Le gouvernement canadien dévoile la charte provisoire du programme Athena SWAN

Les consultations sur le projet visant à promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion se poursuivront en février et en mars auprès des groupes sous-représentés et des établissements d’enseignement.

20 février 2019
lab woman

À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, le 11 février, la ministre fédérale des Sciences et des Sports, Kirsty Duncan, a dévoilé la charte provisoire de la version canadienne du programme Athena SWAN. D’autres séances de consultation, qui se poursuivront en février et en mars, permettront de sonder « les groupes sous-représentés et les établissements d’enseignement » du pays.

« Le gouvernement entend finaliser la charte au printemps, affirme Valérie Levert-Gagnon, agente des relations avec les médias et des affaires publiques du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG). Nous prévoyons lancer le programme à l’été 2019. Le processus de sélection des établissements qui participeront à la version pilote n’est pas encore définitif. »

À l’origine, la charte du programme Athena SWAN et le processus d’attribution des mentions connexes ont été lancés auprès des universités du Royaume-Uni en 2005 pour favoriser l’avancement professionnel des femmes en sciences, en technologie, en génie et en mathématiques (STGM). Depuis, l’Irlande et l’Australie ont adopté leur propre version du programme, qui est aussi à l’essai aux États-Unis. La version canadienne du programme prévoira une participation volontaire des établissements. Sa portée élargie englobe aussi les quatre groupes désignés dans la Loi sur l’équité en matière d’emploi (femmes, personnes handicapées, Autochtones et minorités visibles) et la communauté LGBTQ. Le programme visera également toutes les disciplines (pas seulement les STGM), ainsi que les collèges et les universités.

Sur les médias sociaux, les chercheurs ont plutôt bien accueilli l’annonce du projet de charte par la ministre. « Je poursuis ma réflexion, mais j’aime ce que je vois à la première lecture, a publié sur Twitter Holly Witteman, chercheuse et professeure agrégée au Département de médecine familiale et de médecine d’urgence à l’Université Laval. Bravo @KirstyDuncanMP, à l’équipe @CRSNG_NSERC, à celles des autres agences et à tous ceux qui ont participé aux consultations ou présenté des commentaires. »

« Les universités et collèges ont mis du temps à mettre en évidence la diversité, la plus grande force du Canada, a indiqué sur Twitter Jeremy Kerr, professeur de biologie à l’Université d’Ottawa. Il est temps que la diversité s’étende aux campus, aux laboratoires et aux membres de toutes les disciplines, peu importe l’étape de leur carrière. »

Professeure de sciences politiques à l’Université de l’Alberta, Malinda Smith étudie l’équité sur les campus canadiens et a contribué à la tenue d’une séance de consultation à son établissement à l’automne. En entrevue, elle s’est réjouie de constater que la charte provisoire est « beaucoup plus inclusive et ambitieuse » que celle des autres pays ayant adapté le programme. Selon elle, l’atteinte des objectifs dépendra véritablement « du leadership exercé par les établissements et de la volonté politique manifestée pour traiter avec sérieux ce plan ambitieux […], et les établissements devront tirer des leçons. Ça ira, car les universités et les collèges sont des lieux d’apprentissage. »

Steven Murphy, recteur de l’Institut universitaire de technologie de l’Ontario, qui a reçu la ministre Duncan le 11 février, convient que des « échanges difficiles » s’imposent sur les campus concernant les préjugés systémiques dans les comités d’embauche. Il est toutefois optimiste. « Il ne s’agit pas d’un simple problème de rapports défavorables. Il en va de la nature même du milieu universitaire, soutient-il. Le lancement du programme et l’engagement du gouvernement fédéral marquent toutefois une étape très positive. »

Dans le rapport sommaire sur les consultations de l’automne dernier, le CRSNG présente les commentaires reçus des représentants d’établissements concernant les objectifs, la portée et la conception du programme. « Les participants ont souligné que les initiatives telles qu’Athena SWAN sont liées à un changement de culture qui peut nécessiter du temps; il est donc important de l’envisager dans une perspective à long terme », peut-on y lire. Autre préoccupation soulevée : le fardeau administratif associé au programme Athena SWAN au Royaume-Uni, où un comité directeur mène un examen du programme.

Au sujet des données, présentées comme étant « l’un des plus grands défis de l’initiative Athena SWAN » lors des consultations de l’automne, le CRSNG a réitéré que les « établissements devront recueillir des données pour suivre leurs progrès en matière d’équité, de diversité et d’inclusion. […] Dans la mesure du possible, le modèle canadien cadrera avec les pratiques exemplaires établies à partir d’autres programmes et initiatives, et sera fondé sur les données de recherche actuelles. »

Les consultations en cours portent sur une version de la charte et du programme « crédible et progressive, non seulement de l’avis des organisations participantes, mais aussi des intervenants sous-représentés », indique le CRSNG. Les conclusions qui en découleront orienteront le guide, le formulaire de demande et l’évaluation par les pairs dans la version canadienne du programme Athena SWAN.

Universités Canada, qui représente 96 établissements membres, a défini des Principes d’excellence en matière d’inclusion en octobre 2017 et se réjouit de constater qu’ils ont servi de fondements au projet de charte, selon Wendy Therrien, directrice, Recherche et politiques, de l’association. « Nous entendons poursuivre notre collaboration avec le CRSNG et Innovation, Sciences et Développement économique Canada dans l’élaboration et la mise en place du programme pilote canadien Athena SWAN », ajoute-t-elle.

En plus de la charte provisoire, le cabinet de la ministre a aussi annoncé officiellement des subventions de renforcement de la capacité des « petits établissements et collèges » de créer et de mener des initiatives en matière d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI). Les établissements ont jusqu’au 1er mars pour présenter une demande. Grâce au fonds de dix millions de dollars, les établissements pourront demander jusqu’à 200 000 $ annuellement pendant un maximum de deux ans pour réaliser un projet. « Les petits établissements postsecondaires n’ont pas nécessairement beaucoup de ressources à consacrer aux activités d’EDI à court terme. Il était prioritaire de leur permettre d’accéder rapidement à ces subventions », selon le CRSNG.

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