L’importance d’établir des repères afin d’adapter son plan de carrière

Tout comme les objectifs personnels, les repères professionnels peuvent éclairer votre autoévaluation et vous aider à vous fixer des cibles d’amélioration.

11 août 2022
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L’une des raisons qui rend la quête du professorat difficile est qu’un trop grand nombre de postdoctorant.e.s n’ont pas stratégiquement évalué leur capacité à décrocher un poste en enseignement. Plusieurs d’entre eux frappent un mur, puis décident de changer de carrière. Et comme les postdoctorats sont limités dans le temps, cette réalisation arrive souvent trop tard.

Tout autour de nous, il y a des repères (panneaux de signalisation, indicateurs de vitesse, factures, relevés bancaires, etc.) qui nous aident à nous orienter. Les personnes qui aspirent à devenir professeur.e devraient également poser de tels repères dans leur parcours professionnel.

C’est d’ailleurs recommandé dans le milieu industriel : s’améliorer par la découverte, la compréhension et l’adoption, à l’intérieur comme à l’extérieur d’une organisation, de pratiques et de processus exemplaires. Autrement dit, établir des repères, c’est apprendre d’autrui. Les entreprises sont toujours à la recherche d’avantages concurrentiels. Elles surveillent leurs concurrents directs et indirects dans le but de répertorier les pratiques exemplaires en matière de service à la clientèle, de gestion de la chaîne d’approvisionnement et d’innovation pour trouver des occasions d’amélioration.

Ce processus est un cycle découpé en quatre étapes.

Surveillance – Trouvez des pratiques exemplaires à adopter. Surveillez les publications et les dossiers de publication de vos concurrent.e.s direct.e.s. Quant à vos concurrent.e.s indirect.e.s (évoluant dans d’autres facultés), cherchez dans leurs travaux des innovations que vous pourriez adopter et appliquer à votre discipline. Par exemple, l’une de mes protégées a récemment été titularisée, car elle offrait d’enseigner le perfectionnement professionnel. Elle a réalisé que cette compétence lui procurait un avantage.

Comparaison – Déterminez l’écart entre vous et vos concurrent.e.s potentiel.le.s. Combien d’articles avez-vous publiés et quelle a été leur réception? Est-ce assez pour que votre candidature soit prise en considération? Avez-vous de bonnes chances d’être titularisé.e ou est-ce plutôt le moment de vous tourner vers votre plan B?

Planification – Si l’écart peut être comblé, élaborez un plan qui vous permettra non seulement d’y arriver, mais aussi de surpasser vos concurrent.e.s. Si vous voulez augmenter votre nombre de publications, songez à contribuer à des articles de vos collègues ou tentez de faire participer d’autres membres du milieu à vos projets secondaires.

Mise en œuvre – Mettez votre plan à exécution. Puisque l’établissement de repères est un processus continu, il importe de toujours surveiller et comparer. Veillez à ce que votre plan porte les fruits désirés. Songez à établir des indicateurs de rendement clés (IRC) pour vous aider à suivre vos progrès.

Comme il y a si peu de postes de professeur.e, les postdoctorant.e.s évoluent dans un environnement compétitif. Il est donc important de poser des repères pour trouver des pratiques exemplaires adoptées par leurs homologues et les professeur.e.s adjoint.e.s nouvellement promu.e.s. Les établissements sont eux aussi des ressources considérables. Vous pourriez siéger à un comité de recrutement de professeurs afin de connaître les tenants et aboutissants du processus d’embauche. Si ce n’est pas possible, peut-être pourriez-vous discuter avec des membres des comités précédents, ou encore demander à votre établissement d’organiser une simulation de comité de recrutement à l’intention des postdoctorant.e.s, ce qui les aiderait à déterminer les cibles à atteindre? Bien qu’un tel projet nécessite beaucoup de ressources, il profiterait aussi aux établissements, qui pourraient repérer des talents et les guider vers la réussite, que ce soit dans le monde universitaire ou ailleurs.

Cela dit, il faut également savoir quand jeter l’éponge – ce qui est, à mon avis, la plus grande faiblesse des postdoctorant.e.s. Obnubilé.e.s par l’idée de devenir professeur.e.s, ils n’arrivent pas à prendre un pas de recul pour s’évaluer par rapport aux autres. Si l’écart est trop grand ou si le temps manque, il vaut peut-être mieux de changer de plan de carrière. Faites abstraction des investissements perdus pour vous concentrer sur les nouvelles occasions. Continuer à errer dans un parcours qui ne mènera pas à un emploi stable ne fait que retarder le passage à une autre carrière.

Si vos repères vous indiquent que vous êtes sur la voie de l’échec, il est temps d’explorer d’autres avenues, et pour ce faire, fixez-vous des repères! Avez-vous ce qu’il faut pour vous démarquer dans ce nouveau domaine? Menez une enquête en demandant à des professionnel.le.s les connaissances, les compétences et les habiletés requises pour y connaître du succès. Pensez à chercher un.e mentor.e qui vous aidera à établir de nouveaux IRC et à en faire le suivi. Si vous avez des lacunes, pouvez-vous les combler dans le peu de temps qui vous reste en tant que postdoctorant.e? Votre université peut-elle vous aider à combler ces lacunes? Pouvez-vous suivre des cours pour acquérir des connaissances rapidement? Acquérir de l’expérience en faisant du bénévolat? Trouver un stage dans le domaine que vous visez?

Pour prendre le contrôle du développement de votre carrière, il est impératif d’établir des repères. Ils vous aident non seulement à évaluer votre situation actuelle de façon objective, mais aussi à réfléchir à votre degré de satisfaction générale, aux ressources auxquelles vous avez accès et à ce que pourrait vous réserver votre carrière.

Derrick E. Rancourt est biologiste spécialisé dans les cellules souches et professeur à l’École de médecine Cumming de l’Université de Calgary.

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