Trop d’obstacles bureaucratiques entravent la recherche sur le cannabis
La raison derrière la volonté des chercheurs d’étudier les propriétés antiépileptiques prometteuses du cannabis.
Nous avons perdu de nombreuses années de recherche potentiellement importante sur le cannabis en raison de la controverse que cette plante suscite auprès des chercheurs, des décideurs et du public. Certains perçoivent le cannabis comme une drogue psychoactive dangereuse dont il faut interdire l’usage, et d’autres y voient une véritable panacée ayant le potentiel de traiter toutes les maladies connues de l’homme.
Maintenant que le cannabis a été légalisé, sera-t-il encore aussi difficile de l’étudier? Il est temps de lever les obstacles à la recherche sur le cannabis, car il y a encore trop de questions sans réponses, tant sur le plan des bienfaits que des risques potentiels.
Les vertus médicales du cannabis, dont son potentiel anticonvulsif, sont connues depuis longtemps. Mes collègues et moi-même avons mené une recherche afin de mieux connaître son mode d’action.
Originaire de l’Himalaya, le cannabis a été cultivé pour la première fois en Chine pour en récolter les graines et les fibres. Selon des vestiges sumériens, il aurait été utilisé à des fins médicales dès 1 800 av. J.-C. pour traiter diverses maladies, dont les convulsions. Il existe également des exemples plus récents relatant l’usage du cannabis pour traiter l’épilepsie dans la documentation islamique.
Au XXe siècle, l’usage du cannabis est devenu illégal dans de nombreux pays en raison de ses propriétés psychoactives. Ainsi, la chimie du cannabis est restée inexplorée jusqu’en 1960.
Il a fallu attendre plus de 20 ans pour comprendre comment son principal cannabinoïde, le Δ-9-tétrahydrocannabinol, plus communément appelé THC, provoque ses effets bien connus, dont l’anxiété et l’euphorie extrêmes. Le THC serait également un analgésique (antidouleur), un relaxant musculaire et un anti-inflammatoire. Ces vertus confèrent au cannabis un potentiel médicinal très intéressant.
Cependant, le THC n’est pas idéal sur le plan thérapeutique en raison de ses effets « planants ». Heureusement, certains cannabinoïdes comme le cannabidiol (CBD) pourraient avoir les mêmes bienfaits que le THC, sans ses effets psychoactifs.
Jusqu’ici, la recherche menée sur le CBD est prometteuse. Mes collègues et moi avons récemment publié une étude qui pourrait expliquer son mode de fonctionnement. Nous avons constaté que le CBD freinait l’activité des canaux sodiques dans le cerveau, ce qui pourrait contribuer à diminuer le nombre de crises chez les personnes atteintes du syndrome de Dravet, une forme grave d’épilepsie infantile. Cette maladie provoque des convulsions fréquentes et incontrôlables, jusqu’à des centaines de fois par semaine dans les cas les plus graves.
La bonne nouvelle c’est que, en plus du THC et du CBD, le cannabis contient plus d’une centaine de cannabinoïdes et de composés connexes dont beaucoup pourraient s’avérer prometteurs dans le traitement de certaines maladies.
La mauvaise nouvelle, c’est que nous en savons encore moins sur ces cannabinoïdes que sur le THC et le CBD.
Si le cannabis recèle des bienfaits thérapeutiques susceptibles d’améliorer la qualité de vie de certains patients, pourquoi la recherche peine-t-elle donc à avancer?
Dans le passé, il fallait présenter une demande d’exemption à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances pour d’obtenir des cannabinoïdes aux fins de recherche, un processus qui pouvait prendre plusieurs mois. Le processus est encore plus compliqué si les cannabinoïdes proviennent de l’extérieur du Canada. Aujourd’hui, les chercheurs qui étudient le cannabis doivent soumettre une demande de licence en vertu du Système de suivi du cannabis et de demande de licences, un processus nécessitant lui aussi plusieurs mois.
Plus ça change, plus c’est pareil.
Pour preuve : après notre première demande, mes collègues et moi avons dû attendre dix mois pour obtenir 100 milligrammes de CBD.
La recherche sur le cannabis serait grandement facilitée par la simplification des procédures bureaucratiques nécessaires à l’obtention de cannabinoïdes. Ceci aurait pour effet de favoriser la découverte de composés susceptibles de prolonger et d’améliorer la vie des personnes atteintes de maladies graves ou mortelles.
Mohammad-Reza Ghovanloo est doctorant en physiologie biomédicale et kinésiologie à la faculté des sciences de l’Université Simon Fraser, et agrégé de recherche au service de biologie cellulaire et moléculaire à Xenon Pharmaceuticals. Il est également collaborateur pour le site EvidenceNetwork.ca, de l’Université de Winnipeg.
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
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