Plus de diversité dans les universités francophones du Québec
De nouvelles tendances sociolinguistiques émergent dans un récent rapport de l’Office québécois de la langue française portant sur les étudiants universitaires.
Les étudiants anglophones et allophones sont de plus en plus présents dans les universités francophones du Québec, c’est ce que révèle un rapport (PDF) de l’Office québécois de la langue française. Ce dernier décrit l’évolution du nombre d’étudiants universitaires en fonction de leur langue maternelle entre 1986 et 2014.
Au Québec, les proportions d’étudiants ayant choisi une université francophone ou anglophone sont restées stables depuis 20 ans. Un peu plus des trois quarts des quelques 290 000 étudiants universitaires fréquentaient en 2014 un établissement francophone et un quart optait pour un établissement anglophone, selon l’étude de l’Office québécois de la langue française (OQLF).
Mais ce qui a fait le plus jaser dans les médias québécois, c’est la hausse du nombre d’étudiants québécois de langue maternelle anglaise optant pour des études universitaires en français. Celle-ci a presque doublé de 2002 à 2014, passant de 5,9 à 9,5 pour cent (+ 83 pour cent). Environ 95 pour cent des étudiants de langue maternelle française nés au Québec optent pour une université francophone.
Une donnée qu’il convient de regarder avec une certaine prudence. Comme il y a beaucoup plus d’étudiants québécois francophones qu’anglophones au Québec, le nombre d’étudiants francophones fréquentant une université de langue anglaise demeure beaucoup plus élevé que l’inverse. Environ 20 pour cent des étudiants de l’Université McGill sont francophones, comme 23 pour cent de ceux de Concordia et 25 pour cent de ceux de Bishop’s (incluant les étudiants étrangers de langue française).
« Ce qui me frappe, c’est que les deux univers restent en fait assez étanches, la proportion d’étudiants choisissant une université de leur langue maternelle dépassant 90 pour cent pour les deux communautés, indique Simon Langlois, professeur émérite de sociologie à l’Université Laval. Pourtant, fréquenter une université dans une langue différente donne accès à de nouvelles perspectives culturelles et scientifiques et diversifie les réseaux sociaux. Il serait donc souhaitable qu’il y en ait plus. »
Les allophones plus présents
De son côté, le porte-parole de l’OQLF, Jean-Pierre Le Blanc, souligne surtout l’augmentation du nombre d’étudiants universitaires au Québec dont la langue maternelle n’est ni le français, ni l’anglais. « Leur proportion a plus que doublé, passant de 6,4 pour cent en 1986 à 15,8 pour cent en 2014, souligne-t-il. Si l’on ne regarde que les étudiants nés au Québec, ceux de langue maternelle tierce représentaient cette année-là 12,9 pour cent de l’effectif. Ils étaient donc plus nombreux que les étudiants québécois de langue anglaise, lesquels en représentaient 11,1 pour cent. »
En 2014, près de six étudiants de langue maternelle tierce sur dix fréquentaient une université francophone, contre quatre sur dix en 1986 et cinq sur dix en 2002. Chez les étudiants allophones nés au Québec, la proportion est passée de 52 pour cent en 2002 à plus de 70 pour cent en 2014. « Il est possible que la Charte de la langue française ait eu une incidence à cet égard en dirigeant un grand nombre d’élèves de langue maternelle tierce vers les écoles primaires et secondaires francophones, avance Jean-Pierre Le Blanc. Bien qu’ils aient ensuite le libre choix de leur cégep et de leur université, il est possible que plusieurs optent pour continuer dans la langue de leur scolarité. »
Simon Langlois offre un éclairage un peu différent. Il souligne que la proportion d’étudiants de langue maternelle tierce dans les universités francophones reste assez loin du poids démographique de la communauté francophone. Cela peut laisser penser qu’une proportion significative des immigrants s’intègre plutôt à la communauté anglophone.
« Les francophones représentent un peu plus de 80 pour cent de la population québécoise, donc on se serait attendu à ce qu’environ 80 pour cent des allophones choisissent d’étudier en français, » note-il. Pourtant, seulement 70 pour cent des universitaires allophones venant du Québec choisissent d’étudier en français. « C’est un progrès, puisqu’il y a eu une augmentation, mais ce progrès n’est pas encore aussi marqué qu’il devrait l’être », ajoute M. Langlois.
Reste à voir si le toujours sensible débat sur la langue au Québec viendra modifier la donne. Étendre les dispositions de la loi 101 au cégep et/ou ajuster le financement public des cégeps anglophones en fonction du poids démographique de la communauté historique de langue anglaise est encore régulièrement évoqué. Les deux mesures auraient pour effet de restreindre l’accès des francophones et allophones aux cégeps anglophones, avec des conséquences encore inconnues sur les choix subséquents des étudiants universitaires. À l’inverse, un récent sondage Léger mené pour Le Devoir révélait que 53 pour cent des francophones étaient plutôt favorables à un assouplissement de l’accès aux écoles primaires et secondaires anglophones.
Selon Simon Langlois, les francophones ne perçoivent plus l’anglais comme une menace, comme c’était le cas avant l’adoption de la loi 101, « mais plutôt comme une langue utilitaire dont la maîtrise favorise le succès professionnel. »
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Doyen(ne), Faculté de médecine et des sciences de la santéUniversité de Sherbrooke
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