Les programmes d’art et de design investissent dans la pleine conscience de leurs étudiant.e.s

Forte d’une subvention fédérale de quatre millions de dollars, l’École d’art et de design de l’Ontario aide quatre autres établissements postsecondaires à lancer l’initiative Mindful Campus l’automne prochain.

31 mars 2023
Mindful Campus logo displayed on iPhone screen. Smartphone is upright on a table and framed by colourful paper cut-out shapes.

Durant la pandémie de COVID-19, l’apprentissage en ligne a posé différents défis à la population étudiante. Or pour les étudiant.e.s en art et design, trouver l’inspiration sans outils ni rétroaction des pairs, le tout dans un climat de souffrance généralisée, s’est avéré particulièrement difficile.

« Tout le matériel spécialisé leur était inaccessible, sans parler de l’absence des pairs et de leur influence, affirme Deanne Fisher, vice-provost des affaires étudiantes et internationales de l’École d’art et de design de l’Ontario. La créativité a des racines sociales, alors la solliciter depuis le petit bureau dans sa chambre, ça compromet la récolte. »

Elle ajoute que l’apprentissage à distance a nui à la capacité de son établissement à offrir aux étudiant.e.s du soutien en santé mentale. « Nous ne pouvions pas leur dire de vive voix que c’était OK de ne pas être OK. »

Aujourd’hui, les artistes de la relève évoluant dans un programme postsecondaire canadien d’art et de design peuvent se tourner vers une nouvelle forme de soutien. Celle-ci allie formations, activités et ressources sur la pleine conscience adaptées au travail créateur. L’initiative pancanadienne Mindful Campus (« Campus pleine conscience »), pilotée par l’École d’art et de design de l’Ontario, bénéficie d’une subvention de près de quatre millions de dollars de l’Agence de la santé publique du Canada. Quatre autres établissements postsecondaires y participent : la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia, l’École des arts, des médias, du spectacle et du design de l’Université York, le Collège d’art et de design de la Nouvelle-Écosse et l’École des arts et de l’animation du Collège Seneca.

Dans le cadre de l’initiative, l’École d’art et de design de l’Ontario travaille avec le Centre d’études sur la pleine conscience de Toronto à la création d’une formation théorique et pratique de 12 semaines. Les quatre modules – deux en présentiel et deux en ligne – enseigneront aux étudiant.e.s à percevoir leurs pensées, émotions et sensations de manière à réduire leur anxiété, développer leur résilience et stimuler leur créativité.

Chaque module comportera trois séances sur des sujets allant de la réduction des réactions conditionnées au développement de la conscience émotionnelle et de l’empathie. Mme Fisher explique que l’enseignement cadrera avant tout avec les expériences et les sensibilités des étudiant.e.s en art et design, en explorant notamment la valeur de ces disciplines au sein de la société capitaliste, le processus créateur, l’anxiété entourant la critique et le manque de soutien familial qu’entraînent ces démarches. Les cours s’appuieront aussi sur les méthodologies du processus créateur pour amener les cohortes à réfléchir à leur apprentissage. Des rassemblements hebdomadaires dirigés par un.e enseignant.e de pleine conscience leur permettront de mettre en pratique les techniques apprises et de poser des questions.

Le programme, précise Mme Fisher, tiendra compte du fardeau psychologique qui pèse tout particulièrement sur les étudiant.e.s s’identifiant comme personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC). Elle ajoute que l’initiative Mindful Campus leur propose des scénarios adaptés à leurs expériences, de même que des moyens de fortifier leur santé mentale face à l’oppression et aux traumatismes structurels. En outre, le programme offrira dès septembre des séances sur mesure, animées par des PANDC.

Si l’École d’art et de design de l’Ontario offre le programme depuis peu, les autres établissements emboîteront le pas cet automne. Pour faire connaître l’initiative, l’École a tenu deux activités éphémères, un match de basketball et un atelier de fabrication de thé – des activités qui, aux dires de Mme Fisher, ont fait appel à la notion de jeu pour promouvoir la pleine conscience, tout en renforçant le sentiment d’appartenance à l’établissement.

« Quand on vit beaucoup de stress, dit-elle, les choses peuvent sembler échapper à notre contrôle. J’espère que la population étudiante voit ce programme comme un coffre à outils pour prendre son bien-être en main. »

Au Collège d’art et de design de la Nouvelle-Écosse, Jennifer Abrahamson, directrice par intérim des débouchés et de l’appartenance, est enthousiaste à l’idée d’utiliser une approche fondée sur des données pour renforcer la santé mentale des étudiant.e.s. Thérapeute en counseling de formation, Mme Abrahamson s’est jointe au Collège en juin 2021 pour aider les étudiant.e.s aux prises avec des sentiments de peur et d’isolement causés par la pandémie. Depuis, c’est l’anxiété sociale, selon elle, qui est devenue le défi numéro un.

« Apprendre en ligne au secondaire, pour ensuite revenir en classe, mais dans un établissement postsecondaire, c’est toute une transition, observe-t-elle. En adoptant une conscience sans jugement du moment présent, vous pouvez réduire une partie de l’anxiété que suscitent les interactions sociales. »

Le site Web de l’initiative, mindfulcampus.ca, offrira bientôt des ressources sur la pleine conscience, dont des vidéos éducatives que les établissements relayeront par leurs réseaux sociaux. À cela s’ajoutera, d’après les responsables du projet, un réseau d’entraide étudiant qui permettra, dans le cadre des activités du programme, d’obtenir le soutien des pairs d’autres établissements. Sandra Gabriele, vice-provost à l’innovation en enseignement et en apprentissage à l’Université Concordia, souligne que le programme peut compléter les services d’intervention et de soutien déjà en place.

Son université compte d’ailleurs multiplier ce type de soutien. « Ce sont des mesures préventives qui permettent d’intervenir bien avant que le besoin de consulter se fasse sentir, explique-t-elle. Nous pouvons ainsi promouvoir le bien-être en classe, et aider les étudiant.e.s à se délester de leur fardeau. »

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