Tirer parti du potentiel des ingénieurs canadiens pour transformer le monde

Comment mettre à profit notre expertise pour atteindre nos objectifs de développement durable.

12 février 2020

Le rôle des scientifiques consiste à étendre leur connaissance et leur compréhension du monde physique. Celui des ingénieurs, à appliquer des connaissances scientifiques et techniques pour répondre à des besoins sociétaux.

Cette distinction est fondamentale, car elle fait ressortir la nécessité d’éduquer différemment les uns et les autres; elle explique aussi la place que nous accordons dans la formation offerte aux étudiants, comme doyens et doyennes des facultés de génie, aux problèmes jugés les plus importants par la société.

Les cours de génie mettent généralement l’accent sur la description de systèmes complexes à partir de concepts mathématiques et physiques. On néglige souvent, toutefois, d’établir un lien entre les solutions techniques et leur incidence sur l’humanité. En tant que responsables de la formation en génie, il nous faudra trouver des moyens d’intégrer les enjeux sociaux dans nos programmes, de façon à ce qu’on ne les considère plus seulement comme une note de bas de page, mais bien comme un pari constant à relever.

Les 17 objectifs de développement durable définis par l’Organisation des Nations unies (ONU) sont un appel à la mobilisation mondiale face aux défis et aux occasions les plus pressants pour l’humanité et le monde naturel, qui touchent des enjeux interreliés comme la pauvreté, les inégalités et les changements climatiques, pour ne nommer que ceux-là. En tant que spécialistes et gestionnaires des technologies, les ingénieurs jouent un rôle essentiel relativement à des objectifs mondiaux comme l’eau potable, les énergies propres et renouvelables, la santé et le bien-être, l’industrie, l’innovation et les infrastructures; la recherche urgente de solutions constitue donc une responsabilité importante.

Que peuvent faire les ingénieurs canadiens pour faire évoluer les choses? Comment pourrions-nous mettre à profit notre expertise et nos innovations sur la scène internationale dans le but de favoriser l’atteinte de ces objectifs de développement durable?

Pour y parvenir, nous pourrions créer des programmes en prise avec les réalités actuelles, qui contribueraient à effacer la frontière entre enseignement et apprentissage dans nos différentes disciplines ainsi qu’en matière de recherche, de communication et d’engagement social. Cela amènerait nos étudiants à saisir que le rôle du génie ne se limite pas, par exemple, à la création du prochain bidule divertissant, mais qu’il peut aussi servir à résoudre des problèmes comme celui de l’eau potable dans les communautés autochtones du Canada.

Les organismes de réglementation responsables de l’agrément des programmes de génie devront eux aussi s’adapter à cette nouvelle réalité. Ils doivent accorder au corps professoral davantage de souplesse quant aux méthodes d’enseignement et à la matière considérée comme « relevant vraiment du génie » et nous autoriser à exposer nos étudiants à cette ligne de pensée malgré un programme d’études déjà surchargé.

Par ailleurs, nos gouvernements devraient investir dans la formation d’un plus grand nombre de spécialistes du génie. Le Canada se classe aujourd’hui parmi les pays qui affichent le plus faible taux de diplômés en sciences, en génie et en mathématiques. Face à un avenir dominé par les changements climatiques et la nécessité de trouver des moyens d’aider les populations et les sociétés à s’adapter, il faudra former des gens capables de s’attaquer aux problèmes.

Enfin, il faudrait s’employer à rendre la profession plus attrayante et attirer des jeunes animés par le désir de mettre au point des solutions pour améliorer la vie des populations et des sociétés. En concentrant nos efforts sur les objectifs de développement durable fixés par l’ONU, nous pourrions élever notre savoir-faire collectif en résolution de problèmes, stimuler l’imaginaire populaire à propos du rôle utile que joue le génie dans la société et tirer parti du potentiel de nos ingénieurs et ingénieures canadiens pour contribuer à transformer le monde.

Mary Wells est doyenne de la faculté de génie et de sciences physiques de l’Université Guelph. Elle a obtenu son premier diplôme d’ingénieure à l’Université McGill en 1987.

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