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Les étudiants étrangers incités à s’établir dans les provinces de l’Atlantique

Un programme découlant d’un projet pilote mené en Nouvelle-Écosse vise à combattre le déclin et le vieillissement de la population.

par SPARROW MCGOWAN | 16 MAI 18

Taruna Boodhun et Khousmita Gopaul, deux étudiantes étrangères, sont arrivées à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard en 2016. Elles ont été attirées par le fait que la province était une île, comme leur pays d’origine, l’île Maurice. Mme Boodhun affirme que, même si une période d’adaptation a été nécessaire, surtout pour l’alimentation et le climat hivernal, elle n’a pas eu de véritable choc culturel, car le multiculturalisme de l’île Maurice l’avait préparée à la vie sur l’Île-du-Prince-Édouard.

Ayant maintenant terminé leur deuxième année à l’Université, les deux femmes affirment souhaiter rester sur l’île. Mme Gopaul précise toutefois : « Tout dépendra des offres d’emploi que j’aurai, ici ou ailleurs. Mais j’adore cette île et je veux y rester. »

Un projet pilote mené en Nouvelle-Écosse afin de surmonter les difficultés liées au recrutement et à la rétention d’étudiants étrangers sera étendu à l’ensemble des provinces de l’Atlantique. En plus d’inciter les étudiants, comme Mmes Boodhun et Gopaul, à rester dans la région, il se veut une solution à un risque qui plane de plus en plus sur les provinces de l’Atlantique : le vieillissement et la faible croissance de la population.

Kelly Toughill, professeure agrégée de journalisme à l’Université du King’s College, affirme que la « bombe démographique » qui menace tout le pays risque d’abord de frapper les provinces de l’Atlantique. Dans un article paru dans The Conversation Canada, elle souligne que la région affiche le taux de natalité le plus bas et l’âge médian le plus élevé du Canada, en plus de perdre davantage de résidents au profit des autres provinces qu’elle n’en accueille. Une importante hausse de l’immigration est souvent perçue comme une « part inévitable de la solution », explique-t-elle.

Le programme Étudier pour m’y établir devrait commencer en septembre au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard. Selon Étienne Chiasson, porte-parole de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique (APECA), « l’initiative donnera lieu à deux activités principales : d’abord attirer et recruter des étudiants étrangers, puis les aider à s’intégrer au marché du travail et dans les collectivités pour y rester. »

Le programme est au stade d’accord de principe entre les gouvernements des provinces de l’Atlantique, l’APECA et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. L’APECA et les provinces discutent actuellement de la façon d’adapter le programme aux besoins de chaque province, mais les deux organisations comptent s’inspirer du projet pilote Étudier pour m’y établir de la Nouvelle-Écosse.

Des étudiants au campus de l’Université de Mount Saint Vincent.

Le programme néo-écossais soutient les étudiants pendant toute la durée de leurs études. Il a été lancé en septembre 2017. Un programme plus court, simplement nommé Restez, s’adressant aux étudiants en dernière année a également été offert pendant l’année universitaire 2016-2017. Exploité par EduNova, une association professionnelle coopérative rassemblant des fournisseurs de services d’éducation et de formation de la province, il donne accès à des services et à des ressources, dont un soutien individualisé à l’emploi et à l’entrée sur le marché du travail, des services de placement professionnel et du mentorat par la collectivité et les pairs.

Wendy Luther, présidente-directrice générale d’EduNova, affirme que, même si des programmes comparables sont offerts par les établissements, Étudier pour m’y établir se distingue par l’intensité et le niveau d’attention offerte. « Le ratio d’étudiants par employé est l’élément clé. La cohorte de 50 étudiants bénéficie du soutien d’un membre du personnel désigné », explique-t-elle. Les mentors et le personnel d’EduNova offrent un soutien accru aux étudiants. Elle ajoute qu’« un tel niveau d’attention et de soutien serait difficile à atteindre sous une autre forme », en soulignant que les programmes offerts sur les campus sont souvent conçus pour aider un plus grand nombre d’étudiants, et ont donc des ratios beaucoup plus élevés.

Corey Frizzell agit comme intermédiaire entre les étudiants étrangers et les employeurs à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, où les étudiants étrangers représentent plus de 21 pour cent de la population étudiante. Il affirme que, comme bon nombre des services du programme Étudier pour m’y établir sont déjà offerts dans son établissement, il s’attend « en fait à ce que les efforts actuels soient accrus ».

Alors que la première cohorte du programme Étudier pour m’y établir en Nouvelle-Écosse termine à peine sa première année d’études postsecondaires, les étudiants du programme inaugural Restez ont obtenu leur diplôme il y a un an. « Nous avons une bonne idée des résultats obtenus pour le premier groupe : [à la fin avril] 34 des 50 étudiants avaient trouvé un emploi en Nouvelle-Écosse, et cinq autres poursuivaient leurs études dans la province, précise Mme Luther. Le programme a l’objectif très ambitieux de retenir 80 pour cent des étudiants de la cohorte en Nouvelle-Écosse un an après l’obtention de leur diplôme, alors que le taux de rétention actuel se situe autour de 10 à 11 pour cent. »

L’élargissement du programme à toutes les provinces de l’Atlantique fait partie de la Stratégie de croissance pour l’Atlantique, qui cherche notamment à attirer davantage d’immigrants qualifiés dans la région. « Le recrutement et la rétention d’étudiants étrangers sont une source importante de compétences et de talent, souligne M. Chiasson. Ceux qui resteront ici et s’intégreront au marché du travail contribueront à renforcer l’économie de la région et à combler les lacunes en matière de compétences. »

Lloyd Henderson, vice-recteur adjoint au recrutement et à la gestion stratégique des inscriptions à l’Université du Nouveau-Brunswick, affirme que « la véritable difficulté est de trouver des emplois dans leur domaine ». Il ajoute cependant que « l’Université travaille fort pour offrir autant de programmes coopératifs et de stages que possible aux étudiants étrangers pour les exposer au marché du travail dans la région et leur permettre de se bâtir un réseau ».

La région de l’Atlantique n’est pas la seule à déployer des efforts pour attirer et retenir les étudiants étrangers. Le Québec, qui a la cinquième population la plus vieillissante au Canada après les quatre provinces de l’Atlantique, a depuis quelques années mis en place plusieurs initiatives du même genre.

Selon Mme Luther, « l’expansion du programme constituera un défi, car elle ne dépend pas seulement de la volonté, mais aussi de la passion des établissements postsecondaires à en assurer la réussite à l’échelle de leur province ».

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