Santé mentale des étudiants : 60 M$ et un plan d’action

Si personne ne conteste la pertinence d’avoir un plan d’action sur la santé mentale étudiante, les moyens qui y sont associés ne font pas l’unanimité.

30 septembre 2021
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Après avoir mené des consultations auprès de 140 personnes en janvier dernier, le gouvernement du Québec a dévoilé son Plan d’action sur la santé mentale étudiante à l’enseignement supérieur. La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui représente notamment la Fédération de la recherche et de l’enseignement universitaire du Québec, ainsi que l’Union étudiante du Québec (UÉQ) ont formulé des réserves quant à la portée de cette initiative.

Présenté le 2 septembre par Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, le plan vise à déployer davantage de ressources et de créer des programmes et des outils en santé mentale, et ce, dès l’automne.

Se déclinant en quatre axes et 20 mesures, il est doté d’une enveloppe budgétaire de près de 60 millions de dollars sur cinq ans. Cet investissement devra être partagé entre les réseaux collégial et universitaire du Québec.

Ultimement, le gouvernement souhaite que la mise en œuvre de ce plan assurera un changement de culture en matière de santé mentale partout au Québec, offrira des campus accueillants qui permettent aux étudiants de « s’épanouir dans des milieux sains, sécuritaires et propices à une santé mentale positive », préviendra l’apparition de détresse psychologique et de troubles mentaux en soutenant la population étudiante et rendra plus accessibles les services en santé mentale destinés aux étudiants.

« Il est important de préciser que notre plan d’action n’est pas seulement une réponse à la crise sanitaire, souligne Mme McCann. Dans le futur, il nous permettra de soutenir tous les établissements des réseaux collégial et universitaire pour qu’ils aient en main les outils nécessaires pour lutter contre les troubles de santé mentale que vivent leurs étudiantes et étudiants. »

Réactions partagées

Si l’UÉQ salue les investissements annoncés par le ministère de l’Enseignement supérieur et affirme que le plan d’action dans son ensemble « correspond aux demandes de la communauté étudiante pour soutenir la santé mentale dans les universités », elle manifeste toutefois quelques réticences.

« Nos soucis concernent particulièrement la suffisance des sommes pour que les établissements mettent en place les actions prévues, souligne le président de l’UÉQ, Samuel Poitras, dans un courriel envoyé à Affaires universitaires. Notamment, dans les établissements de plus petite taille, certaines universités pourraient être à court de fonds uniquement en engageant des personnes chargées de projet pour coordonner le travail. »

Une préoccupation qui trouve écho à la CSQ qui écrivait dans une lettre d’opinion que le plan d’action « s’avère être trop timide pour répondre aux nombreux besoins actuels ». Sachant que la somme devra être répartie entre 87 établissements, la Centrale estime que l’investissement alloué est « est nettement insuffisant ».

M. Poitras s’inquiète également de la mise en œuvre des mesures comprises dans le plan. Le président de l’UÉQ avance que le document n’ayant pas de portée restrictive pour les universités, rien ne les oblige à l’appliquer de façon exhaustive. Selon lui, le besoin le plus urgent demeure d’augmenter l’accessibilité aux consultations psychologiques pour la communauté universitaire.

« À plus long terme, ce plan devra mener à un changement de culture dans les universités afin de mettre de l’avant un climat d’études sain et de déstigmatiser les problèmes de santé mentale. Notamment, il faudra que les établissements révisent leurs règlements des études et leurs politiques institutionnelles pour avoir une structure qui limite les impacts sur la santé psychologique », conclut M. Poitras.

Du côté de l’Université de Montréal, lieu où la ministre a procédé au dévoilement du plan, l’investissement gouvernemental est bien accueilli. Le recteur de l’établissement, Daniel Jutras, mise sur la somme allouée pour solidifier certaines ressources en santé mentale instaurées pendant l’actuelle crise sanitaire.

« Pendant la pandémie, les universités ont dû adapter leurs services de soutien psychologique pour leurs étudiants et étudiantes qui ont porté le fardeau de l’isolement, de l’anxiété, des troubles du sommeil ou encore de la perte de motivation, souligne M. Jutras. Le travail qui nous attend maintenant est de pérenniser le plus possible ces services, grâce à ce nouvel investissement du gouvernement, et de nous assurer que l’expérience que nous avons acquise pendant la pandémie en matière de réussite et de santé mentale servira les prochaines cohortes étudiantes. »

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