Épouser la cause du développement durable
Les 17 objectifs de développement durable de l’ONU seront au cœur des efforts des universités pour atteindre un monde meilleur et plus prospère.
Imaginez une liste de vœux pour une meilleure planète. Ne voudriez-vous pas éradiquer la pauvreté, bloquer les changements climatiques, débarrasser les océans du plastique pour préserver la vie marine et instaurer des systèmes sociaux où chacun a une place d’importance égale à la table commune?
Votre liste s’apparenterait peut-être aux objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Formulés en 2012 et adoptés en 2015 par les États membres des Nations Unies, les 17 objectifs – les ODD ou Objectifs mondiaux – sont considérés comme le plan d’action pour la paix et la prospérité des gens et de la planète, maintenant et pour l’avenir. Ils constituent le fondement du Programme 2030 de l’ONU pour le développement durable et couvrent entre autres la qualité de l’éducation et les villes durables.
Les ODD se démarquent par leur interdépendance; aucun objectif ne peut être atteint en ignorant les autres. Cette relation étroite requiert une concertation et une réflexion interdisciplinaire. En 2017, Peter Thomson, alors président de l’Assemblée générale des Nations Unies, a imploré les universités du monde entier de faire des objectifs « une partie intégrante de la recherche, de l’enseignement et de la réflexion dans leurs établissements ». Elles ont explicitement été appelées à adopter les Objectifs mondiaux, vu leur proximité avec la génération qui fera les frais des problèmes et qui jouera un rôle central dans leur résolution.
« Le projet des ODD est un défi pour l’ensemble de la société », affirme Jean Andrey, doyenne de la Faculté de l’environnement à l’Université de Waterloo et présidente du Réseau des solutions de développement durable du Canada (SDSN Canada), composé de 44 membres. L’Université de Waterloo est le membre fondateur et l’hôte du réseau, qui s’inscrit dans un mouvement mondial visant à promouvoir les ODD par l’éducation et la recherche. « Les universités sont bien placées pour remplir ce rôle important en raison de leurs capacités en matière de recherche et de la façon dont nous contribuons à former les leaders de demain », explique Mme Andrey.
Quiconque a trimballé une tasse réutilisable sur le campus sait que la durabilité n’est pas un concept nouveau dans les universités canadiennes; nombre d’entre elles offrent des cours et des programmes et prennent part à des activités connexes depuis des décennies. Cependant, les Objectifs mondiaux offrent enfin un cadre de travail unificateur qui reconnaît que les actions menées sur des enjeux en apparence distincts sont en fait interreliées. Ainsi, les efforts visant l’éradication de la pauvreté et de la faim souligneront l’importance d’une éducation de qualité, de l’égalité des sexes et d’un milieu de travail inclusif. Les objectifs se déclinent en cibles claires et des indicateurs permettent d’évaluer les progrès.
Il y a 20 ou 30 ans, les premières mesures prises par les campus « laissaient présager une prise de conscience sur la nécessité du changement, précise Mme Andrey. Mais nous pouvons maintenant reconnaître les systèmes qui doivent être changés et comprendre qu’une action ou une décision peut entraîner plusieurs résultats ».
Il ne s’agit pas seulement de la réponse des universités à un impératif moral. Celles qui ont intégré les ODD à leurs activités affirment que c’est l’occasion de réaffirmer leur pertinence et d’apporter des changements aux cursus ainsi qu’à la pédagogie qui interpelleront les étudiants qui souhaitent agir concrètement sur l’état du monde.
« L’enseignement primaire et secondaire a tellement évolué en ce qui concerne l’apprentissage par l’enquête et la sensibilisation aux ODD que nous avons ce que certains marchés à l’international désignent comme la “Cohorte 2030” », rapporte Elisabeth Rees-Johnstone, directrice exécutive de l’apprentissage continu et professionnel de l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario à l’Université de Toronto. Elle a aidé à organiser les « 17 tables » qui ont réuni les membres du corps professoral de l’Université pour discuter des effets des ODD sur l’enseignement et la recherche. Selon elle, la génération qui atteindra la maturité lors de la prochaine décennie viendra à l’université en s’attendant à retrouver ces mêmes orientations dans leurs études postsecondaires, et les établissements doivent être prêts à suivre.
