Le dilemme de la notation au temps de la COVID-19

Alors que la pandémie actuelle chamboule la fin des sessions universitaires, la majorité des établissements du Québec offrent aux étudiants de choisir entre une note littérale ou une mention succès/échec (S/E).

16 avril 2020

La pandémie de Covid-19 bouleverse les évaluations au sein des universités. Au Québec, la majorité des établissements offrent aux étudiants de choisir entre une note littérale ou une mention succès/échec (S/E). La mention S permet d’obtenir les crédits, sans compter dans le calcul de la moyenne cumulative.

C’est l’option retenue par l’Université de Sherbrooke. Les étudiants pourront par ailleurs transformer un échec en abandon (AB). « Chez nous, un échec a une valeur numérique de zéro et affecterait très lourdement la moyenne cumulative, explique Christine Hudon, vice-rectrice aux études. Nous ne voulons pas pénaliser les étudiants pour une situation hors de leur contrôle. »

La décision de privilégier un choix individuel, plutôt que d’imposer la mention S/E à tous les étudiants, repose sur la volonté de protéger ceux qui arriveront malgré tout à décrocher une bonne note à leur cours.

Rassurer les étudiants

L’Université Bishop’s, l’Université McGill, l’Université de Montréal, l’Université Laval, l’Université du Québec à Montréal, l’Université du Québec à Trois-Rivières et l’Université Concordia ont adopté une approche similaire. Dans plusieurs cas, les mentions « Échec » seront ensuite converties en abandon. Ainsi, les étudiants n’obtiendront pas les crédits, mais le résultat n’affectera pas la moyenne cumulative.

« Comme tout le monde, les étudiants vivent une situation stressante avec le confinement et le déferlement de nouvelles inquiétantes au sujet de la pandémie, souligne Anne Whitelaw, vice-rectrice exécutive aux affaires académiques par intérim de Concordia. Nous voulions les rassurer au moins sur le fait que leur moyenne cumulative ne souffrirait pas d’un mauvais résultat à un ou plusieurs cours, tout en permettant à ceux qui le souhaitent de conserver leurs notes. »

À Concordia comme ailleurs, certains cours ne sont toutefois pas admissibles à la mention S/E. C’est notamment le cas des cours gérés par un ordre professionnel ou de ceux dont la note sert de critère de sélection à un autre cours d’un niveau plus élevé.

Montrer de la flexibilité

Quelques établissements québécois ont opté pour des formules différentes. L’Université du Québec en Outaouais a jugé la session suffisamment avancée pour évaluer les étudiants. Ces derniers recevront une mention S/E ou X (abandon autorisé) en fonction des travaux et examens réalisés avant le 13 mars. L’Université du Québec à Rimouski a fait le même choix, en date du 14 mars. Les cours peuvent tout de même s’y poursuivre à distance, même si les évaluations sont terminées. Des modalités différentes ont été prises pour les cours où aucune évaluation n’avait encore été réalisée.

À l’Université du Québec à Chicoutimi et à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), la décision d’opter pour la mention S/E revient plutôt au professeur ou chargé de cours et devra s’appliquer à tous les étudiants du cours. À l’UQAT, l’approbation préalable du doyen à la gestion académique et aux études est nécessaire pour modifier le type de notation.

Consultée par la direction sur le sujet, la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM) tenait à ce que leurs membres puissent choisir entre une mention S/E ou une note littérale. Elle souhaitait aussi que les étudiants puissent prendre cette décision après avoir pris connaissance de la note qu’ils auraient dans leur cours. C’est exactement la procédure adoptée par l’administration de l’UdeM.

« Cette flexibilité permet de mieux répondre aux besoins des étudiants, dont certains vivent des situations plus difficiles que d’autres », précise la secrétaire générale de la FAÉCUM Sandrine Desforges. Elle donne l’exemple de ceux qui ont des enfants à la maison et de ceux qui n’ont pas accès aux outils technologiques ou à une connexion Internet de qualité suffisante pour suivre des cours en ligne.

Michel Lacroix, président du Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM (SPUQ), rappelle de son côté que l’utilisation de la mention S/E n’est pas habituelle dans cet établissement. Cette mesure ne faisait donc pas partie des options envisagées au départ. Cependant, les étudiants ont donné de la voix pour réclamer cette option et l’administration l’a rapidement adoptée.

M. Lacroix estime qu’il s’agit d’une mesure raisonnable. « Aucune approche n’est idéale actuellement, donc il faut choisir celles qui permettent d’atteindre les objectifs pédagogiques fondamentaux et de soutenir les étudiants, notamment les plus vulnérables », conclut-il.

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