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Du soutien pour les étudiant.e.s parents

De plus en plus d’universités s’efforcent de répondre aux demandes formulées par la communauté universitaire en matière de services de garde.

par JEAN-FRANÇOIS VENNE | 25 AVRIL 23

Les parents inscrits à des programmes d’enseignement supérieur rencontrent des défis particuliers qui menacent leur réussite et réduisent même parfois leurs chances d’obtenir leur diplôme. Ces étudiant.e.s se battent pour que les services disponibles sur les campus pour les aider continuent d’évoluer.

En 2008, des mères qui étudiaient à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont formé le Comité de soutien aux parents étudiants (CSPE), qui a été reconnu officiellement comme « groupe d’envergure » en 2011. « Cela lui permet de prélever une contribution automatique non obligatoire auprès de tous les étudiant.e.s », explique la coordonnatrice générale, Annie Noël de Tilly. C’est grâce aux fonds amassés ainsi que le CSPE a financé son plus gros projet : la création d’un centre pour la petite enfance, ouvert en 2015. Il compte aujourd’hui 60 places.

« Nous nous battons maintenant pour l’adoption d’une politique familiale à l’UQAM, qui donnerait un statut officiel aux parents étudiants », poursuit la coordonnatrice. Cela permettrait par exemple d’accéder aux mêmes bourses de l’Université et aux mêmes avantages que les étudiant.e.s à temps plein, tout en étudiant à temps partiel, ou encore de bénéficier d’arrangements lorsque la maladie d’un.e enfant fait rater un cours ou un examen.

« Nous recevions aussi beaucoup de demandes pour une halte-garderie, de la part des parents qui ont des besoins ponctuels, explique Mme Noël de Tilly. Nous en avons ouvert une en septembre 2021, qui accueille les enfants de 1 à 11 ans. »

A room with children's toys in it.
Le centre pour la petite enfance Tortue têtue a été fondé par et pour les étudiant.e.s de l’Université du Québec à Montréal en 2015. Photo par Nathalie St-Pierre.

Un projet pilote au Québec

Cette halte-garderie a été choisie parmi les neuf (sept dans des universités et deux dans des cégeps) qui ont été retenues dans le projet pilote de halte-garderie sur les campus, lancé par le gouvernement du Québec en février dernier.

« Certaines de ces haltes-garderies étaient déjà en activité et souhaitaient obtenir du financement pour améliorer leurs services, explique la ministre de la Famille, Suzanne Roy. Elles répondent à un vrai besoin, donc nous avons décidé d’étendre l’offre à d’autres campus, en collaboration avec des associations étudiantes et des groupes communautaires. »

Le gouvernement du Québec consacrera 1,9 million de dollars sur deux ans dans ce projet, auquel a aussi contribué le ministère de l’Enseignement supérieur. Les parents paieront pour un bloc de temps, plutôt que pour une journée ou un trimestre. À l’Université de Montréal, il en coûtera par exemple 5,50 dollars pour un bloc de 4,5 heures ou 11 dollars pour une journée complète.

« Le nombre de femmes dans les universités a beaucoup augmenté et je crois que cela rend les établissements plus sensibles aux besoins des étudiant.e.s parents, estime la ministre. Même si les responsabilités parentales sont mieux partagées qu’avant, une grande partie repose encore sur les épaules des femmes et il y a également des mères monoparentales dans les universités et les cégeps. »

Des services nécessaires

Le Centre de la petite enfance de l’Union des étudiants de l’Université McMaster (MSU), doté de 47 places, existe depuis 1972. Il accorde la priorité aux enfants des étudiant.e.s du 1er cycle, suivi des personnes inscrites au 2e cycle, des membres du personnel, puis de la communauté.

« Nous souhaitons toujours l’agrandir en raison de la forte demande, mais nous rencontrons deux défis : le manque de locaux libres dans l’université qui correspondent aux besoins d’un centre de la petite enfance et la rareté du personnel », explique la directrice du Centre, Miranda Vanderveen.

