L’avenir de l’éducation postsecondaire passe par le leadership et la planification à long terme du gouvernement fédéral

Le cauchemar vécu par l’Université Laurentienne pourrait se répéter si le gouvernement fédéral ne stabilise pas le secteur de l’éducation postsecondaire, prévient la présidente d’un groupe de travail de la Société royale du Canada.

26 avril 2021
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Selon une récente note de breffage de la Société royale du Canada (SRC), le secteur de l’éducation postsecondaire doit faire l’objet d’une planification à long terme par le gouvernement fédéral, et ce, sans délai. Intitulée Investir dans un avenir meilleur : l’éducation supérieure et le Canada de l’après-COVID, cette note a été rédigée par le Groupe de travail sur l’avenir de l’enseignement supérieur de la SRC. Elle fait partie d’une série de notes de breffage créée par le groupe de travail sur la COVID-19 de l’organisation pour « déterminer, à partir de données probantes, la voie que doit suivre le Canada après la pandémie », explique Julia Wright, professeure à l’Université Dalhousie et présidente du Groupe de travail.

Le rapport formule huit recommandations, principalement destinées au gouvernement fédéral, sur la relance après la pandémie de COVID-19 et le renforcement du secteur. Parmi celles-ci figurent l’augmentation du financement de base des établissements d’éducation postsecondaire, une dispense substantielle du remboursement des prêts étudiants, la formation d’un comité d’experts ayant le mandat de promouvoir l’internationalisation durable ainsi que le maintien du financement d’urgence lié à la COVID-19 jusqu’à 2023. Le rapport souligne également que le secteur doit amorcer une réflexion à long terme. « La pandémie de la COVID-19 a mis en lumière les coûts élevés qu’engendre une optique à court terme qui privilégie les restrictions budgétaires actuelles à un investissement dans un avenir meilleur. Le présent document est fondamentalement un appel à une planification à long terme de l’éducation postsecondaire », peut-on y lire.

Mme Wright indique que, durant la préparation de la note de breffage, il est devenu clair pour son équipe que le gouvernement fédéral devait continuer de jouer un rôle clé en éducation postsecondaire, « comme il l’a fait pendant la pandémie », pour que ce secteur demeure solide par la suite. Elle affirme par ailleurs que les gouvernements provinciaux semblent s’occuper de moins en moins de l’éducation postsecondaire. « À l’exception du Québec, les provinces affichent un désintérêt à l’égard de l’éducation postsecondaire, déclare-t-elle. Ils ne voient pas de retombées rapides à cet investissement, ce qui ne les incite pas à investir. » Même s’il n’est pas directement responsable de l’éducation, le gouvernement fédéral partage un grand nombre des objectifs du milieu de l’éducation supérieure, « entre autres en ce qui concerne la recherche, l’intégration, l’équité et l’inclusion », poursuit Mme Wright.

Les demandes de hausse du financement des universités et des collèges ne datent pas d’hier. Depuis quelques décennies, les universités tentent de compenser la baisse du financement public par des fonds privés venant en grande partie des étudiants étrangers. « Force est de constater que la dépendance croissante envers les fonds provenant des étudiants étrangers découle directement de la diminution du financement public de nos établissements. Cette situation n’est pas sans conséquence », se désole Mme Wright. Par exemple, les universités se sont tournées vers les voyages promotionnels pour attirer de nouveaux étudiants étrangers. Elles consacrent ainsi plus d’argent à la recherche de financement « qu’aux travaux que les collèges et les universités doivent normalement accomplir ».

Un autre exemple marquant est celui de l’Université Laurentienne, qui a aboli 69 programmes et mis à pied une centaine de professeurs en avril après s’être déclarée insolvable. Toujours selon Mme Wright, « c’est le cauchemar que nous redoutions tous [plus tôt pendant la pandémie]. Une situation où les établissements dépendent à un tel point des étudiants étrangers que tout peut dérailler au moindre accroc. Il est vrai que l’Université Laurentienne avait d’autres problèmes, mais son cas n’en est pas moins alarmant ».

Mme Wright ajoute que le rapport vise aussi à expliquer la réalité du secteur à ceux qui n’en font pas partie. « Le fait que la plupart des gens ne connaissent les universités et les collèges qu’en tant qu’étudiants ne nous aide pas à convaincre les gouvernements. Car les étudiants ne voient que ce qui se déroule sur scène, et non pas ce qui se passe en coulisses. Ils ne voient pour ainsi dire que la pointe de l’iceberg. La structure sous l’eau qui maintient tout en place leur est invisible. Nous espérons donc que le rapport donnera aussi un aperçu du fonctionnement des universités et des collèges. »

Il est essentiel d’investir adéquatement dans le secteur pour le renforcer, car la société dépend des établissements postsecondaires, explique Mme Wright à l’intention de ceux qui ont seulement connu les universités et les collèges en tant qu’étudiants, voire pas du tout. « Nous avons besoin d’ingénieurs pour construire les routes et de médecins pour faire fonctionner les hôpitaux. Il nous faut des infirmières et des cliniciens, ainsi que des enseignants dans les écoles publiques, ajoute-t-elle. Nous avons tous besoin des universités et des collèges. »

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