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Un investissement de 150 M $ pour favoriser la mobilité des étudiants vers l’étranger

Le programme a aussi pour but de diversifier la provenance des étudiants étrangers au Canada.

par LAURA BEAULNE-STUEBING | 09 SEP 19

Les étudiants canadiens de niveau postsecondaire qui n’ont pas les moyens d’étudier à l’étranger seront heureux d’apprendre que le gouvernement fédéral a dévoilé son initiative en matière d’éducation internationale, dotée de 150 millions de dollars.

Jim Carr, ministre de la Diversification du commerce international, a détaillé la Stratégie en matière d’éducation internationale du gouvernement le 22 août à l’Université de l’Alberta.

« L’éducation internationale est un pilier essentiel de la compétitivité à long terme du Canada, a-t-il déclaré. Les Canadiens qui étudient à l’étranger sont exposés à des cultures et à des idées nouvelles, ce qui stimule leur capacité à innover et développe leurs compétences interculturelles. Les étudiants étrangers qui étudient au Canada procurent à notre pays les mêmes avantages. »

M. Carr a ajouté que la stratégie, qui a été annoncée dans la déclaration économique de l’automne dernier et lors du budget de mars 2019, comporte trois principaux objectifs. Elle vise à encourager plus d’étudiants canadiens à se rendre à l’étranger; à diversifier la provenance des étudiants étrangers, les lieux où ils étudieront au Canada ainsi que leurs domaines et niveaux d’études; à augmenter le soutien aux établissements d’enseignement canadiens pour les aider à exporter leurs services et à explorer de nouvelles possibilités à l’étranger.

La stratégie, a-t-il expliqué, prévoit un financement de 147,9 millions de dollars sur cinq ans, suivi d’un financement récurrent de huit millions de dollars par année, et ce, dans le but de réaliser ces objectifs.

Entre 2020 et 2025, le gouvernement a affecté 95 millions de dollars à un projet pilote de mobilité étudiante vers l’étranger qui fournira une aide financière à quelque 11 000 étudiants au niveau collégial et au premier cycle universitaire qui souhaitent étudier ou travailler à l’étranger. Ces étudiants recevront chacun entre 5 000 dollars et 10 000 dollars par année. Emploi et Développement social Canada (EDSC) supervisera le projet, alors qu’Universités Canada et Collèges et instituts Canada en assureront l’administration. La moitié des fonds accordés au projet de mobilité vers l’étranger visera à aider les étudiants appartenant à des groupes sous-représentés, soit les étudiants à faible revenu, les étudiants autochtones et les étudiants handicapés.

Paul Davidson, président-directeur général d’Universités Canada (l’éditeur d’Affaires universitaires), a indiqué que son organisation discute des paramètres du programme de mobilité vers l’étranger avec EDSC, et collabore avec les recteurs et directement avec les bureaux de liaison internationale des universités canadiennes afin d’optimiser la mise en œuvre du programme. Bien qu’il reste de nombreux détails à régler, Universités Canada espère offrir le programme au cours de la prochaine année.

M. Davidson reconnaît que les étudiants qui souhaitent se rendre à l’étranger se heurtent à de nombreux obstacles; il pense que la stratégie du gouvernement en éliminera certains. « L’un des principaux obstacles est de nature financière, ajoute-t-il. Le programme aidera donc sur ce plan, mais ce n’est pas tout. Il vise aussi à garantir que les programmes d’études sont conçus de façon à permettre aux étudiants d’effectuer un séjour à l’étranger sans pour autant prolonger leurs études. » Par conséquent, il est important de s’assurer que les crédits obtenus dans les établissements d’enseignement à l’étranger sont reconnus par les établissements canadiens. « Ça ne devrait pas être trop difficile, prévoit-il. Toutefois, dans le cas des programmes professionnels où il y a de nombreuses exigences professionnelles — par exemple, l’ingénierie, la médecine ou la comptabilité —, il faut à tout prix trouver une solution. »

