Le Québec perd un pionnier en matière d’éducation

Les témoignages soulignant la contribution de Paul Gérin-Lajoie à l’enseignement supérieur ont fusé de toutes parts dans les jours qui ont suivi son décès.

29 juin 2018
Paul Gérin-Lajoie. Photo de Presse Canadienne/Jacques Boissinot.

Artisan majeur de l’éducation moderne au Québec et grand réformateur, Paul Gérin-Lajoie s’est éteint le 25 juin dernier à l’âge de 98 ans.

Avocat puis homme politique sous la bannière libérale dans les années 1960, il sera nommé à la tête du ministère de la Jeunesse (1960-1964) au sein du gouvernement de Jean Lesage avant de devenir le tout premier ministre de l’Éducation du Québec (1964-1966). À la suite de sa carrière politique, il dirigera l’Agence canadienne de développement international de 1969 à 1977.

Il laisse un héritage considérable en s’étant imposé comme l’une des figures marquantes du Québec contemporain. Son nom restera associé à la création de la Commission royale d’enquête sur l’éducation (Commission Parent) dont les grands principes régissent encore le système d’éducation québécois : gratuité de l’instruction publique, fréquentation scolaire obligatoire jusqu’à 16 ans, création des cégeps en 1967 et mise en place du réseau secondaire, entre autres. Il donnera également ses initiales à la célèbre Dictée P.G.L. à laquelle des générations d’élèves francophones ont participé.

Paul Gérin-Lajoie. Photo de Presse Canadienne/Jacques Boissinot.

Son apport à l’enseignement supérieur n’est pas moins important. Après le dépôt du rapport Parent qui proposait une réforme des universités et recommandait qu’on leur accorde un financement suffisant qui leur permettrait notamment de soutenir l’évolution des connaissances de la société, M. Gérin-Lajoie a posé les jalons qui ont mené à la formation du réseau de l’Université du Québec en 1968. Il a également favorisé les ententes dans le cadre des échanges d’étudiants internationaux de niveau supérieur avec la France.

« Le paysage universitaire s’est trouvé transformé par sa contribution, souligne Claude Bédard, directeur général du Bureau de coopération interuniversitaire. Il a contribué à faire prendre au Québec un virage drastique en menant des réformes en faveur de la démocratisation de l’éducation. Il nous a placés sur une trajectoire sur laquelle nous sommes toujours aujourd’hui. »

Si la création du réseau de l’Université du Québec a favorisé l’accessibilité et la démocratisation de l’enseignement supérieur en régions, elle a également redéfini la place de l’université au sein de sa communauté. « Les retombées de ses actions ont été majeures, analyse Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec. Non seulement il a favorisé l’accessibilité à l’université de la jeune génération partout au Québec, mais il a aussi contribué à ce que les universités prennent la couleur des régions en se spécialisant par secteurs d’intérêts. »

Son intervention en coopération internationale a transformé le monde de la recherche scientifique, ajoute M. Quirion. « Il a beaucoup œuvré pour que la recherche ne se fasse plus en vase clos, mais s’ouvre à l’étranger. C’était un pionnier et un géant du leadership. »

Le premier ministre du Québec a d’ailleurs annoncé que des funérailles nationales seront organisées pour saluer la mémoire de M. Gérin-Lajoie.

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