Les universités canadiennes
« très préoccupées » par l’interdiction de voyager du président Trump
Selon le président-directeur général d’Universités Canada, Paul Davidson, les conséquences du décret présidentiel sont « réelles, immédiates et profondes ».
Au nom de ses 97 établissements membres, Universités Canada s’est dite « très préoccupée » par le décret du président Trump interdisant pour 90 jours l’entrée aux États-Unis des citoyens de sept pays : l’Iran, l’Irak, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen.
Dans une déclaration publiée le 29 janvier, l’association souligne que le décret en question a entre autres des répercussions sur les partenariats de recherche, sur les études à l’étranger ainsi que sur la participation aux conférences universitaires. Universités Canada précise en outre que « les universités canadiennes continuent d’accueillir les étudiants, les professeurs et les membres du personnel universitaire de partout dans le monde, y compris ceux qui tentent de trouver refuge contre la violence et les préjudices. Ces personnes renforcent le milieu universitaire par les connaissances, le talent et les compétences qu’elles apportent à l’enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation, et ce, dans l’intérêt de tous les Canadiens. »
Diverses universités ainsi que la Fédération des sciences humaines ont publié des déclarations semblables à propos du décret, qui suspend également l’entrée des réfugiés aux États-Unis. Les protestations qui ont éclaté dès le week-end suivant sa signature se sont poursuivies dans la journée de lundi.
« Déjà le dimanche matin, nos membres ont commencé à nous adresser des demandes pressantes sur ce que nous pouvions faire en tant qu’organisation », indique le président-directeur général d’Universités Canada, Paul Davidson. Selon lui, la dernière fois que l’organisation avait reçu de ses membres un tel torrent de réactions, c’était lors de la publication de la photo d’Alan Kurdi, ce petit Syrien de trois ans retrouvé sans vie sur une plage de la Méditerranée après s’être noyé pendant la traversée.
« Nous n’avons pas l’habitude de commenter les situations politiques et les décisions stratégiques de pays étrangers, souligne M. Davidson, mais les répercussions du décret américain sont si réelles, immédiates et profondes que nous avons cru, cette fois, devoir agir. Ces répercussions sont on ne peut plus réelles : au cours du week-end qui a suivi la signature du décret, des chercheurs et des étudiants étrangers désireux de rentrer aux États-Unis après leurs séjours au sein d’universités canadiennes se sont vus refouler à la frontière. »
De multiples cas semblables ont été signalés dans les médias, y compris celui d’une résidente torontoise chercheuse au MIT, qui a décidé de reporter la visite qu’elle entendait rendre à sa famille au Canada le mois prochain. On peut également citer le cas d’un étudiant au doctorat à l’Université Simon Fraser, désormais empêché de rendre visite à son frère à New York, ou encore celui de ce couple d’étudiants à l’Université de Winnipeg, qui n’a pas été autorisé à monter à bord d’un vol pour la Californie le samedi 28 janvier.
Selon Mehrdad Hariri, président du Canadian Science Policy Centre possédant la double citoyenneté canadienne et iranienne, le décret signé par le président Trump « aura d’énormes répercussions sur le milieu de la recherche scientifique », dont la bonne santé repose sur « la collaboration, l’échange d’idées et le réseautage ». M. Hariri lui-même avait prévu d’assister à un congrès scientifique à Boston, le mois prochain, mais il hésite maintenant. Malgré la nouvelle voulant que les Canadiens ayant la double nationalité soient exemptés de l’application du décret, il estime, se souvenant de ses expériences après les évènements du 11 septembre 2001, qu’il faut « voir ce que ça donnera à l’embarquement. La seule façon de le savoir c’est de se rendre à l’aéroport et d’attendre de voir comment le décret sera interprété. »
Les universités s’emploient déjà à trouver des moyens de venir en aide aux personnes touchées par le décret, dont on parle beaucoup sur Twitter (#MuslimBan). Le recteur de l’Université de la Colombie-Britannique, Santa Ono, a mis sur pied un groupe de travail doté d’un budget initial de 250 000 $, chargé de trouver comment venir en aide aux personnes touchées. Pour sa part, le recteur de l’Université de Toronto, Meric Gertler, a recommandé aux professeurs et aux étudiants préoccupés par les restrictions de voyage de communiquer avec le service de soutien téléphonique mis en place. La rectrice de l’Université de Calgary, Elizabeth Cannon, a fait de même. En plus d’avoir publié une déclaration, Universités Canada collabore étroitement avec le Bureau du premier ministre et avec divers ministères fédéraux dans le but de « diffuser de l’information et de fournir des exemples concrets des répercussions du décret », précise M. Davidson.
Peu de temps après l’annonce du décret, l’Association of Public and Land-Grant Universities et l’Association of American Universities ont publié des déclarations le dénonçant. De son côté, la European University Association, qui représente 850 établissements répartis dans 47 pays, a appelé le président Trump à « annuler ou à reformuler son décret pour éviter toute entrave à la libre circulation des personnes et du savoir, ainsi qu’à prendre en compte l’importance globale pour la société de la mobilité internationale et de l’ouverture sur le monde ».
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
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