Vaste étude sur les effets des coups à la tête

Une quarantaine de joueurs de football participent à une étude du chercheur Louis De Beaumont sur la résilience du cerveau.

21 octobre 2019

Comprendre les commotions cérébrales dans le monde du sport est à l’agenda public depuis des années. On tente toujours d’en savoir davantage sur le cerveau et ses réactions à la suite de compétitions sportives de contact. Malgré tout, peu de choses sont connues au sujet de la résilience du moteur de notre corps. Et si les coups majeurs n’étaient pas les seuls à avoir un impact à long terme sur le sportif qui les subit? C’est la question sur laquelle se penche depuis un certain temps Louis De Beaumont, neuropsychologue, professeur et chercheur à l’Université de Montréal.

La science a effectivement cette qualité d’être très précise : se pencher sur une problématique implique de la cibler avec exactitude pour ensuite l’étudier le plus exhaustivement possible. Dans le cas qui nous intéresse, il est important de noter qu’il est bien question de coups à la tête, et non de commotions cérébrales à proprement parler, les commotions étant l’une des conséquences des coups à la tête.

Ainsi, l’équipe de M. De Beaumont, à l’aide de tests effectués par résonnance magnétique, suit une quarantaine d’athlètes évoluant dans la ligue de football universitaire québécoise depuis le début de la saison 2019. Des athlètes des universités McGill, Concordia et de Montréal ont accepté de se prêter au jeu.

Compte tenu de son horaire régulier, de sa courte saison, du nombre d’équipes présentes dans un petit rayon à Montréal et par la nature du sport, le football universitaire s’avérait un choix évident lorsqu’est venu le temps d’étudier les impacts des coups à la tête.

« On ne peut pas bouger la machine IRM (imagerie par résonance magnétique) », souligne M. De Beaumont pour démontrer les contraintes qui se sont présentées au moment de structurer son étude. Le chercheur se dit du coup choyé de pouvoir compter sur une quantité d’étudiants au doctorat intéressés et impliqués dans l’étude, sans compter les sujets eux-mêmes, « des athlètes de haut niveau avec l’ouverture d’esprit universitaire ».

Tous les joueurs ont été testés en début de campagne, avant d’avoir subi le moindre contact. Depuis, ils ont tous refait l’exercice lors de deux matchs consécutifs de leur équipe, avant et après lesdites parties.

Par ailleurs, lors des matchs où l’étude a été menée, des capteurs imperceptibles par les athlètes ont été installés dans les casques afin de bien comprendre les coups subis. « On reçoit tout en temps réel pendant les matchs, sur des tablettes. L’angle, la force des coups, tout est comptabilisé. Et pour les piles, il n’y a pas d’enjeu actuellement, nous n’avons pas eu à en remplacer », explique le chercheur, visiblement satisfait de la tournure des événements.

La résilience du cerveau

« Ce qu’il y a d’intéressant avec cette formule, c’est qu’on peut réellement savoir quel était le portrait au début de la saison, avant et après chacune des deux parties, et à la fin du calendrier », explique M. De Beaumont. « On veut savoir s’il y a un effet de type rouleau compresseur pendant les quelques semaines que dure la saison de football », poursuit-il, ajoutant que les sujets de la recherche seront finalement examinés une septième et dernière fois au début de la prochaine campagne, après un long repos.

De si nombreux tests représentent « une première mondiale » en termes de recherche sur les coups à la tête subis dans le cadre d’activités sportives. Voilà donc pourquoi il est question de résilience du cerveau : l’étude permettra de constater à quel point le temps agit sur la réparation des dommages.

Des améliorations matérielles

Ultimement, une amélioration des équipements pourrait donc survenir grâce aux données amassées par cette étude. Les compagnies fabricant les casques sont ouvertes à l’amélioration, sans oublier l’avènement de l’impression 3D, qui pourrait éventuellement « permettre de bâtir un casque sur mesure. Tout ça a un coût, mais la National Football League et la National Collegiate Athletic Association [NDLR : les deux ligues majeures de football aux États-Unis] ont de l’argent et sont à la recherche des mêmes réponses que nous », explique Louis De Beaumont.

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