sur le marché du travail exceptionnellement ardue. Les universités canadiennes doivent donc trouver des solutions créatives aux difficultés que pose la COVID-19 afin de les préparer à jouer un rôle dans l’indispensable reprise économique et sociale.
Lisa Young est professeure à l’école de politiques publiques de l’Université de Calgary. De 2011 à 2018, elle a été vice-provost et doyenne des affaires étudiantes de son établissement.
Postes vedettes
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
Laisser un commentaire
Affaires universitaires fait la modération de tous les commentaires en appliquant les principes suivants. Lorsqu’ils sont approuvés, les commentaires sont généralement publiés dans un délai d’un jour ouvrable. Les commentaires particulièrement instructifs pourraient être publiés également dans une édition papier ou ailleurs.