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Promouvoir le développement durable dans les universités

Le Routledge Handbook propose des pistes sur les façons dont les établissements d’enseignement supérieur peuvent adopter et promouvoir le développement durable dans toutes ses dimensions.

par YVES LABERGE | 08 JUIN 20

Ayant à son actif plusieurs ouvrages et encyclopédies sur la soutenabilité, l’éditeur britannique Routledge a eu la bonne idée de publier un recueil de 31 textes récents et inédits sur différents aspects de ce vaste sujet : le Routledge Handbook of Higher Education for Sustainable Development. Plusieurs approches et expériences nationales sont décrites; ainsi, parmi les résolutions fondatrices, on propose de placer l’apprentissage transformationnel (« transformative learning ») au cœur de l’enseignement du développement durable. Ce principe revient dans plusieurs chapitres. Autrement dit, il ne suffit plus pour les enseignants et les formateurs de décrire le monde tel qu’il est; il faut désormais tenter de le corriger, de le changer, de le rendre plus durable, et montrer aux nouvelles générations qu’un autre monde est possible. Et ce livre substantiel en montre les outils méthodologiques.

L’excellent chapitre d’ouverture de Yoko Mochizuki et Masaru Yarime («Education for Sustainable Development and Sustainability Science: Re-purposing Higher Education and research») rappelle l’importance d’ancrer le développement durable dans une perspective transdisciplinaire. Au dixième chapitre, on souligne l’importance de faire des synthèses de recherche. Mais avant tout, il faut s’assurer que les établissements revendiquant l’étiquette du développement durable en aient assimilé toutes les dimensions selon l’ensemble des objectifs de l’UNESCO, au lieu de se ranger subtilement dans la catégorie du « capitalisme avec un masque vert ».

Plusieurs auteurs décrivent les caractéristiques du développement durable tel qu’implanté dans certains établissements d’enseignement supérieur. Selon Christian Rammel, Luis Velazquez et Clemens Mader, les universités dites durables comporteraient quatre qualités nouvelles. Celles-ci auraient une perspective à la fois holistique et intégrative; suivraient les principes de l’éducation au développement durable; envisageraient de rendre les universités plus soutenables; et mettraient l’accent sur la transparence. Comme c’est souvent le cas dans les anthologies internationales, on parle peu du Canada dans ce livre sauf pour faire allusion aux activités de l’une des chaires d’études en éducation au développement durable (celle de l’Université York, à Toronto).

Toute la dernière section propose des méthodologies innovatrices pour le développement durable dans des domaines comme les sciences, la physique et l’ingénierie, avec des études de cas et des exemples déjà validés dans des pays d’Amérique latine. Ainsi, le 28e chapitre porte entièrement sur le développement des compétences des étudiants dans le cadre d’une recherche-action. On insiste sur la nécessité de revoir et d’adapter l’ensemble des programmes d’études (les « curricula ») afin de les rendre conformes aux résolutions du développement durable en y accentuant l’interdisciplinarité.

L’équipe des professeurs Barth, Michelsen, Rieckmann et Thomas a réuni un livre fort, inspirant, innovateur sur le plan méthodologique, et je dirais même encourageant pour l’avenir. Les auteurs s’attaquent aux problèmes et proposent des solutions, appuyées par des études de cas qui mettent en évidence les dimensions méthodologiques. Sur le plan éditorial, les tableaux sont particulièrement réussis et éloquents, un peu comme des conférences par affiches au Congrès de l’ACFAS. Le lecteur idéal de ce Routledge Handbook of Higher Education for Sustainable Development serait un administrateur ouvert d’esprit ou un cadre supérieur d’une université à la recherche de stratégies émergentes pour convertir son établissement en une organisation plus durable. Les chercheurs en administration et en politiques éducatives et les hauts fonctionnaires pourraient également apprendre énormément de ce livre dense aux vastes perspectives et d’envergure internationale.

À PROPOS YVES LABERGE
Yves Laberge
Yves Laberge détient un doctorat en sociologie et a fait paraître plus de 1000 critiques de livres dans une trentaine de revues universitaires. Il est membre du comité de lecture de sept revues internationales.
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