Comment éviter de tomber dans la marmite à pression des cycles supérieurs

Quand le stress nous submerge, rappelons-nous ce que nous voulions accomplir en milieu universitaire.

08 mai 2024

À l’occasion de la Semaine de la santé mentale au Canada et de la Semaine internationale de sensibilisation à la santé mentale, je juge important de mettre de l’avant les défis de santé mentale qui se présentent aux cycles supérieurs, et les ressources en la matière.

Chez les étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs, on multiple par six le nombre de cas de dépression et d’anxiété par rapport à la population générale, selon une étude menée par Nature auprès de 2 300 personnes étudiant dans 234 établissements de 26 pays. Ces données vous surprennent-elles?

Les études supérieures m’ont frappée de plein fouet. Je ne suis pas la seule; chaque personne que j’ai rencontrée qui faisait de telles études m’a dit ressentir une pression accablante. Certaines parlaient même de tout abandonner – quelques-unes l’ont fait. Cette pression intense qui pèse sur les universitaires mène à un sentiment d’inadéquation et à un syndrome de l’imposteur, ce qui nuit à leurs relations et à leur bien-être général.

Pourquoi les études supérieures s’apparentent-elles à une marmite à pression?

La nature hautement concurrentielle et exigeante des études supérieures peut contribuer à créer un sentiment d’urgence et d’anxiété. Les attentes sont élevées. Notre besoin insatiable de toujours nous surpasser génère une peur de l’échec. Le stress, l’anxiété et les craintes nous poussent à négliger notre santé mentale et physique et à faire abstraction de nos vies personnelles. En tant qu’étudiante étrangère, le dépaysement, la barrière de la langue et l’éloignement de ma famille et de mes proches ont augmenté mon stress. J’avais du mal à trouver des collègues ayant un parcours similaire, ce qui ne faisait qu’accentuer mon sentiment d’isolement.

Pour surmonter ces défis tout en nous concentrant sur nos études, nous devons y apporter une attention particulière. Je propose donc aux étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs trois façons de transformer la marmite à pression en bouillonnement d’idées.

1. Souvenez-vous du « pourquoi »

Vous avez choisi de faire des études supérieures, d’étudier X avec professeure Y à l’Université de Z. Il devait bien y avoir une raison (p. ex. des valeurs, des besoins). Quand le stress vous submerge, rappelez-vous ce que vous vouliez accomplir en milieu universitaire. En vous souvenant du « pourquoi », prenez aussi conscience des émotions qui remontent et qui accaparent votre espace mental. Discutez avec une professionnelle ou un professionnel de la santé mentale à votre université, et posez-vous les questions suivantes pour recadrer votre expérience :

  • Comment transformer ces défis en occasion de croissance et d’apprentissage?
  • Est-il plus profitable de chercher à surmonter chaque obstacle ou d’apprendre de ses échecs, pour se renforcer en vue des prochains écueils?
  • Comment réécrire la situation pour en faire une histoire de croissance et d’apprentissage, qui m’aidera à tirer mon épingle du jeu?


2. Nouez des relations bienveillantes

Pour progresser dans vos études supérieures, vous aurez besoin de relations enrichissantes. Sur qui pouvez-vous compter quand vous avez besoin d’aide? Où trouvez-vous du réconfort? En misant consciemment sur des relations authentiques et bienveillantes, on se bâtit un système de soutien solide. Commencez par discuter avec votre directrice ou directeur de recherche ou de programme d’études supérieures et d’autres étudiantes et étudiants. Mes collègues (d’autres labos) et amies et amis ont été mes bouées de sauvetage pendant la période difficile où j’ai défendu ma thèse. Les échecs à répétition et les autres difficultés ont de quoi nous décourager, mais notre système de soutien, à l’université et à l’extérieur, peut nous aider à passer à autre chose. Il n’y a pas qu’une professeure ou un professeur qui puisse vous mentorer. Toute personne qui vous inspire ou qui a eu un cheminement similaire peut vous offrir un encadrement inestimable.

Tirez parti des services de santé mentale et de psychologie offerts à votre université, comme les consultations et les groupes de soutien. Besoin de conseils? Consultez les ressources suivantes offertes au Canada : guide pratique pour les étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs, ressources proposées par Mindnews et soutien en santé mentale.

3. Adoptez un mode de vie qui assure votre subsistance (et non votre survie)

À mon premier mois au Canada en tant qu’étudiante au postdoctorat, j’ai été surprise de voir les étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs carburer au café et aux beignes, le jour comme la nuit. Oui, la caféine et le sucre vous donnent une dose temporaire d’énergie, mais la biochimiste que je suis vous exhorte à en diminuer la consommation. Votre santé est votre bien le plus précieux : vous devez en prendre soin. Pour faire le plein d’énergie, intégrez à votre horaire des activités comme l’exercice, la méditation ou un passe-temps.

On ne répétera jamais assez en quoi le manque de sommeil nuit à la santé mentale. Quand nous manquons de sommeil, notre mémoire, nos facultés d’analyse, notre concentration et nos aptitudes d’interprétation sont compromises. Négliger de dormir pour accomplir plus de choses quand le temps manque équivaut donc à se saboter.

Les problèmes de santé mentale ne sont pas un signe de faiblesse, mais un appel à prendre soin de soi. En prenant de manière proactive des mesures pour gérer votre stress, bâtir un réseau de soutien et accorder à votre santé la priorité, vous pourrez affronter la pression universitaire.

Je dédie cet article à mon ancien étudiant et collègue, Anik Paul, qui étudiait aux cycles supérieurs à Purdue et qui est décédé l’an dernier.

Vous ressentez du découragement et vous ne savez plus vers quoi vous tourner?

Composez le 988, la ligne d’aide en santé mentale au Canada, ou consultez les ressources en santé mentale offertes.

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