Quand la vulgarisation scientifique se décline en bande dessinée
Communiquer des résultats de recherche en s’appuyant sur l’art graphique représente une nouvelle corde à l’arc de certains chercheurs.
Pourquoi ne pas utiliser la bande dessinée pour diffuser et mieux expliquer la science? Deux professeurs de l’Université de Sherbrooke séduits par l’idée ont accompagné des étudiants de 3e cycle à transposer leurs propres recherches en récits illustrés. Le résultat offre un surprenant recueil de 25 courtes bandes dessinées aux styles très variés. Agréable à parcourir, ludique, l’ouvrage collectif Dessine ta science ouvre un nouveau chapitre dans la diffusion des savoirs de l’Université de Sherbrooke. Ce recueil connaît déjà un franc succès : un deuxième tirage d’une centaine d’exemplaires supplémentaires est prévu à l’approche du Festival BD de Montréal, fin mai.
La genèse du projet remonte à 2020 avec la création d’un cours de vulgarisation scientifique qui s’appuie sur l’art graphique, raconte Olivier Robin, professeur adjoint au Département de génie mécanique à l’origine de l’initiative. Qu’ils soient doués ou pas en arts plastiques, les participants ont carte blanche pour transformer leur champ de recherche en sujet compréhensible et accessible au néophyte. « L’article scientifique est soumis à des règles très strictes, relève M. Robin, à l’opposé ce cours leur laisse une grande liberté d’expression. » Pas de limite aux moyens techniques, donc de la photographie au dessin numérique, en passant par le traditionnel papier-crayon, c’est champ libre!
Dans l’ouvrage publié en version bilingue, un manga explique en trois planches un état complexe de l’activité des neurones, des jouets Playmobil mettent en scène la méthodologie des « living labs », ces approches d’innovations collaboratives, alors que certains auteurs préfèrent personnaliser l’objet de la recherche en faisant parler des rayons X ou un vagin. Sans surprise, la traditionnelle leçon au tableau avec des schémas explicatifs revient souvent dans les divers scénarios des planches.
Contributions extérieures
Quelques récits ont été confiés à des illustrateurs professionnels. François Vigneault, par exemple, récompensé par une vingtaine de prix et de nominations, notamment au prestigieux festival d’Angoulême, signe l’adaptation d’une nouvelle scientifique de Delphine Ducasse sur la régulation de l’économie mondiale. Cette dernière a remporté le concours de vulgarisation scientifique en 2020 de l’Université de Sherbrooke.
L’illustratrice Iris prête son style féministe à une autre nouvelle gagnante du concours de vulgarisation scientifique, « Quand le sexe est douloureux », de Justine Benoit-Piau. Sans oublier les traits de crayons professionnels de Francis Desharnais, de Marsi et de Pierre Berthiaume pour d’autres nouvelles scientifiques qui furent lauréates du même concours de vulgarisation de l’établissement sherbrookois les années précédentes et dans différents départements.
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Rendu possible grâce à une subvention du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, ce premier volume de Dessine ta science coédité par le professeur Benoît Leblanc démontre qu’il est possible d’allier savoir scientifique et production artistique. « L’exercice amène les étudiants à sortir de leur zone de confort, constate M. Robin. Ils pourront mettre de l’art dans leur travail en se servant du visuel qu’ils ont créé pour des présentations futures de leur sujet de recherche, par exemple. »
Coup de crayon, coup de pouce
Les effets de cet exercice se révèlent d’emblée fort bénéfiques pour qui s’y adonne. Chez certains étudiants, les sessions de bande dessinée ont fait office de véritable bouffée d’air frais dans leur quotidien de chercheur. « À un moment donné, on peut perdre le sens de ce que l’on fait, témoigne Julie Frion, étudiante au doctorat en biologie cellulaire. Cela s’appelle l’effet tunnel, un sentiment provoqué par les nombreux essais et échecs qu’implique la recherche. »
La vulgarisation au moyen de la bande dessinée l’a incitée à prendre de la hauteur sur ses recherches et à communiquer son travail selon une autre perspective, plus large et plus essentielle, indique-t-elle. « J’avais perdu le lien entre la science et son application quotidienne, ça m’a aidé à les réunir, ça m’a remotivée et même donné envie de poursuivre en communication scientifique. »
Également conquis par le projet, Julien Rossignol reconnaît lui aussi l’importance de rendre le savoir scientifique et universitaire accessible…à commencer au sein même du milieu des chercheurs. « Il m’arrive de ne pas comprendre des articles portant sur mon propre domaine », plaisante cet étudiant au doctorat au sein du Groupe de recherche en appareillage médical de Sherbrooke. Réfléchir à une adaptation visuelle de son travail l’a beaucoup aidé à définir son projet scientifique en le clarifiant et en le simplifiant, assure M. Rossignol.
La préface de l’ouvrage cosignée par le recteur et le vice-recteur à la recherche et aux études supérieures de l’Université de Sherbrooke résume bien les nombreuses retombées d’une telle initiative. Pour les étudiants : un regain de motivation dans la poursuite de leur quête du savoir, avec la possibilité de donner libre cours à leur créativité et à leur subjectivité en présentant des travaux complexes. Et peut-être, chez le lectorat, l’éveil d’une vocation pour une éventuelle carrière scientifique.
Postes vedettes
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
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