Pour Adam Brown, étudiant à l’Université de l’Alberta et président de l’Alliance canadienne des associations étudiantes, la Stratégie en matière d’éducation internationale est une bonne nouvelle. Les établissements postsecondaires devront cependant mettre en place des mécanismes de soutien supplémentaires afin de permettre à un plus grand nombre d’étudiants de partir à l’étranger, particulièrement ceux appartenant à des groupes qui ont été sous-représentés auparavant dans le contexte de l’éducation internationale. « Il faut s’assurer, par exemple, que les étudiants ne subissent pas un choc culturel trop prononcé, affirme-t-il. Dans le cas des étudiants handicapés, il est primordial de proposer des hébergements accessibles. » Selon lui, il ne faut pas oublier que les étudiants peuvent se sentir isolés et éloignés de leurs proches, ce qui peut être pénible pour eux. Il estime donc indispensable que des services de santé mentale soient aussi offerts.

Le gouvernement semble d’accord. La stratégie mentionne précisément que « les études à l’étranger peuvent poser des difficultés logistiques, surtout pour les étudiants qui n’ont jamais voyagé à l’extérieur du Canada » et que les établissements d’enseignement postsecondaire « apporteront un soutien et un accompagnement complets aux étudiants étrangers, et développeront des stratégies pour assurer la sécurité des étudiants canadiens à l’étranger ».

Publié en 2017, le Rapport du Groupe d’étude sur l’éducation mondiale estime qu’environ 11 pour cent des étudiants canadiens au premier cycle étudient à l’étranger au cours de leur parcours universitaire. Les pays qui investissent massivement dans les initiatives d’études à l’étranger obtiennent des résultats beaucoup plus intéressants. Selon le rapport cité dans la stratégie du gouvernement fédéral, 33 pour cent des étudiants français, 19 pour cent des étudiants australiens au premier cycle et 16 pour cent des étudiants américains effectuent un séjour d’études à l’étranger. De plus, les étudiants canadiens qui décident d’étudier à l’étranger choisissent souvent les mêmes destinations, soit les États-Unis, l’Australie, la France et le Royaume-Uni.

La stratégie indique aussi que plus de 50 pour cent des étudiants étrangers au Canada proviennent de l’Inde et de la Chine. La diversification des pays de provenance des étudiants étrangers pourrait favoriser une croissance durable du secteur canadien de l’éducation internationale.

Sherilyn Acorn-LeClair, gestionnaire des programmes internationaux de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, avoue avoir été ravie de constater que la diversification figure au nombre des priorités de la stratégie. Elle a ajouté que son campus devrait accueillir un plus grand nombre d’étudiants de l’Amérique latine, de la Turquie, de la Thaïlande et des Philippines.

Elle identifie aussi les contraintes financières comme étant le principal obstacle aux études à l’étranger. Les fonds alloués au programme de mobilité vers l’étranger permettront à un plus grand nombre d’étudiants de voyager. « Je suis ravie de l’investissement puisque c’est ce que nous demandions chaque année, dit-elle. Quelle joie de savoir que chaque étudiant recevra entre 5 000 dollars et 10 000 dollars. »

Mme Acorn-LeClair juge tout de même que la stratégie n’offrira de l’aide financière qu’à un nombre limité d’étudiants. « Onze mille étudiants répartis dans l’ensemble des universités du pays, ce n’est pas beaucoup. »

Bien que les études à l’étranger présentent certains défis, les avantages qu’elles procurent sont illimités, d’après Mme Acorn-LeClair. Celle-ci explique que les étudiants qui voyagent à l’étranger acquièrent une certaine autonomie et comprennent davantage les autres cultures, ce qui les aidera plus tard dans leur vie. « Ils s’ouvrent sur le monde et se trouvent dans des situations où ils doivent faire preuve d’autonomie et d’autosuffisance, où ils découvrent de nouvelles cultures et font de nouvelles connaissances. Une fois sur le marché du travail, ils auront des collègues de toutes les nationalités en raison des politiques d’immigration canadiennes. »

Elle aimerait éventuellement qu’il soit obligatoire pour tous les étudiants au premier cycle de vivre une expérience internationale. Selon elle, il n’y a pas meilleure éducation que celle acquise sur le terrain, aux quatre coins du monde.

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