Nouveau guide pour réduire le fossé entre science et politique

Des conseils pratiques pour inciter davantage d’universitaires à s’approprier la représentation politique.

04 mars 2024

Le nouveau guide Faire entendre la voix de la science visant à mieux préparer les universitaires à interagir avec les milieux politiques fédéral et provinciaux a été conçu en réponse à la constatation que l’espace de dialogue entre scientifiques et politicien.ne.s reste largement sous-utilisé.

Réalisé par Evidence for Democracy et les Fonds de recherche du Québec, ce sont le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, et le sénateur indépendant Stanley Kutcher qui sont à l’origine de ce projet.

« Même après une douzaine d’années comme scientifique en chef du Québec, je suis encore assez surpris par la naïveté de nos collègues chercheurs et chercheuses en termes d’interaction avec les gouvernements, que ce soit au fédéral ou provincial, et même au niveau des villes ou des gouvernements de proximité », a expliqué M. Quirion lors d’un webinaire de lancement en novembre dernier.

Un sentiment qui trouve d’ailleurs écho dans la sphère politique comme l’a souligné le député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques et vice-président du Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes, Maxime Blanchette-Joncas : « La première chose qui distingue les scientifiques qui sont les mieux entendus sur la colline de ceux qui ne le sont pas, c’est qu’ils sont là. Trop de chercheurs laissent passer l’occasion qu’ils ont de se faire entendre. »

Les résultats d’un sondage réalisé par le Centre sur les politiques scientifiques canadiennes renforcent d’ailleurs l’idée que tant les scientifiques que leurs travaux sont les bienvenu.e.s dans l’enceinte politique. L’une des suggestions formulées dans le rapport rendu public en octobre dernier est de créer un nouveau rôle de conseiller ou conseillère scientifique apolitique vers qui l’ensemble des parlementaires pourraient se tourner pour mieux maîtriser les divers aspects scientifiques de leurs dossiers, confirmant ainsi leur appétit à prendre en compte les données probantes dans leur positionnement.

Un guide pratique

D’abord orienté vers le gouvernement fédéral, le guide a notamment été traduit en français « parce qu’on veut voir plus de Québécois et de francophones agir dans cette interface science-politique », a expliqué Julie Dirwimmer, conseillère principale – relations sciences et société au Bureau du scientifique en chef du Québec.

Divisé en trois parties, le document aborde les fondamentaux des politiques publiques, la manière d’informer les politiques et la communication persuasive.

Bien que la première partie puisse sembler aller de soi, la sénatrice Rosa Galvez atteste de la nécessité de survoler les rouages de l’appareil gouvernemental qu’elle estime ne pas être suffisamment bien connus. Elle a entre autres voulu contribuer à sa façon à démystifier ce milieu en publiant un document explicatif à cet effet sur son site Web. « Il faut se familiariser avec le processus législatif parce que sinon on y va un peu à l’aveugle », a affirmé celle qui fait elle-même partie de l’écosystème de la recherche en tant que professeure au Département de génie civil et de génie des eaux à l’Université Laval.

Que ce soit en abordant la rencontre avec les élu.e.s dans une optique de construction de relations plutôt que de transaction ou en participant aux consultations prébudgétaires par la soumission de mémoires, la deuxième partie du document dresse ainsi une liste de grands rendez-vous où les scientifiques gagneraient à se faire entendre davantage. D’ailleurs, à ce chapitre, M. Quirion a précisé qu’il est préférable de tisser des relations dans la durée. « Si on va à Ottawa qu’une fois par année pour parler aux élus, c’est comme si on n’y allait pas du tout. Il faut vraiment avoir une stratégie et être dans la répétition pour vraiment développer un lien de confiance. » De plus, Mme Dirwimmer souligne l’importance de la mobilisation de la communauté scientifique. « On se fait beaucoup mieux entendre quand on est plusieurs que quand on est tout seul », a-t-elle rappelé.

Comme la communication est au cœur de toute démarche de conseil scientifique, il n’est pas surprenant que le troisième volet du guide porte sur l’art de la persuasion. La meilleure suggestion de M. Blanchette-Joncas pour arriver à capter l’attention d’un.e politicien.ne : « Soyez concis dans vos communications scientifiques, appuyez-vous sur des données probantes et essayez de résumer le tout en quelque chose d’assez simple qu’on peut lire en quelques minutes. »

À l’image de ce dernier conseil, le guide résume l’essentiel des éléments à considérer en un court document de 22 pages.

Pascale Castonguay est chef du bureau francophone d’Affaires universitaires.

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