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Conseils carrière

Le rapport PhDétectives met en lumière les compétences des titulaires de doctorat canadiens

Rebecca Maymon, d’Adoc Talent Management, nous parle de l’évolution du marché de l’emploi pour les titulaires de doctorat.

par JENNIFER POLK | 28 MAI 20

Il y a quelques mois, Adoc Talent Management a publié un rapport sur son projet PhDétectives, qui comprenait une enquête inédite sur les compétences professionnelles des titulaires de doctorat et des doctorants, ainsi que sur le point de vue des employeurs. Les conclusions de ce rapport mettent en lumière les compétences doctorales autres que les connaissances spécialisées, la discipline et l’expertise technique. Téléchargez le résumé et le rapport complet, en anglais ou en français, sur le site Web d’Adoc. Adoc est un cabinet de recrutement, de formation et de recherche spécialisé dans les titulaires de doctorat et le personnel de recherche. Voici mon entrevue avec l’auteure principale du rapport, Rebecca Maymon, Ph. D.

Affaires universitaires : Pouvez-vous nous parler de vous et d’Adoc Talent Management?

Rebecca Maymon : Je suis chargée de recherche et consultante en recrutement pour Adoc. J’ai obtenu mon doctorat en psychologie de l’éducation à l’Université McGill à l’été 2019, et j’ai commencé à travailler chez Adoc en septembre de la même année.

Adoc a été fondée en 2008 à Paris, par deux titulaires de doctorat qui souhaitaient combattre les idées reçues et créer un canal de communication entre les titulaires de doctorat et les employeurs. Depuis, d’autres bureaux ont été ouverts à Montréal et à Bruxelles. Adoc Talent Management se spécialise dans le recrutement de titulaires de doctorat. Il s’agit du premier cabinet-conseil ayant pour principale mission d’étudier, de promouvoir, de perfectionner et d’évaluer les compétences des titulaires de doctorat. Nos activités se classent donc dans trois grandes catégories : le recrutement de titulaires de doctorat, la formation de titulaires de doctorats et d’employeurs, et la recherche sur les compétences et le perfectionnement professionnels des titulaires de doctorat.

AU : Pourquoi avez-vous effectué cette étude et ce rapport?

RM : Le marché de l’emploi pour les titulaires de doctorat est en pleine transformation, et nous devons nous adapter. Les postes menant à la permanence ne sont plus la norme. Des statistiques révèlent qu’environ 60 pour cent des titulaires de doctorat au Canada trouvent un emploi en dehors du milieu universitaire. Cela signifie que le professorat à temps plein (environ 20 pour cent des diplômés) est désormais une carrière « non traditionnelle ». Nous croyons fermement que, par leurs compétences variées, leurs qualités et leurs pratiques, les titulaires de doctorat ont le potentiel de stimuler l’innovation et la croissance économique. Notre objectif est de cerner ces compétences, de les perfectionner et de les communiquer efficacement.

Grâce au perfectionnement professionnel, les titulaires de doctorat sont mieux préparés à faire leur entrée sur le marché du travail, que ce soit dans le milieu universitaire ou ailleurs. Les employeurs qui les embauchent et travaillent avec eux gagnent à mieux comprendre en quoi consistent les compétences doctorales et la manière de les mettre à profit.

Nous nous penchons donc sur les questions suivantes :

  • Quelles sont les compétences acquises lors d’une formation doctorale?
  • Quelles sont les compétences recherchées par les employeurs?
  • Quelles sont les expériences professionnelles des titulaires de doctorat et des employeurs qui les embauchent?

L’étude PhDétectives s’inspire de notre projet CAREER, mené en France en 2012. À partir de descriptions libres d’accès de compétences acquises au doctorat, nous avons ciblé 121 compétences que les titulaires de doctorat sont susceptibles de posséder. Pour transposer ces résultats dans le contexte canadien, nous avons interrogé plus de 1 200 personnes (1 084 titulaires de doctorat et 155 employeurs) à l’échelle du pays au sujet de ce bassin de compétences, des perspectives d’emploi des titulaires de doctorat et du profil d’employeur des entreprises qui les embauchent.

AU : Quelles sont vos principales conclusions?

  • À l’aide de notre référentiel de compétences, nous avons constitué un bassin de compétences que possèdent vraisemblablement les titulaires de doctorat au Canada. Celui-ci comporte 38 compétences « centrales » communes à tous les titulaires de doctorat, quel que soit leur profil, ainsi que des compétences complémentaires propres à certains aspects particuliers du profil doctoral (soit la discipline, l’expérience et la méthode de financement du doctorat).
  • En analysant successivement ce bassin de compétences du point de vue des titulaires de doctorat et des employeurs, nous avons constaté des points de convergence et de divergence entre les besoins et attentes des employeurs, d’une part, et les compétences rapportées par les titulaires de doctorat, d’autre part.
  • En examinant les profils des titulaires de doctorat et des organisations qui les emploient, nous avons mis en lumière plusieurs perspectives d’emploi futures : postes dans différents secteurs, dans des établissements publics et privés ainsi que dans des rôles axés ou non sur la recherche et le développement (R-D).

AU : Quelle conclusion est la plus intéressante selon vous et les autres chercheurs? 

RM : Selon moi, une des conclusions les plus intéressantes (voire réconfortantes) est que la stabilité professionnelle (c’est-à-dire le moment où les contrats à court terme sont remplacés par des postes permanents) s’installe entre quatre et six ans après la soutenance de thèse. Le fait que le nombre de postes contractuels soit élevé au départ ne m’étonne pas, entre autres en raison des stages postdoctoraux. En revanche, j’ai été heureuse de constater une hausse marquée des postes permanents après six ans.

En outre, même si les employeurs interrogés emploient principalement des titulaires de doctorat pour leurs compétences techniques et scientifiques, ils soulignent que ces derniers devraient parler davantage de leurs autres compétences en entrevue. Au vu de l’évolution rapide des technologies et des emplois, les candidats qui apprennent vite, qui font preuve de curiosité intellectuelle et qui s’adaptent facilement sont particulièrement recherchés. Or, ces compétences sont fortement sollicitées pendant un doctorat.

AU : À votre avis, quelles conclusions sont particulièrement intéressantes pour les étudiants actuellement aux cycles supérieurs, récemment diplômés ou en stage postdoctoral, et pour les futurs doctorants?

RM : Toute information sur le marché du travail est précieuse pour chacun de ces groupes. Pour planifier sa carrière, il est essentiel d’avoir un portrait juste du marché du travail, entre autres de ses véritables possibilités d’emploi (en plus de connaître ses motivations et ses compétences).

De plus, notre analyse de l’adéquation entre les compétences mises de l’avant par les titulaires de doctorat et celles qui sont recherchées par les employeurs peut aider à cibler les besoins de perfectionnement et à se préparer à la recherche d’emploi et aux entrevues.

AU : Que nous réservez-vous pour la suite des choses?

RM : Excellente question. Nous avons un certain nombre de projets en préparation. En voici quelques exemples :

  • Un outil interactif reliant les compétences des titulaires de doctorat aux activités professionnelles et aux différents types d’emploi qui s’offrent à eux;
  • un guide d’adaptation de notre bassin de compétences pour faciliter les échanges entre les titulaires de doctorat et les employeurs;
  • des données qualitatives tirées de l’étude PhDétectives;
  • davantage de données quantitatives sur les compétences que les titulaires de doctorat utilisent dans le cadre de leur emploi actuel, leur satisfaction professionnelle et les raisons qui les poussent à occuper ou à quitter leur poste actuel.
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