Administration sportive : un boom universitaire face aux défis du marché
L’essor des programmes en administration sportive au Canada reflète la professionnalisation du secteur, mais soulève des interrogations sur l’adéquation entre l’offre de formations et les débouchés professionnels.

Il y a dix ans, les programmes en administration sportive se faisaient rares au Canada. Aujourd’hui, ils fleurissent dans les universités du pays, avec près d’une trentaine de formations répertoriées. Cette expansion rapide traduit la professionnalisation croissante de l’industrie du sport, mais soulève aussi des questions : le marché de l’emploi peut-il suivre ?
Une chose est sûre : le sport n’est plus seulement un terrain de jeu, c’est un véritable marché en pleine expansion nécessitant des gestionnaires spécialisés. Selon Michael Naraine, professeur agrégé de gestion du sport à l’Université Brock, l’essor des programmes d’administration sportive est directement lié à la professionnalisation accrue de l’industrie. « L’une des principales raisons de la croissance accrue de la gestion et du commerce du sport ces dernières années est la popularité croissante de l’industrie sportive, nécessitant une plus grande professionnalisation et des connaissances approfondies. »
Les grands événements internationaux comme les Jeux olympiques, la Coupe du monde de soccer et les Championnats du monde dans diverses disciplines ont mis en lumière la complexité organisationnelle et commerciale du sport. Cette dynamique a favorisé l’apparition de nouveaux métiers nécessitant des compétences pointues en gestion, marketing, droit et finance appliqués au sport.
« Ce n’est pas un gros marché si on se compare aux États-Unis ou même à l’Europe. »
Des formations adaptées mais un marché limité
Les programmes en administration sportive offrent une double approche, combinant théorie et pratique. Cette synergie permet aux personnes étudiantes d’acquérir des bases solides en gestion tout en étant immergés dans des contextes réels de l’industrie sportive. « L’industrie du sport en tant qu’entreprise fonctionne de manière similaire aux secteurs de la finance, de l’automobile et des biens de consommation emballés, à une différence majeure près : le produit principal est intangible. L’expérience du consommateur en matière de sport est produite et consommée simultanément », explique M. Naraine.
Selon lui, les fondements théoriques de la sociologie, de la psychologie et de la gestion sont donc essentiels pour permettre aux gestionnaires du sport d’apporter une valeur ajoutée à leurs organisations sportives. Parallèlement, l’aspect pratique de ces programmes permet aux personnes étudiantes d’expérimenter les éléments intangibles et tangibles du sport, en appliquant ces fondements théoriques dans différents contextes. « Les employeurs attendent des étudiants qu’ils ne soient pas des fans, mais plutôt qu’ils soient bien informés, qu’ils s’appuient sur des données et qu’ils soient appliqués, et les étudiants s’attendent à être formés pour les besoins modernes de l’industrie du sport au Canada et à l’étranger, et non pas pour l’industrie du sport des années 1980 et 1990. Mais cela explique pourquoi de nombreuses écoles de commerce se sont catégoriquement opposées au sport dans le passé : elles ne savaient pas comment gérer les aspects théoriques et pratiques de cette industrie en pleine croissance. »
Les personnes diplômées de ces formations ont accès à une grande variété de carrières dans l’univers du sport. On retrouve les organisations sportives professionnelles et amateurs, les clubs, ligues et fédérations, où elles peuvent travailler en gestion des opérations, en recrutement et en analyse de la performance des joueurs. Dans le domaine du marketing et de la communication sportive, elles peuvent développer des partenariats, gérer des commandites et veiller à l’image de marque. L’événementiel sportif représente aussi une option de carrière, avec des rôles dans l’organisation de compétitions et la gestion des relations avec les sponsors et les médias. Enfin, la gestion des infrastructures et des services sportifs offre des opportunités dans l’exploitation des stades et le développement du sport communautaire.
Un marché de l’emploi limité
Toutefois, le marché canadien demeure relativement restreint. Frank Pons, directeur de l’Observatoire international en management du sport à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, met en garde contre une croissance des formations qui ne s’accompagnerait pas d’un marché de l’emploi suffisamment large. « Le marché reste limité en termes de placement au Canada. Ce n’est pas un gros marché si on se compare aux États-Unis ou même à l’Europe. Il faut donc faire attention à ce que les programmes se développent mais aussi à ce que les gens puissent se placer une fois diplômés. Le nombre de grands employeurs dans le sport est quand même limité ici, sauf peut-être à Toronto où le milieu est bien implanté avec Maple Leaf Sports & Entertainment notamment. »
Et si le domaine offre des emplois attrayants, les salaires ne sont pas toujours à la hauteur des attentes. « On trouve notamment des jobs en gestion des organisations sportives ou dans l’événementiel, mais aussi en gouvernance ou leadership, c’est assez large. En revanche, c’est plus difficile de faire carrière dans des grandes organisations sportives professionnelles parce qu’il y en a moins qu’ailleurs, tout simplement », résume M. Pons.
Vers une reconnaissance accrue dans les écoles de commerce
Cela n’empêche pas les universités canadiennes de se projeter et de développer de nouveaux programmes. Autrefois cantonnée aux facultés d’éducation physique, la gestion du sport gagne en reconnaissance au sein des écoles de commerce. Certaines universités canadiennes, à l’instar de l’Université Brock, développent désormais des programmes conjoints avec leurs écoles de gestion.
« À Brock, nous sommes fiers d’annoncer la création d’une maîtrise en gestion du sport, délivrée conjointement avec la Goodman Business School, ce qui démontre la nécessité de combiner l’expertise en gestion du sport et le programme d’études de base en gestion. À ce jour, il n’existe qu’un seul MBA en sport au Canada, mais il y a de plus en plus de programmes de MBA aux États-Unis qui intègrent le contenu du sport dans leur cursus (par exemple, l’Université de Californie à Los Angeles, l’Université du Michigan) », explique M. Naraine. Cette évolution témoigne du rôle économique croissant du sport et de la nécessité pour les futures gestionnaires et futurs gestionnaires d’être formés aux réalités financières et stratégiques du secteur.
L’essor des programmes en administration sportive au Canada reflète l’évolution dynamique du secteur. Si la demande de professionnels qualifiés augmente, ces formations alliant théorie et pratique répondent à cette exigence croissante. Il reste essentiel d’équilibrer l’offre de formation avec les réalités du marché de l’emploi pour éviter toute saturation. À mesure que le secteur sportif se professionnalise, ces programmes continueront de nourrir les talents de demain.
Postes vedettes
- Doyenne ou doyen - Faculté de génieUniversité de Sherbrooke
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (autochtone, programme anglophone)Université d'Ottawa
- Vice-rectrice ou vice-recteur à la formation et à la rechercheUniversité du Québec à Rimouski
- Doyenne ou doyen, Faculté d’éducationUniversité de Sherbrooke
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (didactique de l’activité physique et sportive, santé et bien-être - poste francophone)Université d'Ottawa
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