Santé mentale étudiante : et si on regardait au-delà de l’individu?
L’amélioration des milieux de vie dans lesquels les personnes étudiantes évoluent serait un levier important pour promouvoir leur santé mentale.

Au Canada, depuis 2013, la santé mentale étudiante se dégraderait avec une augmentation de personnes étudiantes qui rapportent de la détresse psychologique ou un diagnostic de trouble mental. Au Québec, en 2018, 58% les personnes étudiantes fréquentant des universités québécoises rapportaient vivre des niveaux élevés de détresse psychologique. En Ontario, en 2022, 67% des personnes étudiantes rapportent un déclin dans leur état de santé mentale.

Souvent, les solutions mises en place sont plutôt axées sur l’individu que sur leur environnement. Cependant, le modèle conceptuel de la surveillance de la santé mentale de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) en 2023 illustre bien tous les facteurs environnementaux qui peuvent influencer la santé mentale au-delà des caractéristiques individuelles.
La Charte de l’Okanagan (2015) est une charte internationale qui invite les universités et les institutions d’enseignement à devenir des institutions promotrices de santé. Elle souligne l’importance de créer des milieux de vie favorables à la santé et rappelle que ces établissements ont un rôle et une responsabilité à jouer pour y parvenir.
Quelles devraient être les cibles des institutions d’enseignement supérieur en termes de milieux de vie promoteurs de santé?
Récemment, nous avons mené un examen de la portée pour dresser le portrait des facteurs environnementaux qui peuvent influencer la santé mentale des personnes étudiantes en enseignement supérieur. Trois types de facteurs environnementaux ont été identifiés :
- l’environnement du logement;
- l’environnement social;
- l’environnement bâti.
Le logement : un lieu essentiel
Le logement est un déterminant essentiel d’une bonne santé mentale et de la réussite académique. Son importance est particulièrement renforcée par l’accès plus difficile au logement dans le contexte actuel de crise . L’environnement du logement fait référence aux caractéristiques sociales et bâties des logements dans lesquels les personnes étudiantes vivent. Plus spécifiquement, la qualité du logement et l’accès à de la verdure, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, est associé à une meilleure santé mentale. En contrepartie, le fait de vivre dans un petit logement (< 60 m2) est associé à un plus grand risque de présenter des symptômes de troubles mentaux.
L’environnement social : invisible, mais bien présent
L’environnement social fait référence au fonctionnement collectif, comme le capital social et la cohésion sociale. Le fait d’avoir un grand réseau social, un bon soutien social, de se sentir connecté et intégré à son milieu scolaire, et évoluer dans un milieu qui met de l’avant le bien-être et l’engagement sont tous des facteurs associés à une meilleure santé mentale. Toutefois, le milieu social dans les établissements d’enseignement peut également encourager la consommation d’alcool et de drogues chez les personnes étudiantes, notamment en véhiculant des normes sociales qui banalisent ou valorisent ces comportements De plus, le fait de vivre de la discrimination ou de la violence est associé à un risque plus élevé de présenter des symptômes de troubles mentaux, et d’avoir une moins bonne santé mentale.
L’environnement bâti : un levier pour la santé mentale (et pour la planète)
L’environnement bâti fait référence aux caractéristiques et aux ressources naturelles et bâties, comme l’aménagement urbain, les espaces verts et les espaces publics. En général, l’exposition et l’accès à des espaces naturels et verts est associée à une meilleure santé mentale (pour plus d’informations). Des environnements peu bruyants, avec peu de trafic routier et peu pollués favorisent la santé mentale étudiante. Un environnement sécuritaire qui facilite les déplacements à pied ou à vélo est aussi associé à une meilleure santé mentale. Finalement, la qualité de l’environnement des campus, autant intérieure qu’extérieure, joue aussi un rôle positif sur la santé mentale. On peut par exemple penser à l’importance des espaces verts, qui contribuent à diminuer les îlots de chaleur et à rendre les campus plus agréables visuellement.
Comment les institutions d’enseignement supérieur peuvent-elles créer des milieux de vie favorables à la santé mentale?
La Charte de l’Okanagan présente deux appels à l’action pour ces acteurs, auxquels nous ajoutons des pistes de réflexion informées par notre examen de la portée :
- Intégrer la santé dans tous les aspects de la culture du campus.
Les établissements d’enseignement doivent créer des politiques guidées par des valeurs axées sur l’inclusion et la santé. Ces politiques permettront la création d’environnements sociaux qui favorisent les liens sociaux (pour plus d’informations) et la sécurité. Pour ce faire, les institutions doivent comprendre comment un environnement peut être vécu différemment par différents individus. Il est important de comprendre la perspective et les besoins de différents groupes sociaux qui font partie de la communauté étudiante.
- Mener des actions et des collaborations promotrices de santé à l’échelle locale et mondiale.
Les établissements d’enseignement doivent identifier des opportunités d’action et de collaboration leur permettant d’agir à différents niveaux sur les environnements dans lesquels vivent les personnes étudiantes. Il est ainsi important d’identifier les types d’environnement dans lesquels agir prioritairement, que ceux-ci soient sur le campus ou à l’extérieur, puis d’identifier le contexte dans lesquels ils s’inscrivent, et les acteurs qui ont le plus de pouvoir sur ces contextes.
Pour aller plus loin :
La Station SME propose des informations et outils pour soutenir les établissements d’enseignement dans la création de milieux d’études favorables à la santé mentale étudiante en agissant sur les facteurs environnementaux reconnus pour leur influence sur celle-ci. Voici également un outil réflexif pour les établissements désirant mener une réflexion à ce niveau.
Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série d’articles mensuels sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur portée par l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (OSMÉES) et l’Initiative sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (ISMÉ).
Postes vedettes
- Sciences de l'éducation - Professeure ou professeur (didactique du français/développement langagier)Université de Moncton - Campus de Moncton
- Sciences infirmières - Professeur ou professeure (pratique avancée en sciences infirmières)Université Laval
- Psychologie - Professeure ou professeur (psychologie clinique de l’enfant, de l’adolescent et des parents)Université de Sherbrooke
- Chaire de recherche du niveau 1 en multiples domainesUniversité de Sherbrooke
- Directeur ou directrice – Services d’appui à la négociation avec le corps professoral (SANCP)Association canadienne du personnel administratif universitaire (ACPAU)
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