La COVID-19, une leçon sur l’importance d’augmenter le financement public de la recherche, selon des lauréats canadiens du prix Nobel
« Les gouvernements et les scientifiques doivent coopérer » pour résoudre les grands problèmes mondiaux.
Pour prévenir ou atténuer les effets dévastateurs d’une pandémie prochaine inévitable, les gouvernements doivent accroître le financement de la recherche sur les maladies infectieuses, de même que les capacités de fabrication de vaccins et d’appareils médicaux, affirment trois des lauréats canadiens du prix Nobel.
« Nous devrons être mieux outillés la prochaine fois », a prévenu Michael Houghton, professeur de microbiologie et d’immunologie à l’Université de l’Alberta. Une deuxième pandémie de cette ampleur de notre vivant aurait des conséquences pour tous les pays, mais certains « ne parviendraient tout simplement pas à se relever », a-t-il ajouté. « Tous les pays, et pas seulement le Canada, doivent augmenter considérablement les budgets consacrés à la recherche fondamentale sur les maladies infectieuses, mais aussi à la recherche appliquée. »
M. Houghton est le plus récent lauréat d’un prix Nobel au pays. Il a remporté en 2020 le prestigieux prix dans la catégorie physiologie ou médecine. Le 3 mars, lui et deux autres lauréats canadiens – Donna Strickland, professeure à l’Université de Waterloo et lauréate du prix Nobel de physique en 2018, et Arthur McDonald, professeur émérite à l’Université Queen’s et ancien directeur du projet de collaboration scientifique internationale de l’Observatoire de neutrinos de Sudbury, lauréat du prix Nobel de physique en 2015 – ont participé à une discussion en ligne sur l’excellence en recherche au Canada organisée par Universités Canada (éditeur d’Affaires universitaires) et animée par Suhana Meharchand, présentatrice à CBC News.
La réponse du milieu scientifique mondial à la pandémie a été « vraiment très rassurante », selon M. Houghton. Elle a montré que les scientifiques et les chercheurs sont en mesure de préparer le monde aux grands défis qui se profilent quand on leur en donne les moyens. « Les milieux de la recherche fondamentale et appliquée, le corps médical, les agences de santé publique, les gouvernements : tous ont uni leurs efforts pour gérer rapidement la pandémie, sur le plan de la vaccination du moins. »
M. McDonald a expliqué que les scientifiques ont pu rapidement trouver des vaccins, car la recherche fondamentale avait déjà été menée avant l’apparition du virus. Ils ont également pu mettre de côté leurs travaux en cours pour agir sur d’autres fronts importants de la lutte contre la COVID-19, comme la production de ventilateurs.
L’an dernier, M. McDonald a dirigé une équipe internationale de chercheurs en physique, dont des physiciens de Queen’s, chargée de concevoir rapidement un ventilateur qui pourrait facilement être fabriqué au Canada et dans d’autres pays. À partir des capacités existantes de manipulation et de contrôle des gaz, les chercheurs sont parvenus à créer un produit manufacturable qui a été approuvé par Santé Canada en quelques mois. « Aucun des membres de l’équipe n’avait d’expérience dans le domaine des appareils médicaux. Mais nous avons réussi à mobiliser des scientifiques qui se consacraient à des activités de recherche fondamentale dans des laboratoires nationaux et des universités, s’est réjoui M. McDonald. Ce n’est qu’un exemple qui montre que le Canada dispose d’un vaste bassin de scientifiques qui, même s’ils ne travaillent pas dans le domaine, sont là pour répondre à un besoin national. »
Comme l’a souligné Mme Strickland, les scientifiques travaillent sans relâche à trouver des solutions à un autre problème mondial : les changements climatiques. La collecte et l’analyse des données sur le climat nécessiteront à elles seules une hausse du financement public de la recherche, a-t-elle indiqué. « C’est un des enjeux sur lesquels les scientifiques tentent d’attirer l’attention des gouvernements. Je ne dis pas qu’[ils] n’écoutent pas, mais ils pourraient le faire plus activement. Les océans, l’Arctique, l’air que l’on respire […] l’environnement mondial est composé d’une foule d’éléments étroitement liés. Les gouvernements et les scientifiques doivent coopérer. »
C’est très bien que la science fasse les manchettes alors que les chercheurs poursuivent leurs avancées dans le combat contre la COVID-19, a fait remarquer Mme Strickland. Le soutien de la population est essentiel, mais les scientifiques ont encore beaucoup de pain sur la planche pour convaincre tout le monde de l’importance de la science, a ajouté M. Houghton.
« Nous sommes tous confrontés à des personnes qui ne croient pas au bien-fondé de la science, et c’est frustrant. » Les Canadiens en général respectent beaucoup le travail des scientifiques, mais ce n’est pas le cas dans tous les pays, ou au sein de tous les gouvernements. C’est pourquoi les scientifiques doivent faire un travail de relations publiques en plus de mener leurs travaux de recherche, a-t-il expliqué. « Le vaccin contre la COVID-19 […] a montré le rôle important que joue la science pour nous protéger. Pour assurer notre survie comme espèce, nous devons maintenant tous nous rallier derrière le pouvoir de la science. »
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
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