La fonction publique se tourne vers les étudiants aux cycles supérieurs

« Nous sommes à la recherche de gens qui ont reçu des distinctions et pourraient nous apporter une expérience stratégique pertinente », affirme Patrick Borbey.

13 octobre 2017

Le 3 avril, Patrick Borbey a été nommé président de la Commission de la fonction publique du Canada. Il était auparavant sous-ministre délégué à Patrimoine canadien. En acceptant son nouveau poste, il a parlé avec enthousiasme de la possibilité de mener une carrière prospère et intéressante dans la fonction publique, en particulier pour les groupes sous-représentés. Jennifer Polk, blogueuse pour Affaires universitaires, s’est récemment entretenue avec M. Borbey au sujet de ce que la Commission de la fonction publique avait à offrir aux étudiants qui terminent leurs études postsecondaires.

Affaires universitaires (AU) : Quels types de postes s’offrent aux diplômés qui ont récemment obtenu leur maîtrise ou leur doctorat?

Patrick Borbey : Ils sont très variés. La fonction publique [fédérale] est le principal employeur au Canada. La fonction publique centrale compte plus de 200 000 employés, sans compter ceux qui relèvent d’employeurs distincts, comme Parcs Canada et l’Agence du revenu du Canada. On parle donc probablement de 260 000 à 270 000 emplois. Les possibilités sont très nombreuses.

AU : Quels programmes de recrutement s’adressent précisément aux titulaires d’une maîtrise ou d’un doctorat?

M. Borbey : Nous avons un programme très spécialisé [pour les étudiants aux cycles supérieurs] appelé Recrutement de leaders en politiques (RLP). Nous tentons d’attirer les étudiants aux cycles supérieurs les plus talentueux, en particulier les titulaires d’une maîtrise, d’un doctorat ou d’un grade en droit. Nous sommes à la recherche de gens qui ont été récompensés par des distinctions et pourraient nous apporter une expérience stratégique pertinente. Comme ils ne sont habituellement pas de récents diplômés, ils ont beaucoup d’expérience, acquise notamment en faisant du bénévolat.

Nous recevons chaque année de 1 500 à 2 000 candidatures pour ce programme, et nous en retenons entre 20 et 50. De 30 à 40 pour cent des personnes choisies finissent par obtenir un emploi dans la fonction publique. Différents ministères proposent aussi d’autres programmes pour trouver des chercheurs scientifiques de la nouvelle génération.

AU : Je crois comprendre que la fonction publique tente de recruter des membres des groupes sous-représentés.

M. Borbey : La fonction publique fédérale reconnaît l’importance de compter sur une main-d’œuvre représentative de la diversité canadienne et veille à ce que ses emplois soient accessibles à tous les Canadiens. Nous apportons des changements à nos processus de recrutement pour aider les personnes qui souhaitent se joindre à la fonction publique, y compris les membres des groupes visés par l’équité en matière d’emploi [Autochtones, femmes, minorités visibles, personnes handicapées]. À titre d’exemple, nous avons mis sur pied un répertoire de plus de 600 candidats autochtones. Plus de 170 d’entre eux étaient titulaires d’une maîtrise ou d’un doctorat.

AU : Selon vous, quel aspect du travail à la fonction publique étonnerait les étudiants aux cycles supérieurs

M. Borbey : Dans le cadre de mes anciennes fonctions, j’ai rencontré des étudiants aux cycles supérieurs à l’École d’art et de design de l’Ontario qui ont été impressionnés par la diversité des affectations et des postes offerts au gouvernement fédéral. Nous n’en parlons pas assez. Au fil de ma carrière, j’ai travaillé dans 15 organisations différentes. [Nos recrues] n’ont pas à se restreindre à un seul service, emploi ou ministère.

AU : Certaines personnes de mon entourage affirment parfois avoir l’impression que leur éducation n’est pas valorisée. Je sais qu’il s’agit d’une question d’ordre général, mais, à votre avis, quelle valeur la fonction publique accorde-t-elle à un doctorat ou à une maîtrise?

M. Borbey : Tout dépend de la situation. Dans certains cas, un diplôme vous donnera accès à l’emploi, mais vous devrez quand même faire vos preuves [et acquérir de nouvelles compétences]. Les jeunes de la génération Y veulent être reconnus, se sentir utiles et continuer à apprendre [sur le marché du travail]. Ils n’aiment pas la bureaucratie excessive, les outils dépassés et les milieux où on leur met des bâtons dans les roues. Ils veulent savoir qu’une carrière peut leur offrir différentes possibilités. Je crois que le gouvernement fédéral peut, avec quelques ajustements, répondre à beaucoup de ces exigences. Nous pouvons donner l’occasion à nos recrues d’interagir directement avec les membres de la direction et d’avoir une incidence directe sur des équipes à différents niveaux.

AU : À votre avis, quels types de compétences ou d’expériences générales les nouveaux diplômés devraient-ils renforcer avant ou après leur embauche?

M. Borbey : Je pense à la gestion de projet, de même qu’aux compétences en rédaction et en communication [qui sont essentielles]. Écrire une note d’information efficace, en deux pages et demie, pour tenter de convaincre un sous-ministre d’investir dans une initiative particulière représente tout un défi.

Dans le cadre du programme RLP, nous avons déjà demandé aux candidats de préparer un exposé à l’intention d’un sous-ministre. Puis, à la dernière minute, nous leur disions : « Votre exposé est annulé, mais vous partagerez un ascenseur avec le sous-ministre pendant une minute trente. Les portes de l’ascenseur viennent de se fermer. Faites valoir votre point maintenant. »

Je recommanderais aussi aux nouveaux diplômés de bien évaluer leur maîtrise des deux langues officielles. Il s’agit d’un atout important et il ne faut pas attendre d’avoir cinq ou 10 ans d’expérience pour songer à peaufiner ses compétences en anglais ou en français. Elles pourraient un jour ou l’autre jouer un rôle clé dans leur avancement professionnel.

AU : Selon vous, quelles fausses perceptions les étudiants aux cycles supérieurs ont-ils à propos de la fonction publique?

M. Borbey : Que les tâches sont ennuyeuses, répétitives et sans originalité, et qu’on ne peut y avoir beaucoup de pouvoir ou de liberté. Mon expérience et celle de bon nombre de mes collègues contredisent toutefois toutes ces idées reçues.

Nous pouvons avoir une incidence sur la vie des Canadiens et contribuer à la société. Nous sommes à même de constater que notre travail a des retombées positives pour la société et pour les Canadiens, y compris en ce qui concerne des enjeux très complexes. Cette certitude est très satisfaisante.

AU : Comment les personnes intéressées peuvent-elles en savoir davantage sur la façon de soumettre leur candidature?

M. Borbey : Nous lancerons bientôt notre campagne de recrutement postsecondaire. J’invite tous ceux qui le souhaitent à soumettre leur candidature. Le programme RLP sera quant à lui lancé plus tard cet hiver. De plus, de nouvelles offres d’emploi s’ajoutent constamment au site Web Emplois GC.

AU : Y a-t-il une dernière réflexion dont vous souhaitez nous faire part?

M. Borbey : Nous croyons que le gouvernement fédéral est un employeur de choix pour les étudiants aux cycles supérieurs et au niveau postdoctoral. Nous voulons en attirer davantage chez nous. Le déséquilibre démographique causé par le départ à la retraite des baby-boomers crée de nouveaux débouchés, et ce processus est déjà amorcé.

Nous devrons apporter certaines améliorations à notre organisation pour offrir un environnement accueillant et stimulant à nos recrues. Soyez à l’affût, nous vous ferons bientôt part d’autres changements.

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