L’Université McGill revoit entièrement son modèle de services de santé mentale

Le Pôle bien-être Rossy servira de guichet unique pour les services de santé mentale aux étudiants.

02 avril 2019

Alors que de plus en plus d’étudiants universitaires canadiens disent avoir besoin d’une aide urgente en raison de problèmes de santé mentale, les établissements postsecondaires du pays s’empressent d’élargir et de revitaliser leurs modèles de services destinés aux étudiants fortement touchés par le stress, l’anxiété, la dépression ou d’autres graves problèmes de santé mentale.

À l’Université McGill, une nouvelle démarche a reçu un appui de 14 millions de dollars provenant en partie de la Fondation montréalaise Rossy. Cette somme permet de financer un nouveau centre de services de santé et bien-être, des équipes de conseillers en bien-être ayant une formation clinique intégrée aux facultés et aux départements, un site Web qui servira de guichet unique d’information sur la santé et le bien-être et permettra à terme la prise de rendez-vous, ainsi que des outils en ligne qui aideront les étudiants à composer avec le stress et l’adversité.

Le Pôle bien-être Rossy, qui ouvrira en septembre, sera l’espace physique central reliant les différentes parties du réseau regroupant les services de santé mentale, dont le counseling et les services psychiatriques. Répartis sur le reste du campus, les conseillers en bien-être constituent les « antennes » du réseau.

L’équipe des conseillers en bien-être au Pôle bien-être Rossy. De gauche à droite : Bianca Brunetti (arts), Lauren Weber (ingénierie), Zander Masser (musique), Katelyn Ward (éducation), Shannon Walsh (campus MacDonald), Shrabani Debroy (loi) and Cyndi Owen (résidences). Photo de l’Université McGill.

« Nous revoyons entièrement notre modèle pour garantir le bien-être psychologique des étudiants », explique Vera Romano, directrice du Pôle bien-être de l’Université McGill. Selon Mme Romano, l’anxiété et la dépression sont les problèmes les plus répandus chez les étudiants, comme l’ont montré les études et les consultations menées pendant des mois auprès des étudiants, des professeurs et des membres du personnel de l’établissement. Les problèmes de sommeil, la difficulté à concilier travail et études, le sentiment d’isolement et de solitude, ou encore le stress financier sont eux aussi très fréquents.

L’Université McGill qualifie son nouveau modèle d’« holistique », car il offre aux étudiants un éventail de ressources : counseling individuel, psychothérapie de groupe, soutien par les pairs, ateliers sur la santé et le bien-être dans les facultés et outils en ligne qui les aident à acquérir de saines habitudes pour éviter l’aggravation des problèmes de santé mentale. « Nous voulons que les services correspondent aux besoins des étudiants », indique Mme Romano, qui explique que les services proposés reposent sur des données probantes et que leur efficacité sera évaluée à mesure que les étudiants les utiliseront.

La prévention est l’un des principaux objectifs. « Une intervention précoce peut éviter une crise grave, affirme Shannon Walsh, qui compte parmi les sept conseillers en bien-être déjà présents sur le campus, auxquels cinq autres se joindront à l’automne. Nous mettons les services en place là où se trouvent les étudiants. Nous créons un écosystème de soins, plutôt que de rester dans nos bureaux à attendre qu’ils viennent nous voir. »

Selon Mme Walsh, les conseillers sont des « ambassadeurs du bien-être ». Ils organisent des ateliers thématiques et des conférences dans les facultés, et réfèrent les étudiants et les professeurs à des ressources pertinentes selon la situation. « Les étudiants de première année ont des besoins particuliers, tout comme les étudiants étrangers, poursuit Mme Walsh. Nous les dirigeons vers les ressources adaptées à leur cas. » Des conseillers seront aussi dans les résidences, les centres sportifs et des départements supplémentaires. Il sera en outre possible de bénéficier de rendez-vous individuels avec eux.

L’évolution du modèle de l’Université McGill touchant la santé mentale des étudiants s’inscrit dans une vaste tendance observée sur les campus dans tout le pays. Les établissements reçoivent un soutien et un financement accrus de la part de fondations philanthropiques, comme la Fondation Rossy. Celle-ci collabore également avec la Commission de la santé mentale du Canada, Universités Canada et d’autres organisations à l’élaboration d’une norme nationale sur la santé et la sécurité des étudiants de niveau postsecondaire.

« Cette tendance montre que les organisations philanthropiques peuvent avoir un effet sur la santé mentale des étudiants », indique Elizabeth Cawley, coordonnatrice des campus Medavie ÉduSanté de l’Association des universités de l’Atlantique (AUA). Mme Cawley a participé à l’élaboration du modèle de services de santé mentale de l’AUA destinés aux étudiants. Ce modèle est fondé sur la démarche de « soins par étapes », dont Peter Cornish, directeur des services de counseling de l’Université Memorial, a été le pionnier. Comme dans le cas du modèle de l’Université McGill, cette démarche permet aux étudiants d’accéder à divers services, selon le type et la gravité du problème.

Lorsqu’il s’agit de santé mentale des étudiants, la tendance est aux partenariats et à l’offre d’un éventail de services, soutient Mme Cawley, titulaire d’un doctorat en psychiatrie de l’Université McGill. « La Fondation Rossy a compris que l’Université McGill voulait s’éloigner de l’ancien modèle et qu’il fallait absolument tous nous mettre en quête de solutions novatrices. »

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