C’est son intérêt marqué pour la justice sociale en éducation qui a mené Andrea Niosi, professeure en marketing à l’Université polytechnique Kwantlen, à rédiger, en collaboration avec ses étudiants, Introduction to Consumer Behaviour, un manuel gratuit en libre accès. L’ouvrage examine les conséquences d’un marketing peu responsable. De plus, elle s’est jointe à une association formée de trois établissements avec d’autres professeurs en histoire de l’art et en mathématiques pour créer des « travaux renouvelables », des tâches dont la valeur surpasse les exigences d’un cours et qui favorisent l’exploration des répercussions sociales de figures populaires comme les mascottes sportives. Ce sont deux initiatives qui incorporent les ODD.
Les étudiants « voient comment s’inscrit notre sujet dans une perspective plus large », explique Mme Niosi, l’une des nombreux membres du corps professoral de cette université qui ont reçu une bourse pour la pédagogie ouverte des objectifs de développement durable des Nations Unies. « Ils n’avaient jusqu’ici jamais envisagé d’utiliser le marketing pour atteindre des objectifs sociétaux et en matière de durabilité. »
La Faculté d’agriculture de l’Université Dalhousie, à Truro, en Nouvelle-Écosse, a été si inspirée par les objectifs qu’elle les a mis au cœur de son plan quinquennal (comme un nombre croissant d’universités), et les a intégrés au processus de recrutement des étudiants. Les ODD visant à nourrir une population mondiale croissante, à lutter contre les changements climatiques et à assurer l’accès à l’eau potable sont des défis énormes qui toucheront l’agriculture, explique David Gray, doyen de la Faculté. Pour les étudiants potentiels, l’idée de relever ces défis donne une couleur avant-gardiste à un secteur souvent affublé d’une image poussiéreuse et archaïque.
« Pour attirer les jeunes brillants et motivés dont nous avons besoin en agriculture, nous devons leur faire prendre conscience de l’importance actuelle de notre discipline, importance qu’ils auront à leur tour dans les années à venir », explique M. Gray. Par conséquent, la Faculté s’est engagée entre autres à multiplier les travaux de recherche sur les technologies agricoles propres, à donner l’exemple en matière de pratiques exemplaires dans la gestion durable des ressources et de la réduction des déchets, à intégrer le savoir autochtone aux programmes, et à nouer des partenariats avec les collectivités autochtones et locales pour améliorer la sécurité alimentaire.
Les ODD à l’université
L’école d’été sur la transformation sociétale sera l’occasion pour 50 étudiants provenant de l’administration publique, des universités, de la société civile et de l’entreprise privée de réfléchir à « la pensée systémique » appliquée aux enjeux visés par les ODD à l’échelon municipal. Le programme, qui se déroulera à distance pendant deux semaines en août, est offert par le Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable de Montréal, en partenariat avec l’Université Laval, l’Université Concordia, l’Université Acadia, SDSN Canada, Universités Canada et la Maison de l’innovation sociale de Montréal. Le programme devrait servir cet été de projet pilote pour les années à venir en mettant sur pied une communauté de pratique pour les anciens des universités qui travaillent sur les ODD.
Pour les besoins d’une étude qui vise à cerner comment leurs activités s’inscrivent dans les ODD, et à établir un ensemble cohérent de paramètres pour fournir au secteur coopératif des indicateurs de rendement pertinents, Daphne Rixon, professeure en comptabilité à l’Université St. Mary’s, a recruté environ 30 coopératives et mutuelles, des entreprises axées sur la collectivité et détenues par les membres, comme les coopératives d’épargne et d’assurances. Elle souhaite que les organismes utilisent les indicateurs de rendement pour mieux expliquer leur raison d’être et accroître l’intérêt général pour le modèle coopératif. L’étude est financée par une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines.
