25 % des jeunes sont susceptibles de faire fi de la
science : comment mieux faire passer le message?
D’après les résultats d’un sondage de la Fondation canadienne pour l’innovation, si les jeunes font généralement confiance à la science, il faut en faire plus pour améliorer leur compréhension.
En ce temps de pandémie, la littératie scientifique est plus importante que jamais. C’est une des raisons pour lesquelles la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), en partenariat avec l’Acfas, a mené l’automne dernier l’enquête sur les jeunes et la science. Son objectif : comprendre les perceptions des 18 à 24 ans en ce qui concerne la science, ainsi que les conditions et les personnes qui influencent cette relation.
Dans l’ensemble, les résultats indiquent que la plupart des jeunes canadiens se fient à la science. Par exemple, la majorité des 1 500 participants pensent que les vaccins contre la COVID-19 homologués au Canada sont sans danger (68 %), que le plastique à usage unique devrait être interdit (63 %), que s’éloigner des combustibles fossiles réduira les impacts des changements climatiques (55 %) et que les décideurs politiques canadiens doivent se fonder sur la science (57 %).
Pour Roseann O’Reilly Runte, présidente-directrice générale de la FCI, cette dernière conclusion en dit long. « Elle témoigne d’une mentalité sophistiquée et reflète leur vision de l’avenir de la société, applaudit Mme Runte. Pour eux, [la science] ne touche pas que leur vie et leur carrière; c’est un enjeu national de premier plan. »
Cependant, les résultats ne sont pas tous aussi encourageants. Cette étude a divisé les participants en cinq cohortes, selon leur degré de confiance envers la science. D’après ce découpage, les résultats indiquent que 25 % des répondant.e.s « peuvent ignorer la science. » Ce groupe a montré la plus faible propension à distinguer les vraies informations des fausses, et la plus forte tendance à suivre une personnalité anti-science sur les réseaux sociaux.
« Nous ne pouvons pas laisser de côté les 25 % de jeunes qui ne s’intéressent pas vraiment à la science, analyse Mme Runte. Nous devons plutôt trouver comment les atteindre […] et leur donner les outils pour prendre des décisions éclairées par la science. »
Opinions anti-science sur les réseaux sociaux
Comme beaucoup de groupes sociodémographiques du Canada, les jeunes préfèrent les réseaux sociaux aux médias traditionnels, comme les journaux et la télévision. Parmi les participants à l’enquête, 73 % disent suivre au moins un influenceur ou une influenceuse ayant déjà exprimé des idées qui allaient à l’encontre de la science.
« Je ne suis pas surpris du tout », réagit Liam Mullins, étudiant de cinquième année et président de l’association étudiante de microbiologie à l’Université de Guelph. « Selon moi, même si nous considérons que l’information qu’ils diffusent est fausse, eux pensent sincèrement que ce n’est pas le cas. »
M. Mullins constate une prolifération de la désinformation sur certains des réseaux sociaux qu’il fréquente depuis le début de la pandémie. Une tendance qui reflète la montée globale des renseignements erronés ou mensongers sur la COVID-19 au Canada depuis mars 2020.
Anatoliy Gruzd, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies numériques de protection des renseignements personnels et codirecteur du Social Media Lab de l’Université Ryerson, confirme que la pandémie a aggravé la tendance à la désinformation. « Nous traversons une période d’incertitude au cours de laquelle les connaissances scientifiques évoluent rapidement au fur et à mesure que nous en apprenons sur le virus. Les autorités de santé publique changent aussi souvent leurs instructions et messages », explique M. Grudz, avant d’ajouter que ce phénomène alimente les théories du complot et sape la confiance envers la science. Selon lui, il faut maintenant enseigner aux étudiants de différentes manières que la science n’est pas une ligne droite, et qu’elle peut changer de trajectoire au fil des découvertes.
Le médium est-il le message?
Les résultats de l’enquête de la FCI montrent clairement que les raisons qui pourraient pousser les jeunes à ignorer la science sont multiples, en commençant par leurs fréquentations, leur famille et leur religion. Cependant, les auteurs insistent sur le fait que le paysage complexe de l’information en ligne complique énormément la tâche des vulgarisateurs et des éducateurs en science. Mme Runte exhorte les éducateurs à s’ouvrir aux nouveaux médias.
« Nous devons poursuivre nos efforts pour atteindre les jeunes sur les plateformes qu’ils utilisent », affirme-t-elle. Elle montre en exemple le compte TikTok d’Anna Blakney, une professeure de bio-ingénierie, qui a plus de 250 000 abonnés grâce à ses vidéos sur la science derrière les vaccins. « Nous devons être polyvalents et rester ouverts aux nouvelles méthodes de communication. »
@anna.blakney There’s also salts and sugar but those are two main ones 😁 #mrnavaccines #sciencetok #umyeah #teamhalo ♬ original sound – kennn 💝
Une responsabilité partagée
Si les éducateurs sont les mieux placés pour transmettre l’information scientifique aux étudiants, plusieurs autres acteurs devront intervenir pour améliorer la littératie scientifique chez les jeunes et dans la population en général. M. Gruzd recommande aux universités de redoubler d’efforts pour apprendre aux jeunes à faire preuve d’esprit critique et de discernement dans le traitement de l’information qui leur vient de réseaux sociaux. « Il y a une limite à ce que nous pouvons faire », concède-t-il toutefois.
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Selon Mme Runte, la jeunesse canadienne peut faire partie de la solution. « Dans le dialogue avec les jeunes, [ils] sont nos meilleurs alliés. La majorité d’entre eux font déjà confiance à la science, explique-t-elle. Pourquoi ne pas les aider à faire des découvertes et à les partager? Ils ont des choses à nous apprendre. »
Postes vedettes
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
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