Devenir parent quand on est étudiant.e international.e : conseils pour une transition réussie

Voici sept choses que nous aurions aimé savoir pour mieux nous préparer.

A man with a baby

Devenir parent, c’est l’une des expériences les plus transformatrices qui soient. Concilier la parentalité et les études aux cycles supérieurs ajoute une couche de complexité – surtout pour les étudiant.e.s provenant de l’étranger. De précédents textes réclamant un meilleur soutien pour les étudiant.e.s parents aux cycles supérieurs, des mesures concrètes dans les universités et, plus particulièrement, des mesures adaptées aux difficultés vécues par les étudiant.e.s parents immigrant.e.s ont ouvert le dialogue. Le présent texte puise dans notre vécu : nous sommes trois femmes cisgenres qui ont accouché pendant leurs études doctorales. Deux d’entre nous étaient des étudiantes internationales, et l’autre venait d’immigrer au Canada et travaillait comme conseillère auprès d’étudiant.e.s provenant de l’étranger. Voici donc sept choses que nous aurions aimé savoir pour mieux préparer notre transition à la parentalité.

1. Citoyenneté de l’enfant et déplacements à l’étranger

Les enfants né.e.s au Canada ont la citoyenneté canadienne. Mais attention : il est possible que les lois de votre pays d’origine limitent ou interdisent la double citoyenneté. Informez-vous d’avance. Si vous souhaitez voyager à l’étranger après la naissance, vérifiez si vous devez obtenir un passeport et/ou une preuve de citoyenneté pour votre enfant. Par exemple, un.e enfant ayant la citoyenneté canadienne (ou la double citoyenneté) doit avoir un passeport canadien valide pour revenir au Canada par voie aérienne.

2. Statut migratoire du ou des parents

Beaucoup d’établissements universitaires offrent un congé parental pouvant aller jusqu’à 12 mois, mais certains n’ont aucune politique officielle. Vérifiez d’avance si vous y avez droit. En pratique, cependant, la plupart des étudiant.e.s provenant de l’étranger sont contraint.e.s de limiter la durée de leur congé soit parce que leur permis d’études impose une limite de 150 jours de congé autorisé, soit parce que leur financement serait interrompu. Si vous êtes admissible à un congé autorisé, n’oubliez pas que les étudiant.e.s provenant de l’étranger ne peuvent pas travailler à moins d’étudier à temps plein. Pour toute question sur votre situation, consultez une personne-ressource pour les étudiant.e.s de l’international de votre établissement ou, à défaut, un.e représentant.e en immigration autorisé.e.

3. Aide financière

Vérifiez si votre établissement offre des services et du soutien financier aux étudiant.e.s aux cycles supérieurs. Renseignez-vous également sur les prestations provinciales et fédérales, notamment les prestations de maternité et les prestations parentales de l’assurance-emploi et l’allocation canadienne pour enfants. Si vous recevez une bourse ou du financement, les versements pourraient être interrompus pendant votre congé; informez-vous auprès de l’organisme subventionnaire ou de votre établissement. Inversement, certains organismes subventionnaires offrent un financement pendant le congé parental (ex. : Fonds de recherche du Québec, bourses de formation en recherche des trois principaux organismes subventionnaires fédéraux).

4. Garde d’enfant

Les services de garde sont parfois coûteux et difficiles d’accès au Canada. À certains endroits, les établissements autorisés ont des listes d’attente de plus d’un an, bien que certains centres acceptent d’accueillir des enfants à court préavis, pour une journée ou une demi-journée à l’occasion. Si vous avez déjà des enfants, trouvez quelqu’un qui pourra s’en occuper pendant l’accouchement. Vous pourriez par exemple proposer à d’autres parents de votre entourage d’organiser des « échanges ».

5. Réseau de soutien et parenté

Les gens souhaitent généralement être entourés de leur famille pour célébrer l’arrivée du bébé et avoir de l’aide après l’accouchement. Si un.e ou plusieurs membres de votre famille comptent venir Canada, est-ce qu’un visa sera nécessaire? Prévoyez également leur hébergement, la durée de leur séjour et le moment auquel vous aurez le plus besoin d’aide.

Malheureusement, l’obtention d’un visa n’est pas garantie. Ayez un plan de rechange – qui vous aidera si votre famille ne peut vous rejoindre à temps? Si votre budget le permet, vous pourriez engager une doula (avant, pendant ou après l’accouchement) ou une sage-femme pour renforcer votre réseau de soutien. Des organismes locaux à but non lucratif, par exemple des groupes communautaires et des organismes de soutien aux personnes nouvellement arrivées, pourraient vous aider à obtenir des cours de parentalité gratuits, du soutien émotionnel et financier, ainsi que de la nourriture, des vêtements, des jouets et des meubles.

6. Assurance maladie et médicaments

Dès que possible, vérifiez ce que couvrent vos assurances étudiantes et provinciales (p. ex. : chambre d’hôpital privée ou semi-privée, consultation en allaitement, soins médicaux de votre enfant). Il n’y a pas si longtemps, par exemple, les enfants des étudiant.e.s provenant de l’étranger n’étaient pas couvert.e.s par le réseau public québécois. Si vous décidez de prendre congé ou de séjourner à l’extérieur de votre province, vérifiez si votre couverture continuera de s’appliquer. Et si vous optez pour un accouchement à l’hôpital, installez un siège pour enfant dans votre véhicule – sinon vous n’aurez pas le droit de partir!

7. Poursuite des études après la naissance

Concilier la parentalité et les études (et souvent le travail), c’est assurément tout un défi. Accomplir quoi que ce soit peut sembler impossible quand la garderie est fermée, quand votre enfant est malade, quand votre cerveau est au ralenti après une nuit blanche ou si vous souffrez de dépression ou d’anxiété post-partum. Consultez les politiques d’accommodement des étudiant.e.s parents de votre établissement et, au besoin, allez chercher de l’aide sans tarder. Si votre établissement n’a aucune politique officielle, communiquez avec votre directeur ou directrice de recherche, votre département ou votre association étudiante. Enfin, vérifiez l’incidence d’un congé sur la poursuite de vos études, surtout si votre programme a une durée maximale.

Devenir parent tout en étudiant aux cycles supérieurs, c’est épuisant; ce sera très difficile d’être aussi un.e conjoint.e ou ami.e attentionné.e, un.e employé.e performant.e ou un.e bénévole dévoué.e. Personnellement, nous n’avons pas réussi à assumer tous ces rôles aussi bien que nous l’aurions voulu, surtout la première année. Par moments, vous pourriez vous sentir coupable ou inadéquat.e, et même avoir des remords ou ressentir de la colère. Parlez-en à d’autres parents et n’oubliez pas : vous n’êtes pas seul.e!

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