Avec l’initiative Répondre à l’appel, l’Université York met au défi les universités de faire progresser la cause des ODD pendant un an. Des consultations virtuelles ont été menées et des membres du milieu ont été appelés à proposer des mesures concrètes.
L’Université McGill est un membre fondateur de la coalition universitaire du Pacte mondial, une plateforme internationale qui favorise la collaboration des universités sur des projets liés aux ODD en partenariat avec l’ONU. Dans le cadre de cette initiative, l’Université s’est associée au Georgia Institute of Technology pour élaborer une offre de cours liés aux ODD et offrir diverses occasions d’apprentissage par l’entremise d’une communauté de pratique avec d’autres universités.
La visibilité des ODD a connu un essor important en 2019 lorsqu’ils ont servi de base au palmarès « Impact Rankings » établi par le Times Higher Education (qui publie aussi chaque année un palmarès universitaire à l’échelle mondiale). Le palmarès « Impact Rankings » classe les universités selon leurs résultats généraux en matière d’ODD. Le Canada a toujours fait bonne figure, décrochant dès la première année trois places parmi les 10 premières : l’Université McMaster (deuxième), l’Université de la Colombie-Britannique (troisième, ex æquo) et l’Université de Montréal (septième). L’Université de la Colombie-Britannique est restée parmi les 10 premières en 2020, avec la septième place pour l’ensemble, et la première dans deux sous-catégories : l’action climatique et la vie sous-marine. Le palmarès 2021 sera annoncé en avril.
L’Université de la Colombie-Britannique attribue ces honneurs à ses efforts de longue date en matière de durabilité. Comme d’autres, elle a fait le bilan des réalisations en examinant comment elles s’inscrivaient dans les ODD. La démarche a entraîné la production d’un rapport à la fin de 2020 qui présente les programmes et les projets liés à chacun des 17 objectifs. Il dévoile un plan sur la durabilité qui intègre les ODD, conçu par l’Alma Mater Society qui est dirigée par des étudiants. Il fait également état d’une semaine consacrée aux Objectifs mondiaux au début de mars 2020 (juste avant la pandémie), pendant laquelle 10 activités ont été organisées par des étudiants « ambassadeurs de la durabilité ».
Le rapport présente aussi le SDG Praxis Institute de l’Université de la Colombie-Britannique, un programme virtuel de sept semaines s’adressant surtout aux finissants du premier cycle, qui a été offert en juillet et en août derniers. « Le programme s’est déroulé pendant l’été et les étudiants se sont présentés à chaque cours alors qu’ils ne rapportaient aucun crédit », s’étonne Tamara Baldwin, directrice du Bureau de l’engagement communautaire de l’Université de la Colombie-Britannique, qui a coorganisé le programme en collaboration avec le British Columbia Council for International Cooperation.
À la fin du programme Praxis, les étudiants devaient produire un document préparatoire et proposer à de hauts fonctionnaires fédéraux des modifications aux politiques qui permettraient de se rapprocher des Objectifs mondiaux tout en aidant le Canada à se remettre de la pandémie. Certains étudiants se sont sentis si investis qu’ils ont mis leurs nouvelles compétences à profit dans des groupes étudiants comme la SDG Alliance de l’Université de la Colombie-Britannique. Le groupe, à son tour, a organisé une table ronde virtuelle à l’automne dernier pour faire circuler les idées concernant la poursuite des objectifs sur le campus.
« Le programme Praxis offrait un nouveau moyen de mobilisation. Il nous a incités à adopter une démarche critique », affirme Umut Ersoy, un finissant en relations internationales qui a participé avec Kate Theriault, étudiante de troisième année en géographie et sciences politiques. Tous les deux étaient parmi les 10 cofondateurs de la SDG Alliance. Ils affirment que Praxis leur a permis de mieux comprendre l’origine des Objectifs mondiaux et l’assise théorique sur laquelle ils reposent. Ils ont vécu une belle expérience de sensibilisation auprès de hauts fonctionnaires.
