Quelques conseils pour faire face aux rejets de candidatures dans le milieu universitaire
Quand tous les candidats affichent le même talent, la décision finale tient souvent à des facteurs indépendants de leur volonté.
Cet article s’inspire d’un récent fil Twitter créé par Andrea Eidinger et est reproduit avec sa permission.
Pour nombre d’universitaires le printemps apporte avec lui son lot de lettres de refus. J’ai connu ça bien des fois. Voici quelques conseils pour vous aider à gérer ce genre de situation.
- L’acceptation ou le rejet d’autrui n’a rien à voir avec votre valeur en tant que personne ou qu’universitaire.
- Dans au moins 90 pour cent des cas, la décision repose sur des facteurs tout aussi impossibles à connaître qu’à prévoir : le temps qu’il faisait lors de l’étude de votre candidature, ce qu’avait mangé le décisionnaire, la police utilisée dans votre lettre de présentation, que sais-je encore. En d’autres termes, l’acceptation ou le rejet de votre candidature n’a rien à voir avec vous, vos aptitudes, ou les autres candidats.
- Le milieu universitaire est un peu comme l’univers olympique. L’un comme l’autre regorge de champions dans leurs disciplines respectives, qui se disputent un tout petit nombre de postes dans le premier cas, de médailles dans l’autre. Quand tous les candidats affichent le même talent, la décision finale tient souvent à des facteurs indépendants de leur volonté.
- Le cas du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) est particulièrement problématique : les candidats sont souvent jugés par des personnes étrangères à leur discipline et tenues d’étudier des centaines de candidatures en une semaine. Tout n’est donc pour les candidats qu’une question de chance… ou de malchance. Un exemple? La première année où j’ai soumis ma candidature à une subvention postdoctorale du CRSH, j’ai eu droit à la réponse suivante : « Candidate recommandée, mais financement refusé. » La fois suivante, on m’a répondu que je n’étais « pas qualifiée pour ces travaux de recherche ». Il s’agissait pourtant du même projet que la première fois. Allez comprendre!
- Les rejets de candidature sont durs à encaisser. Ils peuvent nous donner l’impression que nous ne sommes pas à la hauteur, que nous ne valons rien, que nous sommes condamnés à l’échec. Cela tient en partie au fait que nous sommes conditionnés très jeunes à penser que l’ampleur de notre réussite témoigne de notre valeur. Ceux d’entre nous qui ont excellé dans le milieu universitaire en sont particulièrement convaincus. Dites-vous qu’en réalité, vous êtes remarquable. Les études postsecondaires sont difficiles, et l’obtention d’un diplôme de maîtrise ou de doctorat l’est encore plus. On a tendance à l’oublier à force d’être entouré de gens au nom suivi de titres. Dites-vous bien que rien ni personne ne peut vous enlever ce que vous avez accompli et donc, que vous êtes formidable. Vraiment! Nous devrions d’ailleurs nous le rappeler plus souvent les uns aux autres.
- Le milieu universitaire n’est pas la vie. Je répète : le milieu universitaire n’est pas la vie. Se heurter à un refus ne doit pas être considéré comme la fin du monde. C’est juste un moment désagréable dans une vie formidable et bien remplie.
- Je déteste citer Baz Luhrmann, mais il dit là quelque chose d’important :
« Ne perdez pas votre temps à jalouser les autres. Vous êtes parfois en tête de la course, parfois à la traîne, mais la course est longue, et votre seul vrai concurrent, c’est vous. »
(Oui, je sais que ça a été écrit par Mary Schmich.)
- Les émotions que vous éprouvez en ce moment sont toutes entièrement légitimes. Ne laissez personne vous dire le contraire, ou vous conseiller de relever la tête et de retenter votre chance. Ne tolérez pas ce genre de bêtises. Autorisez-vous à être triste. Ou à pester. Tapez dans un oreiller. Passez une semaine au lit. Faites ce dont vous avez envie. Personnellement, j’adore évacuer ma rage en courant et en confiant au téléphone à un ami combien je hais le monde entier. Il m’arrive même d’engueuler les arbres.
- Prenez le temps qu’il faut pour composer avec ces émotions.
- Et rappelez-vous que tout finit toujours par aller mieux. Les humains sont remarquablement résilients. Si douloureuses soient-elles, ces émotions finissent par s’évanouir. Dites-vous que dans quelques années, quand vous connaîtrez une superbe réussite (dans le milieu universitaire ou ailleurs), vous prendrez du recul et vous vous direz que vous auriez dû vous dire que tout finirait par s’arranger. Parce que c’est ainsi.
- Faites preuve d’indulgence envers vous-même.
- Reposez-vous sur vos amis et vos proches. Ils sont là pour ça. Mon petit cercle personnel d’admirateurs m’a aidée à traverser des moments vraiment pénibles. Le vôtre peut faire de même. Le milieu universitaire peut être toxique, mais des gens formidables et bienveillants s’y trouvent néanmoins. Un jour, par exemple, alors que je venais d’avoir droit à une évaluation par les pairs particulièrement désastreuse de mon enseignement, un collègue m’a emmenée manger des frites. Je me dis depuis que les frites peuvent résoudre la plupart des problèmes.
- Permettez-moi, puisque celle-ci me semble à propos, de terminer avec une autre citation de Baz Luhrmann :
« Donner des conseils relève d’une forme de nostalgie. C’est une façon d’exorciser son passé, de l’effacer, d’en gommer les aspects peu reluisants, de l’idéaliser. »
Alors, pour les frites, faites-moi confiance.
Andrea Eidinger a été chargée de cours dans diverses universités de la Colombie-Britannique. Elle est la créatrice et l’animatrice du blogue Unwritten Histories, consacré à l’Histoire du Canada.
Postes vedettes
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
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