Penser à la mort pour mieux profiter de la vie
Cette réflexion permet aux universitaires d’envisager leur vie et leur carrière autrement.
Nos jours sont comptés. Nous ne savons pas combien de temps il nous reste, mais chaque jour nous rapproche inexorablement de la mort.
Or nous oublions parfois cette grande vérité, notamment parce que la culture occidentale occulte la mort et la mortalité, mais aussi parce que, comme universitaires, nous bâtissons un monument pour garder une trace de notre passage. Les cours, les travaux de recherche et les activités communautaires qui garnissent notre CV et qui monopolisent notre attention sont potentiellement immortels – contrairement à nous. Si chacun.e a ses croyances sur la vie après la mort physique (bon, on s’entend sur une chose : personne ne veut se réincarner en provost!), les universitaires ont en commun certains impératifs professionnels et certaines contraintes temporelles.
Nous avons beaucoup réfléchi à la haute voltige intellectuelle qu’est le travail universitaire. Notre travail, par définition, implique une gestion constante des priorités. Nos cours, nos travaux de recherche et nos activités communautaires sont extrêmement variés, mais aussi incroyablement complexes.
La nature des activités professionnelles varie d’un.e universitaire à l’autre, tout comme le temps qui y est consacré. Le temps est une ressource extrêmement précieuse. On peut mettre de l’argent de côté, mais pas du temps. Le temps ne peut ni changer de mains ni être investi et fructifié pour l’avenir. Les 1 440 minutes dont vous disposez chaque jour s’envolent à tout jamais quand la journée est écoulée. Et votre réserve de jours finira par s’épuiser.
Mais quelles sont les erreurs les plus importantes que commettent les universitaires dans leur rapport à la vie, à la mort, au temps et au travail?
Traiter le temps et le travail comme des ressources inépuisables
Dire que chaque jour est précieux, c’est très cliché. Il n’en demeure pas moins que nous marchons inévitablement vers la mort, et que nous n’avons qu’une vie à vivre. Pourtant, trop souvent, on agit comme si on avait du temps à revendre. L’espérance de vie moyenne est de 4 000 semaines, mais si on soustrait le sommeil et les repas, il reste moins de 3 000 semaines pour le travail et tout le reste. La fin est plus proche que vous ne le croyez.
Travailler de façon passive
Trop souvent, on voit la lourdeur et la complexité du travail universitaire comme des fatalités; on se dit qu’on n’y peut rien. Forcément, ce constat est peu réjouissant : notre travail nous contrôle. Nous sommes tellement dépassés par les événements que nous n’essayons même pas de faire les choses autrement et d’apprendre à mieux travailler.
Négliger sa vie personnelle
Les universitaires consacrent plusieurs décennies à leurs travaux de recherche, à l’enseignement et à leurs passions professionnelles – une subvention, un article, un exposé à la fois. Leurs responsabilités les obligent à travailler tôt le matin ou tard le soir, pendant le week-end ou les vacances. C’est du temps perdu à tout jamais.
Certain.e.s de nos collègues ont travaillé jusqu’à s’en rendre malades, voire en mourir. Le déluge quotidien d’attentes professionnelles (que ces gens s’imposaient) finissait par les noyer et saper leur énergie. Certain.e.s se tuent à l’ouvrage – au sens propre ou figuré –, tandis que d’autres arrivent en fin de carrière avec un sentiment de vide et d’incrédulité : est-ce que ça en valait la peine? Et à quel prix : nos relations, notre santé, nos champs d’intérêt? Impossible de stopper le décompte pour revenir en arrière.
Travailler dans le regret et l’amertume
Ressasser le passé, c’est généralement malsain. Au fil du temps, les universitaires vivent des déceptions et des épreuves personnelles qui déclenchent des réactions négatives, par exemple la colère, l’amertume ou l’hypercritique. Aveuglés par un brouillard de négativité, nous devenons profondément cyniques et adoptons toutes sortes de mauvais comportements : remarques passives-agressives, intimidation, procrastination, inaction. Ce n’est pas une vie.
Memento mori
Quand nous réfléchissons au temps et au travail universitaire, qu’est-ce que le rappel de notre mort certaine peut apporter à notre vie personnelle et professionnelle?
L’expression momento mori, c’est-à-dire ne pas oublier que l’on va mourir, nous pousse à envisager notre vie et notre carrière autrement. Voulez-vous laisser votre marque par vos réalisations professionnelles, vos relations personnelles ou votre contribution à la société? Pour y arriver, que pourriez-vous faire différemment? Sachant que vos jours sont comptés, et donc précieux, comment agirez-vous lors de votre prochaine réunion ou de votre prochain conflit? Quelle attitude adopterez-vous?
Souvent, nous répétons les mêmes gestes et les mêmes pensées – refusant de sortir de nos ornières – et limitons notre croissance personnelle. D’où l’importance de chercher activement à recadrer notre travail universitaire en fonction de nos valeurs. Vos choix professionnels doivent être fondés sur vos aspirations profondes, et votre définition du succès doit transparaître quotidiennement, voire continuellement, dans vos tâches, vos objectifs et vos priorités.
Vous n’avez qu’une vie à vivre. Chaque journée, chaque situation ne se présente qu’une fois. Si vous souhaitez partir sans regret, planifiez votre travail selon vos valeurs et les réalisations qui vous tiennent à cœur.
Déprimante, l’idée de la mort? Pas du tout. Songer à votre mort vous poussera à prendre des décisions personnelles et professionnelles vraiment courageuses. N’attendez pas – personne n’échappe à sa fatalité.
Postes vedettes
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
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