Respect des droits fondamentaux : sommes-nous toutes et tous concernés ?
La liberté académique et la science ouverte sont aujourd’hui confrontées à des tensions croissantes, notamment face aux enjeux de l’EDI et aux ingérences dans la recherche.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un corpus juridique majeur a été adopté afin de garantir les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels à toute personne, indépendamment de son lieu de naissance, de sa race, de sa religion, de son genre, de son orientation sexuelle, de sa nationalité ou de sa situation sociale. Si le débat sur l’universalité des droits humains, longtemps centré sur la question de savoir si ces droits transcendent les barrières culturelles, semble aujourd’hui dépassé, l’accès et la démocratisation des savoirs demeurent des enjeux fondamentaux. Ce débat est d’autant plus crucial dans un contexte où la pertinence de l’équité, diversité et inclusion (EDI) en milieu universitaire est remise en question. Certains opposent d’ailleurs l’excellence académique aux principes de l’EDI, ce qui contribue à diviser la communauté scientifique en fonction du genre, de l’orientation sexuelle, de la race ou du handicap.
Les tentatives d’ingérence dans la liberté de la recherche, vivement dénoncées par la communauté académique, soulèvent une question essentielle : dans quelle mesure l’application des critères EDI peut-elle favoriser une véritable égalité des chances sans nuire à l’indépendance scientifique ?
En milieu universitaire, l’égalité des chances repose en partie sur le principe de la science ouverte. Définie dans la Recommandation de l’UNESCO adoptée au lendemain de la pandémie de la COVID-19, la science ouverte est décrite comme « un mouvement visant à transformer les pratiques scientifiques afin de les adapter aux changements, aux défis, aux opportunités et aux risques inhérents à l’ère du numérique, ainsi qu’à accroître l’impact de la science sur la société ». La communauté internationale souligne que « les aspects collaboratifs et inclusifs de la science ouverte permettent à de nouveaux acteurs de la société de participer aux processus scientifiques, notamment à travers la science citoyenne et participative. Elle contribue ainsi à la démocratisation du savoir, à la lutte contre la désinformation et aux inégalités systémiques, tout en orientant la recherche vers les grands défis sociétaux » (UNESCO, 2021).
Pourtant, la science ouverte est aujourd’hui menacée. L’incertitude plane sur certaines collaborations scientifiques et sur des projets intégrant des dimensions environnementales ou d’équité. Les récents cas de restrictions imposées aux chercheuses et chercheurs provenant de l’international aux États-Unis, la fermeture de projets de recherche et les ingérences dans la recherche universitaire, notamment par l’envoi de questionnaires aux chercheuses et chercheurs québécois et canadiens, ont suscité une vive inquiétude. Ces événements vont à l’encontre des principes mêmes de la science ouverte.
Au Canada, des efforts considérables ont été déployés depuis une quinzaine d’années pour favoriser un milieu universitaire exempt de discrimination. Cette démarche a permis de mieux intégrer les catégories sous-représentées, en plaçant l’équité au cœur des processus décisionnels.
Et je m’interroge : où se situe réellement la limite entre l’application des critères EDI et l’atteinte à la liberté de la recherche ? Cette question me semble d’autant plus cruciale qu’elle est au cœur des débats sur les embauches et l’attribution des Chaires de recherche au Canada. Ce contexte, pour le moins préoccupant, m’amène à réfléchir aux valeurs et aux principes qui façonnent aujourd’hui la science à l’échelle mondiale.
Si nous dénonçons toute ingérence dans la recherche au nom de la liberté académique, ne devrions-nous pas, dans le même élan, nous interroger sur l’égalité des chances ? Sur la diversité de la communauté scientifique, qui se compose de chercheuses et chercheurs aux parcours et aux perspectives multiples ? Et sur les enjeux et défis qui orientent leurs travaux ?
Les acquis en matière de droits fondamentaux restent des enjeux majeurs pour aujourd’hui et pour demain. La diplomatie scientifique, qui se situe au croisement de la politique étrangère et de la production de savoirs, est appelée à jouer un rôle crucial. En conciliant dialogue international et excellence scientifique, elle peut contribuer à préserver la liberté académique tout en assurant une plus grande inclusion des chercheuses et chercheurs issus de divers horizons.
Postes vedettes
- Chaire de recherche du niveau 1 en multiples domainesUniversité de Sherbrooke
- Sciences de l'éducation - Professeure ou professeur (didactique du français/développement langagier)Université de Moncton - Campus de Moncton
- Directeur ou directrice – Services d’appui à la négociation avec le corps professoral (SANCP)Association canadienne du personnel administratif universitaire (ACPAU)
- Sciences infirmières - Professeur ou professeure (pratique avancée en sciences infirmières)Université Laval
- Psychologie - Professeure ou professeur (psychologie clinique de l’enfant, de l’adolescent et des parents)Université de Sherbrooke
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