Un Cercle de leadership autochtone en recherche prend forme
L’initiative, qui concerne également la Fondation canadienne pour l’innovation, prend racine dans les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.
Lorsque Lee Wilson a été embauché par l’Université de la Saskatchewan en 2004, il est devenu le premier professeur de chimie canadien d’origine autochtone.
Aujourd’hui encore, il y en a très peu. M. Wilson espère toutefois amener un vent de changement, grâce à sa toute nouvelle nomination à titre de membre du Cercle de leadership autochtone en recherche, destiné à offrir des conseils aux présidents des trois organismes fédéraux de financement de la recherche – les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) ainsi que le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) – de même qu’à la présidente-directrice générale de la Fondation canadienne pour l’innovation.
« Il y a une grande sous-représentation des personnes autochtones dans les domaines des sciences naturelles et du génie », fait remarquer M. Wilson, un Métis originaire de Lake Francis, au Manitoba. « On retrouve certes des étudiants autochtones au premier cycle, mais peu d’entre eux poursuivent des études aux cycles supérieurs. Je crois qu’il existe des moyens de changer les choses. »
En mai, Ottawa a dévoilé l’identité des 18 membres du Cercle, lequel est composé d’Aînés, de jeunes, de gardiens du savoir et de professeurs à différents stades de leur carrière provenant de partout au pays, tous sélectionnés à la suite des recommandations d’un comité externe constitué d’universitaires et de membres des Premières Nations, inuits ou métis.
Le Cercle a pour mandat de conseiller les organismes subventionnaires dans quatre sphères spécifiques : l’établissement de relations avec les peuples des Premières Nations, inuits et métis; le soutien des priorités de recherche des collectivités autochtones; l’amélioration de l’accès aux subventions de recherche; et la promotion du leadership, de l’autodétermination et du renforcement des capacités de recherche des personnes autochtones.
Un rôle de supervision
Comme le souligne l’annonce officielle, le Cercle se veut plus qu’un simple groupe consultatif. La plupart du temps, ceux-ci sont formés afin d’explorer des questions précises et de solliciter des avis, avant de céder le pouvoir décisionnel à une instance, explique Dominique Bérubé, vice-présidente, Recherche, du CRSH.
« Le Cercle est plutôt une entité qui supervise de façon permanente la mise en œuvre de notre plan stratégique » en appui à la recherche autochtone et à la formation en recherche autochtone, précise Mme Bérubé. « Les membres peuvent décider de s’investir dans d’autres sujets, leur mandat n’étant pas limité à un champ précis », poursuit-elle en ajoutant que d’autres organismes gouvernementaux ont exprimé leur volonté de pouvoir compter sur les conseils des membres du Cercle.
L’idée à l’origine de la création du Cercle remonte à la publication, en 2015, du rapport de la Commission de vérité et réconciliation, lequel contenait 94 appels à l’action et soulignait l’importance de la recherche pour la progression de la compréhension de la réconciliation.
Trois ans plus tard, Ottawa a consenti un investissement de 3,8 millions de dollars au CRSH afin qu’il élabore un plan stratégique visant à cibler de nouvelles façons dont les activités de recherche peuvent être menées par les communautés autochtones et de concert avec elles. Le plan comprend en outre des stratégies pour accroître la capacité des communautés des Premières Nations, inuites et métisses à mener leurs propres activités de recherche et à établir des partenariats avec le milieu scientifique.
M. Wilson indique que le Cercle, qui s’est réuni pour la première fois en juin, en est toujours à déterminer comment il s’acquittera de son rôle, et qu’il tiendra sa première réunion avec les présidents des organismes subventionnaires à la fin juillet.
À son avis, le Cercle devrait préconiser une « approche progressive » visant à accroître le nombre d’universitaires autochtones qui accèdent à des postes de professeurs. Lorsqu’il a été embauché à l’Université de la Saskatchewan, il a obtenu une subvention du CRSNG destinée aux femmes, aux personnes autochtones et aux autres minorités occupant des postes de professeurs. Ce financement a couvert la moitié de son salaire durant ses cinq premières années en tant que professeur titulaire.
Même s’il avait reçu d’autres offres, il a opté pour le poste subventionné à l’Université de la Saskatchewan, parce qu’il convenait davantage à ses intérêts et lui permettrait de mener des travaux de recherche en lien avec les problèmes de qualité de l’eau, ce qui constitue un champ de recherche primordial dans les collectivités autochtones éloignées.
Du soutien social et pédagogique
Même si le programme de subvention du CRSNG n’existe plus, M. Wilson ne croit pas qu’il aurait été utile aujourd’hui pour la plupart des scientifiques autochtones de toute façon. « Ce n’est pas suffisant, à moins qu’il y ait un bassin de candidats prêts à intégrer le corps professoral, explique-t-il. Nous avons surtout besoin d’une série de programmes qui aident les étudiants autochtones à accéder à des possibilités auxquelles ils auraient de la difficulté à accéder autrement. »
On parle ici de la création de programmes de niveau secondaire visant à encourager les jeunes autochtones à étudier en sciences. Une fois qu’ils atteignent l’université, la meilleure façon d’aider ces étudiants à obtenir leur diplôme est de leur offrir du soutien sur le plan social, comme des services d’orientation spécialisés ou des conseils pour présenter des demandes de bourses ou de l’aide financière provenant d’un conseil de bande, souligne M. Wilson. « Ces formes de soutien sont tout aussi importantes, sinon plus importantes que l’aide financière. » À l’instar de M. Wilson, Alexander Duncan, également membre du Cercle, indique que les détails de son mandat sont toujours en cours d’élaboration.
« Le Cercle a été créé afin d’orienter la mise en œuvre du plan stratégique, mais il est probable que son mandat s’élargisse afin d’englober d’autres initiatives, précise M. Duncan. Le groupe tient notamment à ce que les trois organismes subventionnaires soient garants de la mise en œuvre adéquate du plan stratégique, et que le tout soit effectué de manière respectueuse et significative. »
Doctorant à l’Université de la Colombie-Britannique et s’intéressant à la lamproie de mer, M. Duncan est membre de la Première Nation des Chippewas de Nawash, située dans le sud-ouest de l’Ontario. Il soutient que son identité autochtone influence grandement sa façon d’aborder la recherche et, par conséquent, la façon dont il exercera son rôle en tant que membre du Cercle.
« Cette posture entraîne une responsabilité envers tout ce qui est en relation avec moi, y compris les poissons! Elle m’offre une double perspective, soit la science occidentale et les connaissances autochtones. »
Selon M. Duncan, il est temps d’éliminer les obstacles institutionnels et liés au financement auxquels se butent les chercheurs et les communautés autochtones. Il faut passer outre les « pratiques de recherche antérieures appauvrissantes et contraires à l’éthique. Si le Cercle ne peut changer le passé, il peut néanmoins contribuer à bâtir un avenir meilleur pour les universitaires et les communautés autochtones ».
Postes vedettes
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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