Un pont entre le Nord et le Sud
Plus récent établissement membre d’Universités Canada, l’Université du Yukon dessert les communautés des Premières Nations et lève le voile sur le Nord.

Située à Whitehorse, l’Université du Yukon dispose de treize campus à travers le territoire, comptant environ 1 300 étudiantes et étudiants et 741 employées et employés, dont 97 membres du corps professoral. Affaires universitaires s’est récemment entretenu avec sa rectrice et vice-chancelière, Lesley Brown, à propos des façons dont la seule université du nord du Canada répond aux besoins particuliers des collectivités nordiques.
Affaires universitaires (AU) : En octobre 2024, l’Université du Yukon est devenue le 97e établissement membre d’Universités Canada (éditrice d’AU). Que représente cette étape pour vous?
Lesley Brown : C’est très significatif. De façon très concrète, cela vient officialiser notre transition d’un collège à une université. Nous avions le statut de collège depuis 30 ans, et nous avons reçu l’autorisation légale de devenir une université en 2020, donc cette adhésion vient boucler la boucle. C’est aussi un véritable atout parce que notre université est présentement la seule du Nord et, en étant membre d’Universités Canada, nous pouvons maintenant faire connaître les particularités de notre coin de pays aux autres universités canadiennes. Au Yukon, nous avons notre propre manière d’opérer, et nous avons hâte d’en parler à l’échelle nationale, parce que nos perspectives peuvent enrichir les échanges avec la population et le gouvernement fédéral. Il sera intéressant d’injecter une touche nordique à la conversation. Ce qui est aussi fantastique, c’est que le réseau d’Universités Canada ouvre de nouvelles portes à nos apprenantes et apprenants.
AU : Comment l’Université du Yukon incarne-t-elle sa mission de répondre aux besoins particuliers des collectivités nordiques?
Lesley Brown : L’Université du Yukon est née du rêve de chefs des Premières Nations datant d’il y a plus de 50 ans. En 1973, ces personnes se sont rendues à Ottawa pour rencontrer Pierre Elliott Trudeau et lui présenter leurs attentes, notamment celle d’avoir une université sur le territoire. Les chefs ne voulaient pas que leurs enfants aient à s’expatrier pour étudier à l’université. En devenant une université, nous réalisons donc le rêve que ces chefs des Premières Nations ont évoqué il y a plus de 50 ans. Aujourd’hui, ce rêve et cette vision guident toujours l’ensemble de nos actions et de notre travail; nous avons toujours à cœur de répondre aux ambitions, aux engagements et aux besoins des apprenantes et apprenants des Premières Nations.
AU : Quelles sont certaines des difficultés et des possibilités propres à l’Université du Yukon, et comment espérez-vous les aborder maintenant que vous êtes membre d’Universités Canada?
Lesley Brown : Nous sommes la première université au nord du 60e parallèle, et, au Yukon, nous opérons selon un modèle de gouvernance collaboratif. Il y a quatorze Premières Nations, et onze d’entre elles sont autonomes. Dans notre établissement, nous en faisons donc vraiment une priorité, et nous sommes fiers de notre capacité à encourager l’autonomie des gouvernements des Premières Nations du Yukon, et celle de sa population. De ce côté, nous croyons pouvoir offrir de précieux apprentissages au reste du pays, ce qui, je crois, nous aidera dans notre cheminement commun vers la réconciliation.
Nous sommes au service de tout le territoire et nous nous engageons à donner la chance aux gens d’apprendre de leur chez-soi, dans leur collectivité. C’est pourquoi nous avons treize campus, répartis un peu partout sur le territoire du Yukon. Nous essayons différents modèles. Le premier est bien entendu celui de l’apprentissage à distance, où les apprenantes et apprenants participent en ligne ou en personne aux cours offerts à notre campus de Whitehorse, mais nous réfléchissons aussi à d’autres possibilités et à d’autres modalités, comme de demander aux membres du corps professoral de se déplacer vers les différentes collectivités, ou bien de se rattacher de façon permanente aux différents campus. Nous sommes très fiers de nos campus d’apprentissage, parce que notre priorité est de proposer une offre qui répond aux besoins des apprenantes et apprenants de toutes les régions. Nous parlons ici de programmes de baccalauréat, mais aussi de l’apprentissage de métiers spécialisés. Je suis vraiment fière du fait que nous offrons des formations hors les murs, dans les collectivités. Nous avons un grand camion 18-roues qui sert d’école ambulante, avec les outils nécessaires pour enseigner la soudure, l’électricité, la menuiserie, tout ça, sur place.
AU : Que diriez-vous aux étudiantes et étudiants internationaux? Pourquoi s’inscrire à l’Université du Yukon?
Lesley Brown : Il y a une grande pluralité de cultures dans notre milieu, surtout sur le campus principal à Whitehorse, la plus grande ville du territoire. Une grande partie de notre population étudiante vient de l’étranger. Elle représente actuellement 15 % de nos étudiantes et étudiants, soit un taux moindre que nos 27 % d’étudiantes et étudiants autochtones. Je dirais aux étudiantes et étudiants d’ailleurs qui s’intéressent à l’Université du Yukon que Whitehorse et le Yukon les accueilleront certainement.
AU : Le secteur universitaire vit beaucoup de difficultés partout au pays, notamment la baisse du nombre d’inscriptions. Quelles stratégies envisagez-vous pour faire augmenter votre population étudiante?
Lesley Brown : Nous avons la chance d’être dans la région canadienne à la plus forte croissance. Au total, 27 % de notre population étudiante est autochtone, contre 25 % pour la population du territoire. Les apprenantes et apprenants autochtones forment le groupe démographique qui affiche la plus grande croissance au Canada. Nous espérons donc que cela se transposera à l’Université du Yukon. Nous avons beaucoup travaillé sur ce dossier dans la dernière année, et nous nous sommes engagés à augmenter les inscriptions de 20 % d’ici 2030. Parmi nos stratégies pour y arriver, notons la diversification de notre offre par l’ajout de nouveaux programmes de baccalauréat, pour rendre notre établissement plus intéressant aux yeux des personnes qui pensent faire des études postsecondaires. Nous élaborons un nouvel ensemble de programmes. Nous en avons déjà lancé deux, et nous aimerions en ajouter cinq au cours des cinq prochaines années : en soins infirmiers, en travail social, en science de l’environnement nordique, et en arts libéraux. Nous espérons que les étudiantes et étudiants du Yukon, mais aussi celles et ceux qui viennent de l’extérieur du territoire, viendront étudier à notre université. Notre désir, c’est d’abord et avant tout que les personnes qui obtiennent un diplôme de l’Université du Yukon, qu’il s’agisse d’un baccalauréat, d’un diplôme ou d’une formation d’apprenti ou en métiers spécialisés, aient l’occasion non seulement de participer à l’économie locale et de la développer, mais aussi de s’impliquer auprès des gouvernements des Premières Nations et de les soutenir.
Postes vedettes
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (autochtone, programme anglophone)Université d'Ottawa
- Architecture - Professeur adjoint / professeure adjointeUniversité McGill
- Médecine - Professeure adjointe / agrégée ou professeur adjoint / agrégé (génétique humaine, génomique, droit et politiques)Université McGill
- Génie - Professeure ou professeur (systèmes intelligents et systèmes cyberphysiques)Université Laval
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (didactique de l’activité physique et sportive, santé et bien-être - poste francophone)Université d'Ottawa
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