En raison du faible taux d’inoccupation et du prix élevé des loyers, il est de plus en plus difficile pour les étudiants de trouver un logement abordable dans certaines villes canadiennes. Parallèlement, les aînés sont nombreux à avoir trop d’espace et besoin d’un peu d’aide financière. Plusieurs nouveaux programmes tentent de remédier à ces deux problèmes simultanément.
« Dans les grandes villes, le taux d’inoccupation est d’environ un pour cent. Une trentaine de personnes peuvent se disputer un condo d’une seule chambre, qui peut coûter de 1 600 $ à 2 000 $, ce qui est beaucoup plus que ce que la plupart des gens peuvent se permettre de payer », explique Raza Mirza, associé de recherche principal à la Faculté de travail social Factor-Inwentash de l’Université de Toronto.
M. Mirza joue aussi un rôle clé dans l’organisation du Toronto HomeShare Pilot Project, une initiative de la ville de Toronto partiellement financée par le ministère ontarien des Services aux aînés et mise en œuvre par l’Initiative nationale pour le soin des personnes âgées, en collaboration avec des partenaires communautaires. De septembre 2018 à janvier 2019, le projet a jumelé des étudiants qui cherchaient un toit avec des personnes âgées qui avaient une chambre à louer, un mode d’occupation souvent appelé « logement partagé » ou « cohabitation intergénérationnelle ». M. Mirza souligne que le projet visait non seulement à aider les aînés à tirer un revenu de leur chambre libre, mais aussi à « favoriser l’inclusion sociale, les possibilités de participation à la collectivité et les liens intergénérationnels ».
Les étudiants qui ont pris part au projet ont contribué aux tâches ménagères et à la préparation des repas et ont offert leur compagnie de cinq à sept heures par semaine en échange d’un loyer réduit, variant généralement de 400 $ à 600 $ par mois. M. Mirza affirme qu’habituellement, ce genre de logement coûte entre 1 100 $ et 1 200 $ par mois.
Plus de 80 étudiants et de 20 à 30 aînés ont exprimé leur intérêt pour le programme, indique M. Mirza. En fin de compte, 12 personnes âgées ont été jumelées avec autant d’étudiants, et les réactions ont été favorables. « Au départ des étudiants, nous avons fait une évaluation complète et des interviews qualitatives en profondeur auprès de chaque participant, dit-il. Presque tous ont dit que c’était un excellent programme et qu’ils aimeraient renouveler l’expérience. » Le conseil de la ville de Toronto a donné son aval en acceptant de verser jusqu’à 120 000 $ pour la poursuite du projet.
L’intérêt pour la cohabitation intergénérationnelle ne se limite pas aux grandes villes. Adam Weaver est coordonnateur du développement communautaire au centre communautaire coopératif The Ville à Fredericton. Il explique que la cohabitation est vue comme une solution non seulement au prix trop élevé des logements pour étudiants, mais aussi au « problème croissant de solitude et d’isolement de la population âgée de Fredericton ».
Selon M. Weaver, les étudiants peuvent en tirer plus qu’un avantage financier. « L’aîné peut agir en ambassadeur de la ville auprès de l’étudiant qui ne connaît peut-être pas bien les environs. Par exemple, il peut lui en présenter les différents aspects. » Le coordonnateur dit que le centre souhaite procéder à 10 jumelages la première année, en particulier avec des étudiants étrangers.
Soumeya Abed, qui a été étudiante étrangère il y a 10 ans, a fait l’expérience de la cohabitation intergénérationnelle en France. Lorsqu’elle a déménagé à Hamilton, en Ontario, pour devenir chercheuse postdoctorale à l’Université McMaster, elle dit avoir été découragée par le manque de logements abordables. « Je cherchais un endroit où habiter près du campus et j’ai été atterrée par le peu de choix qui s’offrait à moi, explique-t-elle. J’ai été surprise de voir que la cohabitation intergénérationnelle n’existait pas à Hamilton ni ailleurs au Canada. »
En discutant avec des amis, Mme Abed a décidé d’introduire le concept à l’Université McMaster. Elle a lancé le programme Symbiosis en 2017, au moyen d’une petite subvention de l’école des études supérieures. Comme les autres programmes, Symbiosis jumelle les étudiants qui cherchent un logement à prix modique avec des aînés qui ont une chambre à louer. Mme Abed s’est notamment heurtée à la réticence des personnes âgées. « Il y a deux ans, quand nous avons lancé Symbiosis, peu de gens comprenaient l’essence de ce programme, indique Mme Abed. Maintenant, les gens ont acquis une meilleure compréhension de ses objectifs. »
Il y a eu trois jumelages la première année. Les responsables du programme avaient décidé de « ne procéder que si les chances de réussite étaient élevées », souligne Mme Abed. Elle affirme que la cohabitation intergénérationnelle a « ses hauts et ses bas », comme la plupart des relations, et « qu’elle ne convient pas à tout le monde ».
M. Mirza souligne que la pérennité du programme peut aussi représenter un défi. Les organisateurs du projet Toronto HomeShare ont embauché un travailleur social pour faciliter le processus et résoudre les problèmes qui survenaient. Ils ont aussi conçu le projet en pensant à la possibilité de le faire évoluer et de l’implanter ailleurs. M. Mirza souligne qu’ils ont cherché à travailler avec des établissements ou des organisations que l’on retrouve dans la plupart des collectivités ou des grandes villes afin que le projet puisse être facilement reproduit ailleurs. Le milieu universitaire s’est révélé le choix idéal. « Ce cadre est bénéfique pour les étudiants qui souhaitent expérimenter le programme. De plus, quand un code de conduite est établi, l’université veille à son respect. Cela apporte un degré de sécurité renforcé non seulement pour les étudiants, mais aussi pour les aînés. »
M. Mirza déclare vouloir étendre la portée du programme à d’autres universités canadiennes, en particulier à Calgary, à Winnipeg, à Halifax, à Vancouver et à Montréal. « Nous avons observé de nombreux avantages réels, pour les étudiants comme pour les aînés. Ce programme apporte une solution aux problèmes de logement que rencontrent les deux groupes, tout en abordant des enjeux liés à l’âgisme et à la rareté des liens intergénérationnels. »
Excellente idée qui peut évoluer et accueillir aussi les chargées de cours en région!
Dre Gabrielle Saint-Yves
Uqac
Bonjour,
cet article met du soleil dans ma journée!
Un organisme à but non lucratif existe à Montréal.
« Combo2generations » a comme mission de
« Mettre en relation des seniors disposant d’une chambre libre avec des étudiants qui en échange de logement, assurent une présence ou rendent de petits services à l’accueillant.
Permettre à deux générations de vivre ensemble, de s’enrichir mutuellement dans le respect et l’harmonie afin de combler la solitude des uns et apporter une certaine sagesse aux autres.
Encourager le partage et l’entraide au quotidien entre deux personnes afin qu’elles gardent l’esprit ouvert sur le monde et sur l’avenir. »
Combo2generataions a un site web qui permet de rejoindre plus facilement les étudiants. Son défi demeure également de rejoindre les aînées.
Nous aimerions partager notre expérience avec M Mirza.
Isabelle et Denise
Combo2generations.com