Le milieu universitaire intensifie son rôle en cybersécurité
Les universités forment étudiants et travailleurs, soutiennent l’industrie et protègent les infrastructures nationales essentielles.
Les universités canadiennes viennent grossir les rangs des combattants du cybercrime à l’échelle mondiale. En juin seulement, trois d’entre elles (l’Université Ryerson, l’Université du Nouveau-Brunswick et l’Université de Waterloo) ont annoncé des initiatives pour renforcer les capacités nationales en cybersécurité.
Le cybercrime est un problème sérieux et grandissant qui touche tous les Canadiens. Selon le Sondage sur la cybersécurité 2018 de l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, 40 pour cent des entreprises ont été victimes d’une cyberattaque au cours des 12 mois ayant précédé le sondage.
Celui-ci démontre aussi que les répondants étaient mal préparés : 37 pour cent des entreprises n’utilisent pas d’antimaliciel, et seulement 54 pour cent des petites entreprises offrent de la formation sur la cybersécurité aux employés. Comme l’indique le 2019 Annual Cybercrime Report, d’ici 2021, les conséquences du cybercrime se chiffreront à six billions de dollars américains à l’échelle mondiale, notamment en raison des données endommagées, de la perte de productivité et du vol de propriété intellectuelle.
Tout problème amène néanmoins des possibilités. L’industrie mondiale de la cybersécurité croît rapidement. Certains analystes estiment que sa valeur atteindra 300 milliards de dollars d’ici 2024. Pour les universités, une expertise dans le domaine ouvre la porte aux partenariats avec l’industrie, à la commercialisation de nouveaux produits et services, et à la création d’entreprises dérivées. Le milieu universitaire peut aussi faire sa marque dans un secteur où les besoins de main-d’oeuvre sont immenses. En effet, Deloitte estime à 8 000 le nombre de postes à pourvoir dans ce domaine au Canada entre 2016 et 2021.
« La cybersécurité est souvent présentée comme un défi ou une menace. C’est effectivement une perspective importante. Toutefois, c’est un des secteurs qui connaissent la croissance la plus rapide au monde, affirme Charles Finlay, directeur du nouveau centre Cybersecurity
Catalyst de Rogers à l’Université Ryerson. Les écosystèmes de cybersécurité efficaces reposent souvent sur une collaboration étroite entre le gouvernement, l’industrie et le milieu universitaire – c’est le modèle que nous voulons reproduire. »
L’Université Ryerson a créé Catalyst, une société à but non lucratif, grâce à un financement de 30 millions de dollars du gouvernement fédéral, de Rogers Communications, de la Banque Royale du Canada et de la Ville de Brampton, en Ontario. Le centre devrait ouvrir ses portes à Brampton en novembre.
Ses principaux objectifs comprendront la formation en cybersécurité, qui sera offerte aux professionnels des secteurs public et privé au moyen de programmes spécialisés pour les groupes sous-représentés, comme les femmes, les nouveaux arrivants au Canada et les travailleurs licenciés pour des raisons économiques. Le centre doit aussi créer un accélérateur technologique pour les entreprises de cybersécurité et faciliter les partenariats en recherche-développement (R-D) appliquée grâce à l’expertise des professeurs de l’Université Ryerson, dont ceux de la Ted Rogers School of Management et de son laboratoire de recherche sur la cybersécurité. De plus, le centre diffusera les pratiques exemplaires en cybersécurité.
« Les petits entreprises comme le cabinet de dentiste de Timmins, en Ontario, qui compte trois employés et qui n’a pas de service des technologies de l’information (TI) ni tellement de ressources, ont accès à trop peu d’information. Comment les aider? », demande M. Finlay.
Le soutien actif du gouvernement fédéral explique aussi l’engagement du milieu universitaire. En 2018, le gouvernement fédéral a lancé la Stratégie nationale de cybersécurité, qui favorise la préparation, l’innovation et le renforcement des compétences grâce à un investissement de 500 millions de dollars sur cinq ans. Dans son budget de 2019, il a réservé 80 millions de dollars à la création de réseaux nationaux sur la cybersécurité affiliés aux établissements postsecondaires, afin d’accroître les partenariats de R-D entre les universités et le secteur privé et d’élargir le bassin canadien de talents.
Les fonds accordés à ces réseaux n’ont pas encore été versés. Toutefois, le Conseil national de recherches Canada (CNRC) a déjà pris contact avec les universités, à commencer par deux de ses partenaires de recherche de longue date : l’Université du Nouveau-Brunswick et l’Université de Waterloo. L’Institut canadien sur la cybersécurité (ICC) de l’Université du Nouveau-Brunswick, qui rassemble des membres de diverses disciplines, aide les organismes publics et privés à relever leurs défis en cybersécurité. Le nouveau Consortium de collaboration en cybersécurité ICC-CNRC protégera les infrastructures de données essentielles au Canada en s’appuyant sur les travaux de recherche de l’Université du Nouveau-Brunswick.
« Nous voulons contribuer à trouver des solutions pratiques aux problèmes du Canada, créer des débouchés pour les entreprises canadiennes et combler les lacunes sur le marché de l’emploi », indique Ali Ghorbani, directeur de l’ICC et titulaire de la chaire de recherche du Canada en cybersécurité. Installé dans les locaux du CNRC sur le campus de l’Université du Nouveau-Brunswick à Fredericton, le Consortium réunit 50 chercheurs des deux organisations et des étudiants.
Pour sa part, l’Université de Waterloo fait partie du groupe nommé Collaboration CNRC-Waterloo sur l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et la cybersécurité. Les chercheurs des deux établissements, y compris du Cybersecurity and Privacy Institute de l’Université de Waterloo, travaillent à divers projets, dont un vise à rendre la chaîne de blocs (technologie qui enregistre et vérifie les transactions en ligne entre deux parties) plus efficace et moins vulnérable aux attaques d’ordinateurs quantiques.
Les chercheurs postdoctoraux et les étudiants à la maîtrise et au doctorat pourront contribuer aux travaux de ces deux réseaux. « Former les étudiants est un de nos objectifs clés. Le CNRC et l’Université de Waterloo possèdent un savoir-faire différent dans divers domaines. L’expérience sera donc très enrichissante pour les étudiants », affirme Charmaine Dean, vice-rectrice à la recherche à l’Université de Waterloo.
En plus de ces trois initiatives d’envergure, la cybersécurité devient aussi un sujet d’intérêt pour de nombreuses autres universités canadiennes. Polytechnique Montréal offre un baccalauréat en cybersécurité depuis 2017. Par ailleurs, la School of Continuing Studies de l’Université York a récemment conclu un partenariat avec l’Université Mount Royal pour offrir deux programmes de certificat aux gestionnaires et chefs de projet en TI, et cet automne, l’Université de Guelph lance une maîtrise en cybersécurité et renseignement sur les menaces informatiques.
De plus, les universités Carleton et Concordia ont annoncé en juillet l’ouverture du Centre de cyberfusion en libre accès, qui travaillera à rendre la sécurité numérique plus abordable pour les petites entreprises. Ce projet bénéficie d’une subvention de 560 000 dollars de l’Initiative de R-D en cybersécurité, un programme de trois millions de dollars financé par les Centres d’excellence de l’Ontario, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et PROMPT, une organisation à but non lucratif en technologie de l’information et des communications.
« Le cybercrime et le cyberespionnage préoccupent la plupart des gouvernements, et les menaces s’intensifient chaque jour, souligne Mme Dean. Le milieu universitaire possède l’expertise nécessaire pour mettre au point des stratégies efficaces en ce sens. »
Postes vedettes
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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