« Peuples autochtones 101 » : l’UQAT outille le grand public

L’histoires et les réalités des 11 nations autochtones au Québec sont au cœur d’une nouvelle formation de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.

10 novembre 2022

S‘inspirant de l’anicinapemowin, la langue de la nation Anishinabeg, la nouvelle formation Peuples autochtones 101 : Nita kikenimicinam lancée par l’Université du Québec en Abitibi-Témiscaminque (UQAT) invite le grand public à « apprends à nous connaître ». D’une durée de sept heure et offerte en ligne, cette formation incite les participant.e.s à réfléchir sur leurs propres perceptions et à prendre des actions favorisant le mieux-vivre ensemble.

Lorsque ce projet a pris forme il y a deux ans, Janet Mark était coordonnatrice des dossiers autochtones du service de la formation continue de l’établissement. « La méconnaissance des réalités autochtones faisait partie des grands constats de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec », se souvient celle qui est maintenant conseillère stratégique à la réconciliation et à l’éducation autochtone à l’UQAT.

L’équipe dédiée aux questions autochtones de l’UQAT a donc mis en place un groupe de travail consultatif composé de personnes issues de différentes nations autochtones du Québec pour monter une formation destinée au grand public. « D’emblée, nous nous sommes posés comme question : “En sept heures, quels sont les musts que tout le monde au Québec devrait savoir?” On voulait que ça couvre la base », indique Julie-Anne Bérubé, chargée de projet et formatrice aux dossiers autochtones du service de la formation continue de l’UQAT.

Apprendre à son rythme

La formation Peuples autochtones 101 : Nita kikenimicinam est uniquement offerte en ligne et en français. Les personnes inscrites suivent les modules au moment et dans l’ordre qui leur conviennent sur une période de 90 jours. L’UQAT a opté pour cette formule à la suite de l’expérience qu’elle avait acquise avec la formation Piwaseha – Cultures et réalités autochtones qu’elle offre déjà depuis 2010.

« Il y a un grand engouement qui s’est développé pour les questions autochtones au cours des dernières années et on n’arrivait plus à répondre à la demande, constate Mme Bérubé. Aussi, plusieurs organisations nous disaient qu’elles avaient de la difficulté à libérer des membres de leur personnel pour des journées entières. »

Un cours asynchrone permettait donc de nouvelles approches, notamment de donner la parole à une trentaine d’intervenant.e.s de toutes les nations autochtones du Québec pour aborder des thématiques comme l’histoire, la langue et les enjeux contemporains. « Dans chaque module, il y a des questions de réflexion ou de compréhension. On souhaitait que les gens repartent avec des pistes d’action. Ça se termine d’ailleurs par un segment appelé « portager ensemble », une table ronde où on parle de réconciliation et de décolonisation », précise Mme Bérubé.

Derrière l’écran

En octobre dernier, une vingtaine de personnes étaient inscrites et près d’une trentaine d’employé.e.s de l’UQAT l’avait commencée. Voulant prêcher par l’exemple, l’Université offre la formation gratuitement à son personnel et compte la rendre obligatoire sous peu. Julie Gendron, qui y travaille comme archiviste, a profité de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation le 30 septembre pour suivre les modules. « J’ai travaillé plusieurs années pour les centres jeunesse. J’avais déjà lu beaucoup sur les familles autochtones, mais c’était toujours sur des problématiques et je ne voyais jamais le beau côté. J’ai aussi un baccalauréat en histoire. Je pensais que j’en savais déjà beaucoup, mais la formation a été une belle prise de conscience », témoigne-t-elle.

Pour sa part, Denis Audette, biologiste, a travaillé auprès de différents ministères du gouvernement du Québec au cours des 35 dernières années et enseigne le cours Enjeux environnementaux du nord québécois à l’Université de Sherbrooke. Dans le passé, il a déjà suivi une formation sur les réalités autochtones avec l’anthropologue renommé Serge Bouchard. Malgré toutes ses expériences, il estime que les notions nouvellement acquises contribueront à améliorer ses relations avec les communautés autochtones qu’il côtoie dans le cadre de ses fonctions. « La formation va au-delà de l’aspect historique. Ce que j’ai surtout aimé, ce sont les enjeux contemporains », précise-t-il.

« Ce n’est pas une fin »

« Ce qui va rester aux gens, ce sont de belles découvertes qui les auront touchées émotionnellement », croit Mme Bérubé. En revanche, l’UQAT et son comité consultatif espèrent une chose : que les participant.e.s poursuivent leur apprentissage une fois la formation terminée. « En finissant la formation, il ne faut pas que les gens pensent tout connaître. Au contraire! Notre souhait c’est que la formation soit un tremplin vers autre chose », souligne la formatrice.

À cet effet, une liste de contenus complémentaires (livres, documentaires, balados…) est proposée aux participant.e.s qui voudraient prolonger leur expérience. Autrement, l’UQAT offre aussi d’autres formations plus spécialisées sur les questions autochtones pour le secteur de la santé et des services sociaux ou pour le personnel en milieu scolaire.

This site is registered on wpml.org as a development site. Switch to a production site key to remove this banner.