« Nous avons exprimé nos apprentissages sur les ODD dans nos propres mots au sein de l’Alliance et dans le cadre d’une collaboration nationale », explique Mme Theriault. Les étudiants ont souvent une expérience pratique des problèmes que visent à résoudre les objectifs, comme l’insécurité alimentaire. Ils peuvent donc représenter l’étudiant moyen et les enjeux qui le touchent dans la promotion des objectifs, tout en bénéficiant du soutien de l’Université, qui s’est engagée dans la démarche.
Les Objectifs de développement durable
- Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde.
- Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable.
- Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge.
- Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
- Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.
- Garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable.
- Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable.
- Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous.
- Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation.
- Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre.
- Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables.
- Établir des modes de consommation et de production durables.
- Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions.
- Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.
- Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité.
- Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous.
- Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement et le revitaliser.
Le Programme 2030 de l’ONU est une occasion en or pour les chercheurs de mettre à profit leurs connaissances actuelles et de défricher de nouvelles voies pour orienter et évaluer les progrès au moyen d’outils et de preuves tangibles. Il permet aussi d’attirer l’attention sur les résultats de la recherche et de leur donner du poids grâce à la mobilisation internationale, à laquelle participe le gouvernement canadien, qui a confié la responsabilité de la poursuite des Objectifs mondiaux à Emploi et Développement social Canada (EDSC). Universités Canada (qui publie Affaires universitaires), a reçu une subvention d’EDSC pour promouvoir les ODD et aider les universités à coordonner leurs activités.
« Comme tout État-nation, [le Canada est] responsable devant ses pairs », rappelle Corinne Schuster-Wallace, professeure en santé humaine liée à l’eau à l’Université de la Saskatchewan. Elle est coauteure d’un rapport rédigé en 2019 dans le cadre du programme de recherche Global Water Futures (GWF) dirigé par l’Université de la Saskatchewan, qui concluait, au moyen des indicateurs des ODD, que le Canada n’est pas un pays où la sécurité de l’eau est assurée. La fréquence accrue d’inondations dévastatrices, de sécheresses et d’éclosions d’algues toxiques figure parmi les exemples cités, qui s’ajoutent à la piètre qualité de l’eau dans de nombreux cours d’eau au pays et à la qualité insuffisante de l’eau dans certaines collectivités des Premières Nations. Le rapport a mené à des rencontres avec des fonctionnaires fédéraux à Ottawa et à des discussions entre les gouvernements et les chercheurs du réseau. Le GWF se penche sur des solutions de gestion des risques pour traiter l’eau en menant des actions conjointes avec l’Université McMaster, l’Université Wilfrid Laurier et l’Université de Waterloo.
L’interdisciplinarité des ODD peut poser un défi pour les établissements dont la culture tend à se cloisonner. Plus l’université est grande, plus un travail préparatoire peut s’avérer nécessaire. C’est l’impulsion à l’origine des « 17 tables » à l’Université de Toronto qui a réuni quelque 130 professeurs de trois campus, toutes disciplines confondues. De même, l’Université du Manitoba a formé un groupe de travail d’environ 15 chercheurs spécialisés dans l’étude de l’eau, en plus de quelques étudiants, pour mieux faire connaître les travaux de recherche de chacun et favoriser la concertation.
En 2018, l’Université du Manitoba a été nommée Centre de référence pour l’Objectif 6 : eau propre et assainissement. Le titre lui a été attribué en raison du grand volume et de l’ampleur de ses travaux de recherche dans le domaine. Parmi eux, Create H2O, un programme visant à combler les lacunes dans la recherche et la formation sur l’accès sécuritaire à l’eau pour les Premières Nations, financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie. Bien que la pandémie ait ralenti le cours des activités, l’Université se réjouit à l’idée de collaborer étroitement avec les 16 autres Centres de référence de l’Impact universitaire des Nations Unies dans d’autres régions du monde.
