Participer aux congrès : le jeu en vaut-il la chandelle ?
Alors que débute la « saison des congrès », pesons le pour et le contre de ces événements.

L’arrivée de l’été coïncide avec le début de la « saison des congrès », un heureux mélange de réseautage, de socialisation et bien sûr, de présentation de nos résultats de recherche. Pour certaines personnes, elles sont l’occasion de renouer de vieilles amitiés et d’en apprendre plus sur les nouvelles bourses. Pour d’autres, elles n’amènent qu’à se trimbaler d’un endroit à l’autre en quête de quelconque valeur. Qu’on les aime ou qu’on les déteste, tout le monde y passe. En ces temps économiques difficiles, il serait bon de se questionner sur les avantages et les inconvénients de ce type d’événement.
Pour les jeunes universitaires et les étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs, les congrès revêtent une importance particulière. En effet, ce sont principalement ces groupes qui aujourd’hui participent à ce genre d’activité. Lorsqu’on fait de la recherche, on doit se faire connaître, se bâtir un réseau de collègues, et parler à la presse ou même à des comités d’embauche. Au fil des années, on tend à se concentrer davantage sur nos publications au détriment des congrès : si notre nom est reconnu dans notre domaine, à quoi bon se mettre autant de l’avant ? D’un autre côté, participer à des congrès est parfois encore plus payant pour une carrière bien avancée. En effet, une invitation à donner une conférence paraît toujours bien sur un CV. Les activités sociales spontanées ou planifiées qui ponctuent les congrès sont souvent très bénéfiques, tant pour notre carrière que pour notre santé mentale. La stimulation intellectuelle et les liens sociaux sont essentiels pour contrebalancer nos vies solitaires de chercheuses et de chercheurs. C’est donc particulièrement inspirant et revigorant d’assister ou de participer à des congrès, surtout lorsqu’on vient d’un petit département ou d’une petite université, ou bien qu’on travaille en solo.
Toutefois, participer à des congrès, c’est onéreux. Les frais d’inscriptions à eux seuls peuvent dépasser les 700 $. Ajoutons à cela les activités connexes ou les soupers, qui, bien que coûteux eux aussi, bonifient grandement l’expérience. Les banquets des congrès, souvent offerts par des traiteurs pour entreprises, pèsent parfois lourd sur le budget sans apporter de réelle satisfaction gustative. Selon les gens assis autour de vous, vous pourriez tout autant faire des rencontres incroyables ou perdre votre soirée. Les tarifs aériens sont exorbitants ces temps-ci, et dans les villes comme New York, où les locations de type Airbnb sont interdites, les chambres d’hôtel coûtent une fortune. Pour réduire les coûts, il est possible de partager sa chambre avec une ou un collègue, particulièrement si cela amène à partager une bonne bouteille en compagnie de notre camarade d’école, mais ce n’est pas du tout la norme. Puis, il y a toutes les autres dépenses : les déplacements entre l’aéroport et l’hôtel, les cafés et les repas et peut-être aussi un ouvrage à la table des livres (même s’il y a généralement des rabais lors de ces événements). Selon le lieu et la durée du congrès, ce sont parfois des milliers de dollars au total qui se seront envolés pour seulement quelques jours intensifs de plaisir et d’avancement professionnel. Sans parler du fait que participer à un congrès demande de l’énergie et nous éloigne de nos travaux pile au moment où l’on souhaite s’y mettre sérieusement.
Le dilemme, c’est que les congrès donnent parfois aussi lieu à des moments charnières d’une carrière (comme l’obtention d’un contrat pour un livre ou une rencontre marquante). Cela a certainement été mon cas. Mais voyons ce qu’on pourrait accomplir avec les 2 000 $ à 3 000 $ que coûte un congrès à l’international, si l’on en sautait un par année.
Livres : Selon les prix moyens des presses universitaires, cela représente de 40 à 60 ouvrages. Imaginez à quoi ressemblerait votre bibliothèque avec tous ces livres renfermant tant de connaissances sur votre domaine.
Auxiliaires d’enseignement ou aide à la correction : À 20 $ de l’heure, on arrive à environ 150 heures supplémentaires d’aide à l’enseignement ou à la correction, soit près de 12 heures par semaine pour un mandat de 13 semaines. Dans les grosses universités, les budgets des départements prévoient souvent des auxiliaires d’enseignement. Mais pour celles et ceux qui n’ont pas cette chance, ça peut tout changer.
Postdoctorante ou postdoctorant : Pas besoin d’une bourse généreuse ou d’un poste à temps plein pour trouver quelqu’un au postdoctorat qui voudrait bien vous offrir ses services d’assistanat de recherche à un taux horaire. Selon un tarif de 50 $ de l’heure, vous obtiendriez 10 heures d’aide par semaine pendant six semaines d’été, où l’on pourrait vous réviser, faire des recherches pour vous ou vous soutenir d’une quelconque autre façon.
Perfectionnement professionnel : À 150 $ et plus de l’heure, vous pourriez solliciter des services d’édition de manuscrits universitaires ou de perfectionnement professionnel pour améliorer votre conciliation travail-vie personnelle, ou bien donner vie à de nouvelles idées de recherche.
Vacances : Supposons que vous auriez payé le congrès de votre poche. Vous pourriez tout autant partir dans les Caraïbes ou en croisière avec cet argent. Ce serait sans déduction d’impôts certes, mais vous auriez l’occasion de vous détendre et de recharger vos batteries.
Si tout cela sonne particulièrement bien, j’ai quand même conscience que ce n’est pas tout le monde qui a le luxe de dépenser autant d’argent pour des congrès. Mais imaginons si nous nous passions que d’un de ces événements par année et que nous consacrions cet argent autrement dépensé à l’un ou l’autre des objectifs ci-dessus.
On peut bien sûr tomber sur une occasion ou faire une rencontre qui propulsera notre carrière, mais c’est généralement le fruit du hasard. Il convient donc de soupeser ses options. Si vous vous attendez à faire beaucoup de nouvelles rencontres, que vos travaux sont nouveaux ou émergents et que le thème du congrès tombe parfaitement dans vos cordes, ça vaut probablement la peine d’y aller. Si vous cherchez à obtenir un contrat de livre et que vous savez que vous aurez l’occasion de vous entretenir avec quelqu’un du domaine de l’édition, ça vaut probablement aussi la peine d’y aller. Qu’en est-il des conférences en ligne ? Personnellement, ce n’est pas mon fort, car on perd tous les bons côtés, sans perdre les mauvais. Mais j’avoue qu’elles sont plutôt pratiques et souvent peu chères ou même gratuites. Mon meilleur conseil ? Participer moins souvent à des congrès en personne et utiliser ces fonds à une autre fin (ou les épargner). Ça pourrait être payant.
Postes vedettes
- Médecine - Professeure ou professeur (neurosciences)Université de Sherbrooke
- Médecine vétérinaire - Professeure adjointe / agrégée ou professeur adjoint ou agrégé (chirurgie des animaux de compagnie)Université de Montréal
- Chaire de recherche du niveau 1 en multiples domainesUniversité de Sherbrooke
- Sciences de l'éducation - Professeure suppléante ou professeur suppléant (didactique des mathématiques au secondaire)Université du Québec à Trois-Rivières
- Traitement des eaux - Professeure ou professeurInstitut national de la recherche scientifique
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