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Cap sur les compétences

Programme intensif de rédaction : le matériel didactique

Choisissez bien le matériel didactique à inclure dans votre plan de cours en vous appuyant sur vos objectifs pédagogiques ainsi que la charge de travail et la diversité des étudiants.

par LOLEEN BERDAHL | 30 JUILLET 21

Quand j’ai commencé à enseigner, on qualifiait mes listes de lectures d’ambitieuses. Convaincue que je devais parvenir à transmettre aux étudiants le plus de connaissances possible, mais manquant de confiance en moi, je leur imposais de lourdes charges de travail, croyant qu’ils liraient tous les textes proposés avant de se présenter en classe.

Ce n’était pas le cas.

J’ai vite compris que les étudiants sont rationnels, du moins en ce qui concerne les lectures proposées. Si une poignée d’entre eux lisait en avance les textes « obligatoires », les autres attendaient que je donne mes cours avant de déterminer lesquels étaient vraiment obligatoires. Quant aux lectures « recommandées », ils les ignoraient purement et simplement.

En ce deuxième jour de la formation intensive sur la rédaction d’un plan de cours, penchons-nous sur le matériel didactique. Soyez assurés que j’ai beaucoup appris de mes expériences passées!

Commencez par réexaminer vos objectifs d’apprentissage

Selon Steven Covey, les personnes les plus efficaces commencent par se fixer des objectifs. Dans cette optique, il est utile de réexaminer vos objectifs d’apprentissage, établis le premier jour de cette formation. Votre matériel didactique doit leur correspondre étroitement, en contribuant par son contenu à inculquer aux étudiants les connaissances ou les compétences souhaitées. Par exemple, si l’un des objectifs d’apprentissage consiste à être en mesure de justifier l’usage d’arguments causaux en sciences humaines compte tenu de la difficulté à démontrer les relations causales, vous devez proposer aux étudiants du matériel didactique qui traite de la causalité.

Allez plus loin que la traditionnelle liste de lectures

Habituellement, le matériel didactique est principalement composé d’ouvrages et d’articles, mais il y a de bonnes raisons d’y intégrer d’autres éléments. Par exemple :

  • Il est fort probable que les chapitres d’un ouvrage ne se rattachent pas tous à vos objectifs d’apprentissage. Dans ce cas, vous pouvez retirer ces chapitres de votre liste, proposer du matériel didactique additionnel ou encore, revoir vos objectifs d’apprentissage pour qu’ils soient compatibles avec les chapitres en question (ou simplement ne rien faire). Le plus important est  que le cours soit guidé par les objectifs d’apprentissage, et non par la structure des ouvrages.
  • Les ouvrages coûtent cher et tous les étudiants n’ont pas le même accès aux revues. (Lors de la mise à jour d’un ancien plan de cours, il est important de vérifier que la bibliothèque offre toujours l’accès au matériel didactique, les abonnements des bibliothèques variant d’année en année.) Les étudiants risquent de ne pas utiliser le matériel didactique proposé s’ils ne peuvent se le permettre ou y accéder. Point.
  • Le recours à d’autres formes de matériel didactique (vidéos, enregistrements, balados, etc.) offre de la variété aux étudiants. Comme pour tout matériel didactique, assurez-vous que ces outils correspondent à vos objectifs d’apprentissage, sans simplement présumer que les étudiants les trouveront intéressants parce qu’ils le sont à vos yeux. (Dans le cas du matériel didactique en ligne, rappelez-vous que l’adresse de pages Web change fréquemment. Intégrez donc à votre plan de cours une mention comme celle-ci : « Si un lien vers un site donné ne fonctionne pas, recherchez le titre sur Internet. Si vous ne le trouvez pas, écrivez-moi. »)
  • Les conférences données par des invités (en personne ou à distance) introduisent en classe la puissance du récit. Vous pouvez, par exemple, inviter un diplômé du programme à parler de sa carrière, un chercheur d’une autre université à parler de ses travaux, ou un praticien à parler des nouveautés dans son domaine. Cela peut tout particulièrement contribuer à l’atteinte des objectifs d’apprentissage en matière de compétences professionnelles. Vous pouvez, par exemple, inviter un bibliothécaire pour aider vos étudiants à parfaire leurs compétences en recherche sur Internet.

Évaluez la diversité et l’inclusivité de votre liste de lecture et de votre matériel didactique

Une attention croissante est portée à la représentation, à la diversité et à l’inclusion dans les textes proposés, et avec raison. Comme l’écrivent Schucan Bird et Lesley Pitman : « Les étudiants voient la liste de lecture comme étant un outil d’apprentissage important qui les guide vers les principaux textes liés à une discipline. […] Les études montrent pourtant que les travaux publiés ou fréquemment cités ne reflètent pas nécessairement une discipline dans son ensemble […] et qu’une liste de lecture risque de véhiculer une vision déformée d’une discipline en privilégiant certains types de publications, signées, par exemple, par des chercheurs blancs de sexe masculin. »

Si vous dressez votre liste de lecture à partir de zéro, veillez à la diversité des auteurs. Et si vous la mettez à jour, examinez-la attentivement en tenant compte de la diversité. Il existe des outils en ligne qui peuvent vous aider. Le Gender Balance Assessment Tool (GBAT) de Jane Lawrence Sumner, par exemple, permet d’évaluer la diversité de votre liste de lecture.