MSU a également un centre de santé pour la communauté étudiante, qui fournit gratuitement du soutien, des espaces et des produits aux étudiant.e.s parents. On y retrouve notamment une pièce d’allaitement privée et des produits pour l’allaitement comme des crèmes ou des coussins ou encore des couches pour bébé.

« Nous offrons aussi un soutien financier à travers notre programme de soins collectifs, qui donne, par exemple, des cartes prépayées pour l’épicerie ou la pharmacie et nous avons un service qui propose de la nourriture pour bébé », ajoute Mitchell German, vice-président et directeur général de l’Union.

Renforcer l’accessibilité

L’accès aux services de garde sur les campus hors Québec représente généralement une dépense très importante pour les étudiant.e.s, mais cela commence à changer. L’Université Capilano, qui offre un centre de service de garde depuis plus de 20 ans, a récemment annoncé qu’elle avait été sélectionnée dans le programme de garderie à 10 dollars de sa province.

« La différence financière sera énorme pour les étudiant.e.s parents, soutient le recteur de l’Université, Paul Dangerfield. Pour un enfant à temps plein, la facture mensuelle passera de 1 500 à 200 dollars. » Le gouvernement de la Colombie-Britannique aidait certain.e.s étudiant.e.s à payer ce service, mais l’appui ne s’élevait qu’à environ 300 dollars.

L’établissement construit aussi un Centre pour les études sur l’enfance sur son campus de North Vancouver. Il rassemblera l’École des études sur l’éducation et l’enfance et un second centre de la petite enfance. Ce changement fera passer le nombre de places de 69 à 143. « Les nouvelles installations permettront de soutenir plus d’étudiant.e.s parents, mais également de mieux former les étudiant.e.s qui se spécialisent en éducation ou dans la petite enfance », se réjouit le recteur.

Une longue lutte

Si certaines universités offrent des services de garde depuis des décennies, d’autres ont longtemps rejeté cette idée. À l’Université de Saint-Boniface, le Centre d’apprentissage et de service de garde n’a ouvert ses portes qu’en août 2021. C’était une revendication de l’Association des professeur.e.s et professionnel.le.s de l’Université depuis 1982.

« Le Bureau des gouverneurs a longtemps estimé que ce n’était pas la responsabilité de l’établissement de garder les enfants des étudiant.e.s ou du personnel, sans tenir compte des besoins des étudiant.e.s parents — et surtout des mères — et de la communauté », explique David Alper, professionnel-enseignant en travail social. Cette communauté francophone vivait pourtant une pénurie de places en services de garde dans sa langue. Certain.e.s enfants devaient aller dans des services de garde anglophones, à un âge crucial pour l’apprentissage de la langue.

En 2015, lorsque le Bureau des gouverneurs a rejeté le projet du recteur de l’époque de fonder un centre pour la petite enfance, l’enseignant a proposé à ses étudiant.e.s de choisir entre rédiger un travail de session ou mener une campagne pour obtenir la création du centre. « Je ne me doutais pas que c’était le début de trois ans et demi de lutte pour convaincre l’administration », admet-il.

Les étudiant.e.s se sont mobilisé.e.s, ont organisé des activités de sensibilisation et se sont coalisé.e.s avec d’autres forces, dont le syndicat des professeur.e.s et des groupes communautaires. Le comité a remporté un référendum sur cette question. L’Association étudiante a ensuite versé 750 000 dollars pour soutenir la création du centre. Placée dans une position intenable, l’administration a enfin cédé.

Le centre de 7 800 pieds carrés, ouvert aux étudiant.e.s, au personnel et à la communauté, peut aujourd’hui accueillir 80 enfants, dont 16 poupons. « C’est l’accomplissement professionnel dont je suis le plus fier, soutient M. Alper. Ce fut une belle occasion pour des étudiant.e.s de constater qu’ils peuvent contribuer à des changements sociaux importants. »

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