Les essentiels de la supervision au doctorat

Un professeur à la retraite brosse le portrait d’une bonne relation entre directeur de thèse et doctorant.

10 mai 2022
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Invité à répandre un peu de la sagesse qu’il a acquise au fil de sa carrière, Jean-Pierre Deslauriers s’est penché sur les qualités nécessaires pour être considéré un bon directeur de thèse. Désormais à la retraite, M. Deslauriers est notamment connu pour avoir enseigné le travail social à l’Université du Québec en Outaouais et pour avoir signé le livre Et si le doctorat était une belle aventure?. Malgré sa grande expérience, c’est sans prétention qu’il a accepté de réfléchir au rôle du directeur de thèse dans le cadre d’un échange mené lors du congrès de l’Acfas en 2021. « Je vais vous dire ce que j’ai appris dans la vie, avec les bons et les mauvais plis », a-t-il lancé en rigolant avant d’entrer dans le vif du sujet.

À son avis, la pierre angulaire d’une bonne relation entre doctorant et directeur de thèse est nulle autre qu’un contrat d’encadrement. Si ce document tend à se tailler une place dans un nombre croissant d’universités, pour lui, il s’agit d’un élément « fondamental ». Selon sa propre conception, un contrat d’encadrement, c’est « une entente écrite qui décrit le déroulement de la thèse ».

La fréquence des rencontres entre le doctorant et le directeur ainsi que le contenu et le déroulement de celles-ci devraient être consignés dans un contrat d’encadrement. Il suggère également d’y préciser les attentes quant au lieu des rencontres. Dans la mesure du possible, il estime que le contrat d’encadrement devrait aussi être l’occasion de discuter « des attitudes réciproques et des façons de travailler », question d’éviter de mauvaises surprises en cours de route.


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Sans tomber dans l’excès, qui consisterait à tout documenter dans un contrat comme celui-ci, M. Deslauriers recommande fortement d’y aborder la question de la publication. Pour le professeur, il va de soi que, même si le directeur de thèse contribue à sa façon au travail du doctorant, au moment de la publication, le crédit revient au doctorant. Il compare la participation du directeur à la thèse à celle d’un entraîneur en boxe. « L’instructeur, c’est lui qui donne les idées, mais c’est le boxeur qui est sur le ring, qui donne des coups, qui en reçoit, et c’est lui qui gagne ou qui perd. »

À ses yeux, il est important de mettre les choses au clair dès le début en ce qui concerne les attentes entourant une publication. Considérant que l’étudiant se retrouve dans « une position vulnérable » lorsqu’un directeur de thèse exige de cosigner les articles découlant d’une thèse, il croit que cette pratique ne devrait pas avoir cours dans le milieu. Un sujet qui a fait réagir de nombreux participants à l’atelier, prouvant du même coup l’importance d’être sur la même longueur d’onde pour les duos doctorant-directeur de thèse. « Quand ça va bien, le contrat n’est pas tellement important parce que la pratique s’impose, celle du bon sens, la relation est bonne et tout le monde travaille bien. Mais quand ça va mal, un contrat, c’est utile. »

Au-delà d’accepter de circonscrire les divers paramètres de la relation de supervision dans un contrat d’encadrement, le directeur de thèse idéal possède, selon M. Deslauriers, un certain nombre de qualités. La première en importance : la disponibilité. Après avoir donné son accord pour superviser un étudiant, il faut « rencontrer l’étudiant quand le besoin est là », soutient-il, avant d’enchaîner aussitôt avec une autre qualité directement liée à la première, c’est-à-dire la capacité de fournir rapidement des commentaires. « C’est important. Un bon directeur de thèse s’intéresse aussi aux travaux de ses étudiants, à leur progrès. »

Bien que certaines caractéristiques tombent sous le sens, notamment de bien connaître le sujet auquel s’intéresse l’étudiant, d’autres comme le fait d’encourager l’étudiant sont peut-être moins évidentes. Pour M. Deslauriers, la règle en matière d’encouragement est assez simple : « Plus un directeur est exigeant, plus il doit être encourageant. »

S’il reconnaît avoir plutôt tendance à se mettre à la place des étudiants pour définir ce qui est l’apanage d’un bon directeur de thèse, M. Deslauriers a senti le besoin de rappeler qu’un directeur, c’est d’abord et avant tout un être humain qui a ses ambitions, ses exigences, ses plans et sa vie et qu’il est préférable pour les deux personnes appe lées à collaborer de bien cerner la personnalité et les attentes respectives en début de parcours.

Pascale Castonguay est chef du bureau francophone d’Affaires universitaires.

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