SI vous découvrez que votre liste de lecture comporte un nombre disproportionné d’ouvrages ou d’articles signés par des Blancs ou des hommes, et pas un seul signé par des Autochtones, envisagez de la diversifier. Des ressources en ligne propres à votre discipline pourraient vous aider dans ce sens. (C’est le cas de la remarquable Diversity Reading List destinée aux professeurs de philosophie.) Vous pouvez également faire appel à des collègues de votre établissement ou d’ailleurs, parcourir les derniers numéros des revues consacrées à votre discipline ou faire des recherches sur Internet.

Soyez attentif à la diversité et à l’inclusivité non seulement de votre liste de lecture, mais aussi de l’ensemble de votre matériel didactique. Les images sur vos diapositives ou le site Web de votre cours sont-elles inclusives? Pouvez-vous intégrer des vidéos, des balados ou d’autres outils d’apprentissage mettant en avant des universitaires issus de la diversité? Veillez aussi à la diversité des conférenciers que vous invitez.

Donnez l’exemple à vos étudiants en ce qui concerne les bibliographies et les remerciements

Votre plan de cours, y compris la liste de lecture, doit afficher la même rigueur que celle que vous attendez de vos étudiants. Si vous souhaitez qu’ils utilisent systématiquement le style Chicago, employez-le dans votre plan de cours.

Et si vous souhaitez qu’ils soulignent les auteurs de travaux non publiés, faites-le. J’aime bien intégrer une section « Remerciements » à mon plan de cours lorsqu’il y a lieu. Voici deux exemples issus de mes récents plans de cours qui pourraient vous inspirer :

Remerciements. Je tiens à remercier Adam Chapnick, du Collège des Forces canadiennes, de m’avoir permis d’utiliser le matériel didactique de son cours DS 572 pour préparer le présent cours. Le choix de certaines lectures proposées m’a été inspiré par d’autres plans de cours sur les méthodes de recherche en sciences politiques, accessibles en ligne.

Remarque : Cette activité a été adaptée à partir d’un problème présenté par Thomas Leeper au https://thomasleeper.com/designcourse/Assignments/ProblemSet1.html. Je remercie M. Leeper de m’avoir inspiré.

Enfin, demandez-vous à quel point votre bibliographie met en lumière, ou au contraire, masque la diversité des auteurs cités. Comme on peut le lire sur le site Diversity Reading List : « Il est essentiel qu’un plan de cours mette en lumière les origines des auteurs, car pour lutter contre les stéréotypes, il est indispensable que les étudiants sachent que les auteurs qu’ils lisent ne sont pas stéréotypiques. » Veillez entre autres à indiquer les noms et prénoms complets de tous les auteurs, en évitant les initiales.

Prenez en compte la charge de travail hebdomadaire

L’utilisation de votre matériel didactique ne représente qu’une partie de la charge de travail de vos étudiants. D’après l’Université de Waterloo : « Les étudiants au premier cycle devraient consacrer de huit à dix heures de travail par semaine à chaque cours donnant droit à un demi-crédit, incluant la présence au cours, les lectures, les devoirs et la préparation aux examens. » C’est un bon point de départ.

Vous pouvez utiliser un calculateur en ligne du temps de travail pour évaluer le temps que les étudiants devront consacrer à votre matériel didactique. Si la charge de travail imposée est lourde, réfléchissez à la manière de l’alléger sans renoncer à vos objectifs d’apprentissage.

Vos devoirs dans le cadre de la formation intensive sur la rédaction d’un plan de cours

Voici vos devoirs du jour :

  • Réexaminez vos objectifs d’apprentissage et déterminez le matériel didactique qui y correspond (temps nécessaire : de 10 à 60 minutes, selon le nombre de nouveaux éléments à cibler).
  • Évaluez la charge de travail liée à votre matériel didactique et la diversité du contenu (temps nécessaire : de 15 à 30 minutes).
  • Vérifiez que votre bibliographie illustre le style et le souci du détail que vous attendez de vos étudiants (temps nécessaire : de 5 à 15 minutes).
  • Créez s’il y a lieu une section « Remerciements » (temps nécessaire : 5 minutes).

Ma prochaine chronique portera sur les devoirs.

À PROPOS LOLEEN BERDAHL
Loleen Berdahl
Loleen Berdahl est une universitaire primée. Elle est aussi directrice générale de l’École supérieure de politique publique Johnson Shoyama (Université de la Saskatchewan et Université de Regina), ainsi que professeure et ancienne responsable du programme de sciences politiques de l’Université de la Saskatchewan. Depuis 2016, Mme Berdahl participe à des conférences et visite des campus universitaires d’un bout à l’autre du Canada pour parler de la formation et du perfectionnement professionnels des étudiants. Ses travaux de recherche dans ce domaine sont financés par le programme de subventions Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines. Parmi ses plus récentes publications, mentionnons les ouvrages Work Your Career: Get What You Want from Your Social Sciences or Humanities PhD (University of Toronto Press; en collaboration avec Jonathan Malloy) et Explorations: Conducting Empirical Research in Canadian Political Science (Oxford University Press; 4e édition rédigée en collaboration avec Jason Roy).
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