Justice en français : enseignement bonifié dans l’Ouest

L’Université de Calgary proposera à l’automne une certification de common law en français.

03 avril 2019

Après l’Université de la Saskatchewan, c’est au tour de l’Université de Calgary de faire équipe avec l’Université d’Ottawa dans le but d’offrir aux étudiants en droit la possibilité de compléter une certification de common law en français durant leur formation de Juris Doctor, le diplôme de droit permettant d’accéder à l’examen du barreau.

« Le programme de certification est pour les étudiants déjà inscrits en droit, et c’est environ le tiers de leurs cours qui est suivi en français », précise Caroline Magnan, directrice du programme pancanadien de common law en français de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa. Au total, 30 crédits, soit 10 cours, devront être réussis pour obtenir la certification. Elle sera offerte dès l’automne et devrait compter six ou sept étudiants selon Mme Magnan.

« Beaucoup de Canadiens ne le savent pas, mais nous avons une population francophone importante dans cette province. Et sa capacité à obtenir des services juridiques dans sa langue maternelle peut parfois être limitée », a pour sa part commenté le doyen de la Faculté de droit de l’Université de Calgary, Ian Holloway.

Un constat qui avait déjà été fait en 2009, lors de la publication d’un rapport se penchant sur l’accès à l’éducation juridique dans les langues officielles et recommandant l’augmentation de l’offre de programmes. Cette conclusion a motivé la création de cette certification, assure Mme Magnan. D’ailleurs, des cours en français étaient déjà disponibles, ajoute-t-elle, et suscitaient déjà de l’intérêt.

C’est en Saskatchewan que la première faculté d’une université d’une province anglophone à commencer à offrir ce programme en 2016. Pour Patrick Hopf, président de l’Association des juristes d’expression française de la Saskatchewan, c’est une réelle avancée. « On a besoin d’un minimum de personnes formées, et il y a une différence entre parler français et avoir un français juridique », constate-t-il.

Le manque de juristes francophones entraîne parfois des frais de traduction, l’obligation d’être servi en anglais ou même des délais de plusieurs semaines pour les francophones.

Selon lui, il est cependant encore trop tôt pour voir les effets directs de cette certification.
« On en est à la première étape nécessaire, il faut du temps et un nombre plus élevé de diplômés », dit-il. Une fois leur diplôme en poche, les étudiants doivent encore faire leurs stages, certains poursuivent même leurs études, selon M. Hopf, ce qui explique que l’arrivée sur le marché du travail se fera quelques années après l’obtention du diplôme.

Pour Alexandra Heine, qui a suivi plusieurs cours de common law en français à l’Université de Calgary et qui finit ses études cette année, la création du programme marque un
« encouragement de la poursuite des études en français » dans un domaine qui ne dispose que de trop peu d’options.

Elle soutient également que cela peut ouvrir plus de portes à ceux qui souhaitent travailler au niveau fédéral, ce qui requiert souvent le bilinguisme.

 Vers d’autres programmes du genre au Canada?

 « Le programme de common law en français de l’Université d’Ottawa existe depuis plus de 40 ans, et une expertise s’y est développée », avance Mme Magnan. Pour elle, utiliser ces connaissances et les amener dans d’autres universités, c’est une façon de « ne pas réinventer la roue ».

Après la mise en œuvre des certifications à Calgary et à Saskatoon ainsi que de quelques cours au Manitoba, Mme Magan est actuellement en pourparlers avec l’Université de Victoria. Elle dit être ouverte à une entente avec Toronto, mais a cependant ses réserves : « une étape à la fois », répond-elle.

De son côté, M. Holloway n’exclut pas de proposer d’autres programmes en français au sein de sa Faculté, mais pense aussi qu’il faut d’abord laisser le temps à la certification de se mettre en place. « Il faut marcher avant de courir! », conclut-il.

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