L’Examen du soutien fédéral aux sciences (aussi appelé « rapport Naylor »), commandé par la ministre des Sciences Kirsty Duncan, a été remis au gouvernement le 10 avril 2017. Ce rapport fait état, entre autres, d’un manque cruel de financement de la recherche fondamentale. Les chercheurs et les universitaires ont vivement salué les recommandations du rapport, en particulier l’augmentation du financement de la recherche fondamentale. Mais alors, pourquoi est-il si important de soutenir la recherche fondamentale?
Connaissances et innovation
La recherche dite appliquée étudie l’application pratique de la connaissance scientifique (mathématiques, biologie, physique, chimie, ingénierie et sciences sociales). Cette recherche correspond à un effort de conversion des connaissances scientifiques en technologie pour le bien de la société (ex : nouveaux médicaments, nouvelles sources d’énergie).
S’il est assez simple de comprendre le bénéfice de la recherche appliquée pour la société, il est plus difficile d’identifier l’impact que peut avoir la recherche fondamentale, autrement dit, les travaux menés sur les questions de base d’une discipline sans applications pratiques immédiates.
Mais alors, pourquoi soutenir la recherche fondamentale? Cela dépend de notre vision de la société à long terme. En effet, la recherche appliquée se nourrit des connaissances accumulées grâce à la recherche fondamentale. La recherche fondamentale est finalement la partie exploratoire de la recherche appliquée, elle est donc indispensable pour innover. Les deux types de recherche, fondamentale et appliquée, sont donc deux parties inextricables du même processus de création.
Une main d’œuvre qualifiée
Quand on parle de « financement de la recherche », cela concerne l’achat d’équipements de pointe mais aussi des salaires des étudiants et des jeunes chercheurs. Ce sont eux, entre autres, qui réalisent des découvertes sous la supervision scientifique de leur directeur. Réaliser des travaux de recherche requiert une méthodologie basée sur des données probantes. Une formation universitaire permet d’enseigner une méthodologie rigoureuse et des compétences qui seront utiles dans d’autres domaines que la recherche fondamentale.
En effet, tous ces jeunes chercheurs ne deviendront pas professeurs et tous n’auront pas de carrière académique linéaire, loin de là.
Mais alors pourquoi former plus de chercheurs que les universités et les instituts de recherche ne peuvent employer? Parce que la formation par la recherche scientifique crée une main-d’œuvre hautement qualifiée (méthodologie basée sur des faits, recherche d’information, collectes de données, communication et synthèse de données, etc.). La formation professionnelle par la recherche n’est donc pas uniquement bénéfique pour faire grandir la communauté de la recherche académique et privée. Elle forme également une relève qualifiée bénéfique au marché du travail canadien.
La recherche, un outil pour les politiciens?
La méthodologie scientifique consiste à établir une conclusion à partir de faits établis. La science et la recherche fondamentale permettent d’accumuler des données et des connaissances sur notre société et notre écosystème. La recherche scientifique prend donc le pouls du monde dans lequel nous évoluons.
Puisque le monde est en constante évolution, il est primordial d’adapter les politiques d’un pays en fonction de cette évolution, et ce, dans l’intérêt national. En ce sens, il faut que les gouvernements légifèrent en étant informés de l’évolution de la société.
En apportant des données précises et quantifiables, la recherche peut éclairer les décisions politiques pour mieux servir les citoyens. On peut aisément imaginer que le législateur se base sur des données recueillies par des biologistes pour limiter la pêche de certaines espèces animales menacées. Autre exemple, le vieillissement de la population quantifié par les chercheurs peut aider à améliorer les régimes de retraite. La science peut donc être un outil puissant pour les politiciens aussi bien pour ces conclusions que pour sa méthodologie.
Des valeurs d’égalité, de tolérance et de partage
Outre le bénéfice pour l’innovation, le marché du travail et la politique, quels sont les autres avantages d’une société qui donne de la valeur à la recherche et à la science?
Place à Yanick Villedieu et son bref éloge de la science. « La science qui nous ouvre les yeux sur la magnificence et la poésie de l’Univers nous confère plus d’humanité. Le savoir et l’imaginaire, qui s’alimentent l’un l’autre, c’est ce qui nous fait grandir. »
La science et la recherche ont un objectif global et sont vecteur de valeurs humanistes. Elles encouragent l’ouverture, la collaboration, le partage des connaissances et dénoncent le mensonge et le repli sur soi. Comme le souligne le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, « la science n’a pas de frontières ».
C’est d’ailleurs pour cela qu’on parle de la science comme d’un outil pour rapprocher les peuples ou de « diplomatie scientifique ». Alors que deux pays peuvent être dans une période de tension diplomatique, les chercheurs partagent un même langage, celui de la science. Contrairement aux diplomates qui ont chacun des objectifs d’intérêt national précis, les chercheurs ont un objectif commun qui est celui de la connaissance. La science, de part sa nature, véhicule donc des valeurs de tolérance.
En effet, quoi de plus parlant que la poignée de mains entre Thomas Stafford, astronaute américain, et Alexeï Leonov, cosmonaute soviétique, quand le vaisseau américain Apollo et le vaisseau russe Soyouz se rencontrent dans l’espace en 1975. Cette poignée de mains fut hautement symbolique puisqu’au même moment les États-Unis et l’URSS étaient encore en pleine guerre froide.
La recherche fondamentale est donc à la fois un moteur clé de l’innovation, une formation de pointe pour les futurs cadres, tous secteur confondus, et un outil politique et humaniste qui véhicule des valeurs chères aux canadiens comme la diversité, la tolérance et le partage.
Tina Gruosso est chercheuse postdoctorale à l’Université de McGill et vice-présidente de l’OSBL Science & Policy Exchange qui a lancé la campagne #Students4thereport en soutien à la recherche fondamentale et à l’examen du soutien fédéral aux sciences.
La matière n’est formée que d’énergie, cela signifie bien évidemment que le corps humain dans son ensemble n’est aussi constitué que d’énergie ! Alors, comment est-il possible de nier cet aspect fondamental de l’être humain pour ne s’intéresser qu’à son aspect chimique comme le fait la médecine conventionnelle ?