Pour Roger Petry, professeur de philosophie au Collège Luther de l’Université de Regina, une telle collaboration ne se traduit pas forcément par des projets conjoints. Avec Jocelyn Crivea de l’Université de Regina, M. Petry codirige un groupe de sept universités de partout dans le monde depuis 2018 pour travailler sur l’Objectif 12, Consommation et production durables, pour le compte de l’Association internationale des Universités. « Nous n’accomplissons pas nécessairement de nouvelles choses ensemble, mais nous apprenons les uns des autres », explique-t-il. Le groupe, qui comprend des établissements d’Allemagne, du Kenya, de la Malaisie, du Sri Lanka, de la Colombie, du Pérou et du Canada, échange des idées sur les achats et l’approvisionnement dans les universités.
M. Petry a fait part au groupe de sa vision des universités en tant que sites potentiels de partage d’équipements volumineux avec les collectivités et les entreprises manufacturières locales. Un membre du groupe, l’Université Moi au Kenya, met déjà l’idée en pratique en assemblant des ordinateurs portables pour des écoliers, créant ainsi de l’emploi à l’échelle locale et produisant des revenus pour l’Université. M. Petry compare ce type de collaboration aux recettes que l’on adapte à notre garde-manger. « Le développement durable consiste à calquer des idées et à les retoucher. »
Les ODD sont aussi la cible de critiques. Au début de 2020, trois professeurs de l’Université de la Colombie-Britannique ont adressé une lettre ouverte au conseil d’administration de leur établissement pour le mettre en garde contre une « adoption sans discernement » du cadre de travail, sous prétexte d’accéder au statut de meneur. Ils ont aussi exprimé leur inquiétude face à l’absence d’une pluralité de points de vue dans les ODD sur ce qui constitue la durabilité.
On a aussi reproché aux objectifs de ne pas aller assez loin, de représenter uniquement la perspective des collectivités privilégiées au détriment des collectivités marginalisées (y compris les peuples autochtones) et de risquer de favoriser le développement aux dépens de l’écologie. De plus, bien qu’il soit tentant pour certains départements de revisiter des programmes existants à la lumière des objectifs, la professeure en marketing à l’Université polytechnique Kwantlen, Mme Niosi, avance qu’il serait préférable d’effectuer une restructuration complète des programmes pour intégrer les principes des ODD au contenu des cours et à la pédagogie. « À mes yeux, il s’agit de la démarche gagnante », dit-elle.
L’impulsion est donnée. Le Programme 2030 existe déjà depuis six ans et l’ONU a nommé les années 2020 la « Décennie d’action ». Après avoir consacré quelques années à bâtir son réseau, SDSN Canada travaille à mobiliser ses membres par le recensement et l’examen des lacunes dans la recherche liée aux ODD. En mai 2020, le Réseau a été l’hôte de Together/Ensemble, une conférence nationale virtuelle consacrée aux ODD, qui a attiré 1 400 participants extérieurs au milieu universitaire. Pendant cette rencontre organisée en partenariat avec l’Université Laval et la Waterloo Global Science Initiative, la discussion a principalement traité du clivage sur les questions environnementales et sociales mis en lumière par la pandémie et que les ODD visent à surmonter.
Mme Andrey, de l’Université de Waterloo, explique que son groupe sent le besoin de poursuivre les efforts de sensibilisation aux ODD, encore méconnus au Canada. Elle entrevoit pourtant la suite avec optimisme. Les établissements universitaires sont de plus en plus ambitieux dans leurs plans sur la durabilité, et les principes d’équité, de diversité et d’inclusion sont intégrés de manière toujours plus harmonieuse.
« Sur les campus, dont le nôtre, la majorité des gens parle de durabilité, dans toutes les disciplines. Le mouvement derrière les ODD contribue à l’essor à l’échelle mondiale. »
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