Réaliser de faux documentaires pour de vraies retombées académiques

Des étudiants de l’UQAT mettent leurs connaissances en application et remportent les honneurs lors du plus récent Festival DocuMenteur.

24 mai 2019

Le titre fait sourire, il est même devenu un genre de cinéma à lui tout seul. Les documenteurs, faux documentaires créés selon les codes des vrais, ont leur festival en Abitibi-Témiscamingue. Depuis trois ans, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) incite ses étudiants inscrits à la maîtrise en création numérique à y concourir. Les participants n’ont que 72 heures pour concevoir et réaliser un faux documentaire dans la région. Cette année et pour la première fois, l’équipe représentant l’UQAT a remporté les prix du public et du jury; une vitrine prometteuse pour ces futurs diplômés qui envisagent désormais de nouvelles perspectives professionnelles.

Tiffany Vicogne, Amélie Godart et Valentin Bisschop se présentent sous le pseudonyme des
« Tri Potes ». Tous trois viennent de France. Ils ont étudié à la même université en cinéma et techniques audio-visuelles. Ils se sont d’abord inscrits en première année de maîtrise à l’UQAT dans le cadre d’un échange universitaire, puis ont décidé de rester une année de plus pour compléter leur maîtrise au Canada.

Les « Tri Potes ».

Mme Godart évoque les nombreuses raisons qui les ont poussés à se lancer dans la réalisation d’un court-métrage en 72 heures : « On voulait renouer avec le cinéma, avec l’esprit d’un tournage, explique la candidate à la maîtrise. C’est un aspect que nous avions laissé de côté pendant nos études ici, plus diversifiées. On avait aussi envie de vivre tout ce qu’on avait à vivre à Rouyn-Noranda avant de rentrer en France. »

Derrière l’apparente futilité d’un genre cinématographique consacré à la manipulation et aux petits arrangements avec l’authenticité se cache une plateforme unique pour s’exprimer. Leur faux-documentaire intitulé L’erreur est humaine met en scène un (faux) climato-sceptique, fervent défenseur de la surconsommation, qui prend un malin plaisir à disperser ses déchets dans la rue et éduque sa fille à en faire autant. Leur film est décalé et joyeusement excessif, à contre-courant de la défense de l’environnement, qui vise évidemment à la renforcer par le contre-exemple.

« L’idée est partie de notre désir de créer un film drôle, engagé et sensibilisant. Nous avons choisi un thème qui nous préoccupait tous les trois. C’était aussi une bonne occasion de faire passer le message de façon plus légère », précise Mme Godart.

Avec l’aide de facilitateurs et de mentors sur place, l’équipe est amenée à tout faire elle-même : le scénario, la direction d’acteurs, les prises de vue et de son, le montage, l’étalonnage et le mixage.

« Cela fait six ans que nous sommes aux études, rappelle-t-elle. Ce festival nous offrait un cadre idéal pour transformer nos connaissances en expérience. Pour arriver à produire un court-métrage en 72 heures, on réalise aussi que nous ne sommes pas aussi débutants que nous le pensions. »

Leur professeur Louis-Paul Willis, également directeur de la maîtrise et président du festival cette année, considère que ce partenariat est « mutuellement avantageux » pour l’UQAT et le Festival du DocuMenteur de l’Abitibi-Témiscamingue. « C’est une excellente occasion de faire rayonner le talent de l’UQAT et le festival remplit ainsi sa mission de servir de tremplin pour la relève cinématographique. »

Il arrive aussi que les documenteurs de ses élèves séduisent d’autres festivals, se réjouit-il.
« C’est un excellent ajout à leur portfolio. »

Dans le cas des « Tri Potes », l’expérience à l’UQAT leur a ouvert de nouveaux horizons professionnels : ils envisagent tous trois de rester travailler au Québec, plutôt en cinéma, précisent-ils, et espèrent obtenir plus facilement leur permis de travail pour l’année prochaine. Quant aux récompenses financières des deux prix – 1 000 dollars chaque – elles serviront notamment à agrémenter un été en France pour des vacances bien méritées.

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