Le programme Expérience compétences mondiales a été lancé au pays

Les universités et les collèges souhaitent faciliter les séjours d’études et de travail à l’étranger pour les étudiants issus de milieux non traditionnels.

01 décembre 2021
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En 2018, les étudiants étrangers ont dépensé près de 21,6 milliards de dollars en droits de scolarité au Canada, et ont payé environ 40 % de l’ensemble des droits de scolarité au pays sur une période de 10 ans. C’est l’une des raisons qui incitent le Canada à s’efforcer d’attirer des étudiants étrangers. Mais la même attention est-elle accordée aux étudiants canadiens qui souhaitent étudier à l’étranger? Pas selon Margaret Biggs, qui a coprésidé en 2017 le Groupe d’étude sur l’éducation mondiale chargé de creuser la question.

« Beaucoup d’efforts ont été consacrés à attirer un nombre accru d’étudiants étrangers au Canada, mais peu de progrès concrets ont été réalisés pour envoyer davantage d’étudiants canadiens à l’étranger, malgré un bon nombre d’études qui le préconise », souligne Mme Biggs, titulaire de la bourse de recherche Matthews en politiques publiques mondiales à l’Université Queen’s.

Le rapport du Groupe d’étude explique pourquoi l’éducation internationale est essentielle à la réussite future du Canada : elle permet aux étudiants canadiens de tisser les liens nécessaires pour réussir dans une économie numérique, connectée et mondiale et d’acquérir les compétences requises pour s’y tailler une place. Le document prévient que le Canada ne prépare pas ses étudiants à faire face à un monde en rapide évolution, et réclame un investissement conséquent leur permettant d’étudier à l’étranger. Tout récemment, cet appel à l’action a été entendu et le lancement du programme Expérience compétences mondiales se veut une réponse à celui-ci.

Dans le cadre de ce programme national de mobilité étudiante vers l’étranger administré conjointement par Collèges et instituts Canada et Universités Canada (l’éditrice d’Affaires universitaires), 95 millions de dollars seront distribués aux collèges et aux universités sur une période de trois ans et demi. L’initiative permettra à quelque 16 000 étudiants du collégial et du premier cycle universitaire de travailler ou d’étudier à l’étranger, particulièrement dans des pays de destination non traditionnels. Bien qu’il soit ouvert à tous les étudiants, ce programme cible ceux issus de groupes qui, historiquement, n’ont pas eu de telles occasions, à savoir les étudiants autochtones, les étudiants à faible revenu et les étudiants handicapés.

Assurer l’égalité des chances

Azul Hernandez-Billy, présidente de l’Association étudiante de l’Université Thompson Rivers, estime que la création d’un programme inclusif permettant aux étudiants canadiens de faire des études à l’étranger est un pas dans la bonne direction.

« En tant que personne qui s’identifie comme autochtone, je pense que ce programme est une excellente initiative, car il offre des chances égales à ceux qui n’auraient pas nécessairement accès à des expériences comme celle-ci, affirme Mme Hernandez-Billy. Il est important de faire une place aux personnes qui se sont battues pour être reconnues et incluses. »

Vinitha Gengatharan, directrice générale des programmes de mobilité à l’Université York, est du même avis. Elle soutient que cette initiative en faveur de l’égalité des chances constitue « la pièce maîtresse » pour son établissement. « Dans un marché mondial de plus en plus concurrentiel, ce programme est un moyen de permettre aux étudiants qui n’auraient autrement pas l’occasion de participer à une expérience à l’étranger d’acquérir des compétences mondiales. »

Mais de quelles compétences s’agit-il exactement? Selon Mme Biggs, qui faisait partie du groupe consultatif sur le programme Expérience compétences mondiales, ces compétences vont bien au-delà de la connaissance d’une discipline. « Pour vraiment réussir dans le milieu de travail de demain, il faut être en mesure de penser de manière critique, de résoudre des problèmes, de faire preuve de résilience et d’adaptabilité et de travailler avec différentes personnes. »

Ces compétences sont acquises ou renforcées par une éducation internationale. Souvent appelées « compétences générales », et plus récemment « compétences durables », elles sont devenues encore plus prisées par les employeurs depuis le début de la pandémie. Un sondage réalisé au Canada en décembre 2020 a révélé que 73 % des entreprises recherchent plus que jamais les compétences durables.

Acquérir des compétences et tisser des liens

Leah Nord, directrice principale des stratégies de main-d’œuvre et de la croissance inclusive à la Chambre de commerce du Canada, souligne à quel point ce type de compétences est essentiel à la réussite future dans un environnement de travail numérique.

« Qu’il s’agisse de compétences générales, durables ou interculturelles, elles seront essentielles à l’avenir, explique-t-elle. Être capable de travailler avec des personnes d’horizons différents était important auparavant […], mais la pandémie a accéléré cette nécessité, notamment dans un contexte de télétravail où on est désormais en contact avec des collègues du monde entier. »

L’avenir du télétravail n’est pas encore défini au Canada, où les organisations commencent à mettre en œuvre des politiques de retour au bureau, de travail en mode hybride ou de télétravail. Mais la vitesse à laquelle croît l’économie mondiale et numérique ne changera sans doute pas. « C’est un enjeu de rapidité, c’est un enjeu numérique, et c’est un enjeu mondial, souligne Mme Biggs. Les personnes qui sont en mesure de s’adapter, d’agir rapidement et de travailler avec les autres seront réellement privilégiées. »

L’acquisition de compétences n’est toutefois pas le seul objectif du programme. L’établissement de liens transfrontaliers et la consolidation des réseaux de recherche internationaux et des écosystèmes d’innovation seront également essentiels à la réussite future du Canada, souligne Jim Stanford, économiste canadien du travail et directeur du Centre pour l’avenir du travail.

« Le programme Expérience compétences mondiales renforcera les liens internationaux pour la prochaine génération d’universitaires et de professionnels canadiens et permettra d’accroître la capacité du pays à participer à l’innovation et à la création de connaissances futures, ajoute M. Stanford. Il offrira aux étudiants canadiens l’occasion de vivre des expériences à l’étranger et de tisser des liens à l’échelle internationale, ce qui leur permettra de propulser leur carrière tout en étant aux premières loges d’un monde en pleine évolution. »

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