La fin des bourses d’admission?

Nombreuses sont les universités qui utilisent les bourses d’admission automatiques pour attirer les étudiants, sans toutefois savoir si cette démarche produit le résultat escompté.

30 août 2017
Photo de Ariel Lustre sur Unsplash.

Bon nombre de jeunes attendent avec impatience le moment où ils recevront un message disant qu’ils ont été acceptés à l’université de leur choix et qu’une bourse d’études de quelques milliers de dollars leur est offerte de surcroît. Pour l’étudiant et sa famille, l’obtention d’une bourse d’études peut être perçue comme la reconnaissance officielle des années d’efforts fournis à l’école. Certains des étudiants les plus ambitieux s’attendent même à en recevoir une.

Il est difficile de savoir exactement combien les universités canadiennes dépensent en bourses d’admission, mais on peut affirmer sans se tromper qu’elles y consacrent des dizaines de millions de dollars par année, et possiblement plus de 100 millions provenant des fonds de fonctionnement et de dotation. Pourtant, on ne sait pas si ces fonds (particulièrement ceux qu’on accorde aux étudiants en fonction de leurs notes à l’école secondaire) parviennent à recruter le type d’étudiants recherché par les universités.

L’automne dernier, près de 1 000 étudiants canadiens au premier cycle ont répondu à un sondage mené conjointement par l’Academica Group, un cabinet-conseil spécialisé en recherche, et le site Web ScholarshipsCanada.com, visant à déterminer si l’obtention d’une bourse d’admission a une incidence sur le choix d’une université. Le sondage a révélé que si plus de la moitié des étudiants se sont vus offrir une bourse, seuls 39 pour cent disent en avoir tenu compte dans le choix d’une université, et seulement trois pour cent ont modifié leur choix lorsqu’ils se sont vus offrir une bourse d’études.

En fait, la réputation d’une université en matière d’excellence scolaire et d’expérience étudiante est beaucoup plus valorisée que les bourses d’admission. La plupart des bourses offertes aux participants au sondage valaient moins de 2 500 $ chacune et n’étaient pas renouvelables, ce qui a mené les auteurs du rapport à recommander que les établissements offrent moins de bourses d’études, mais qu’ils en accroissent la valeur afin d’attirer les étudiants qu’ils souhaitent réellement recruter.

Les bourses d’admission automatiques, c’est-à-dire les bourses pour lesquelles les étudiants de première année n’ont pas à présenter de demande, sont répandues dans l’ensemble du pays, et plus particulièrement dans les nombreuses universités de l’Ontario. Une enquête publiée dans le Canadian Journal of Economics en mai 2012 révèle que 15 des 19 universités de la province offrent ce type de bourses d’admission aux étudiants dont la moyenne se situe entre 80 et 90 pour cent. Pour recevoir la bourse, les étudiants n’ont qu’à accepter l’offre d’admission de l’université avant l’échéance. Devant l’omniprésence des bourses d’admission automatiques et l’absence de résultats concrets, certains se demandent si ces fonds ne pourraient pas être mieux utilisés.

Une gestionnaire de l’aide financière dit souhaiter que ce type de bourses disparaisse, sauf les bourses d’admission très prestigieuses pour lesquelles les étudiants doivent faire une demande (et qui sont bien souvent financées par des fonds de dotation de donateurs privés, et non par des fonds de fonctionnement). Ainsi, au lieu d’injecter plusieurs millions de dollars dans un programme fondé sur les notes et dont le rendement est incertain, les fonds consacrés à l’aide financière pourraient être utilisés pour répondre aux besoins particuliers des étudiants. « Nous le faisons parce que toutes les autres universités le font », a affirmé la gestionnaire, qui tient à garder l’anonymat.

Les choses sont appelées à changer dans certaines universités. C’est le cas de l’Université de la Colombie-Britannique qui a supprimé les bourses d’admission automatiques en 2012. Cette mesure lui a permis de réinvestir les 6,1 millions de dollars qui leur étaient consacrés dans d’autres formes de soutien comme son programme d’expériences à l’étranger Go Global et ses programmes de travail-études. L’automne dernier, l’Université a utilisé une partie de ses fonds et ceux de donateurs pour créer le programme Centennial Scholars, qui accorde jusqu’à 10 000 $ par an à 100 étudiants canadiens qui satisfont aux critères et qui sont en situation de besoin financier. L’établissement offre à dix d’entre eux une bourse « toutes dépenses payées » d’une valeur allant jusqu’à 20 000 $ par année pour couvrir les frais de scolarité et de subsistance, ce qui prouve que la gratuité scolaire n’est pas toujours suffisante pour convaincre les étudiants de modifier leur choix d’université.

Pour accroître leur attrait, certaines universités offrent des avantages non monétaires. Par exemple, l’Université de Windsor, qui accueille majoritairement des étudiants de la région, propose depuis 2002 le programme Outstanding Scholars qui récompense les 100 meilleurs nouveaux étudiants. Le prix en argent est peu élevé – 1 500 $ la première année – et pourrait même être appelé à disparaître, mais le programme offre quelque chose que les chercheurs, les professeurs et même les étudiants estiment beaucoup plus important : l’occasion de travailler dès la première année terminée à des projets de recherche auprès d’un professeur de l’Université et d’être rémunéré. Les étudiants peuvent ainsi gagner jusqu’à 1 500 $ par trimestre et acquérir une précieuse expérience en recherche qu’ils pourront inscrire à leur curriculum vitae.

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