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La face cachée de l’enseignement à distance

Les connexions Internet qui battent de l’aile et les problèmes de micro ne sont pas les seules préoccupations de la communauté universitaire.

par ÉMILE BÉRUBÉ-LUPIEN | 04 FEV 21

Pour de nombreux étudiants et professeurs, les cours en ligne sont loin d’être parfaits. Si l’activation de leur caméra dérange certains, d’autres, dont le français n’est pas la langue maternelle ou étudiant dans un milieu où les francophones sont minoritaires, ressentent de l’insécurité linguistique. Cinq professeures d’universités situées aux quatre coins du Canada en ont discuté dans le cadre d’une table ronde organisée par le Réseau de recherche sur la francophonie canadienne.

« Pour moi, le défi d’être une enseignante dans ces conditions, c’est un défi technologique et humain », déclare d’entrée de jeu Laurence Arrighi. La professeure au Département d’études françaises de l’Université de Moncton juge que cette situation est difficile à vivre pour ses étudiants également puisqu’ils ne peuvent plus se retrouver pour échanger et ressentent de l’isolement. De devoir enseigner à des étudiants dispersés et éloignés les uns des autres au lieu de travailler avec une classe n’est pas une mince affaire.

L’enseignante explique que la dimension non verbale d’une classe lui manque aussi, alors qu’il est difficile pour elle de mesurer l’intérêt de ses étudiants si elle ne les voit qu’à travers l’écran.

Peu séduisants, les écrans noirs

De manière générale, les professeures étaient d’accord sur l’enjeu que représente l’utilisation de la caméra chez les étudiants lors des cours en ligne. En effet, plusieurs optent pour désactiver leur caméra, que ce soit pour protéger leur vie privée, par gêne ou par désintérêt. Pour les enseignantes, donner un cours virtuel devant des rangées de carrés noirs peut s’avérer démotivant.

Professeure à la Faculté des arts de l’Université d’Ottawa, Jade Boivin soulève toutefois que d’accéder à l’environnement des étudiants via leurs caméras peut être problématique pour certains. « L’enseignement à distance, surtout dans sa forme actuelle, accentue les inégalités sociales entre les étudiants. Quand on allume la caméra, on peut voir les différences de classe sociale », avance-t-elle.

Place à l’insécurité linguistique

L’un des principaux impacts de l’enseignement à distance pour les étudiants en situation minoritaire serait l’insécurité linguistique qui tend à se développer, selon les panélistes. « Certains ont perdu leurs repères », indique Mme Boivin. La professeure déplore également que ceux qui utilisaient certains services offerts par l’université pour améliorer leur français n’ont plus accès à ces ressources, ce qui ralentit leur apprentissage.

Diane Gérin-Lajoie, qui enseigne à l’Université de Toronto, note qu’il est possible que des étudiants n’ayant pas parlé français depuis longtemps ressentent de l’insécurité. Pour chasser ce malaise, elle tente de former de petits groupes de discussion, visant ainsi à rendre les plus gênés davantage à l’aise de parler devant toute leur classe.

La professeure Johanne Jean-Pierre de l’Université Ryerson à Toronto relève que les étudiants en situation de handicap peuvent aussi être réticents à l’idée d’intervenir pendant leurs cours virtuels, surtout lorsque ceux-ci sont enregistrés. L’enseignement à distance sourit toutefois à ceux souffrant d’un handicap physique, puisqu’ils n’ont pas à se déplacer jusqu’à l’université.

Les universitaires s’entendent sur le fait que si les cours en ligne sont perçus comme une belle façon de conserver le contact avec leurs étudiants, ils ne sont pas pour autant sans défis et peuvent encore être peaufinés.

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