U Sports modifie sa politique d’équité pour inclure les étudiants-athlètes transgenres
La nouvelle politique appuie l’inclusion des athlètes transgenres dans le milieu du sport universitaire, mais certaines préoccupations demeurent.
Après plus de deux ans d’efforts, U Sports, l’organisme de gouvernance du sport universitaire au Canada, a publié à la fin de 2018 une politique qui permet aux étudiants-athlètes transgenres de s’inscrire au sein de l’équipe qui correspond à leur genre biologique ou à leur identité de genre. La nouvelle politique a été élaborée par le comité sur l’équité d’U Sports, en consultation avec le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES), et est entrée en vigueur immédiatement dans les 56 établissements membres de l’organisme.
Avant la révision de sa politique en matière d’équité et l’adoption de ce nouveau règlement, U Sports n’avait aucune position formelle à l’égard de l’admissibilité des étudiants-athlètes transgenres dans le milieu du sport universitaire, où la plupart des programmes et des ligues sont catégorisés par genres. Dans l’ensemble, la nouvelle politique appuie l’inclusion des étudiants-athlètes transgenres dans le milieu du sport universitaire. Or, certaines préoccupations ont été soulevées à l’égard du nouveau règlement.
Ce dernier stipule entre autres que les étudiants-athlètes transgenres devront se conformer au programme antidopage canadien. Ce point inquiète Charlene Weaving, professeure en science de l’activité physique à l’Université St. Francis Xavier et spécialiste de la question du dopage et des genres dans le milieu sportif. Selon elle, la politique doit être assez souple pour permettre aux étudiants transgenres qui suivent une hormonothérapie d’être admis dans les compétitions sportives malgré le règlement antidopage très strict qui interdit les niveaux élevés de testostérone chez les athlètes. En effet, les données scientifiques ne révèlent aucune corrélation entre la performance d’un athlète et son niveau de testostérone, affirme-t-elle.
En réponse à cette question, David Goldstein, chef des opérations à U Sports, explique que tous les contrôles nécessaires à la prise de décisions et aux appels en matière d’admissibilité seront pris en charge par le CCES, qui administre le programme canadien antidopage. Le CCES utilise la liste des substances interdites de l’Agence mondiale antidopage et pourrait accorder une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques aux athlètes qui doivent prendre un médicament figurant sur cette liste.
En outre, la nouvelle politique énonce qu’« un athlète peut concourir au sein des équipes sportives d’un seul genre au cours d’une année universitaire donnée ». Jacob Roy, étudiant à l’Université St. Thomas et militant transgenre, souligne que les personnes transgenres et allosexuelles ont toutes un parcours différent, et que leur identité de genre peut varier au cours d’une année scolaire.
Dans le passé, M. Roy a pris part à des compétitions de rugby, de soccer, de plongeon et d’athlétisme. Lors d’une entrevue à la CBC (en anglais) en 2017, il a expliqué avoir été rejeté des équipes masculines de l’Université du Nouveau-Brunswick lorsqu’il a commencé à prendre de la testostérone pour entamer sa transition de genre. Il a donc quitté l’établissement pour s’inscrire à l’Université St. Thomas avec l’espoir d’y poursuivre son parcours sportif, pour finalement se buter aux mêmes obstacles, a-t-il confié récemment au journal étudiant The Brunswickan (en anglais).
M. Goldstein affirme que la nouvelle politique d’U Sports a été conçue de manière à tenir compte des expériences propres aux personnes transgenres, y compris le changement de sexe et les interventions médicales. Il ajoute que si un athlète transgenre était appelé à subir un test antidopage, la démarche serait exactement la même que pour toute autre substance interdite, y compris les médicaments utilisés pour traiter le TDAH, l’asthme et même la perte de cheveux.
Mme Weaving et M. Roy sont tous deux d’avis que l’éducation est un élément indispensable à l’application cohérente de la nouvelle politique d’équité dans les universités canadiennes. M. Roy estime aussi que la création d’un environnement favorable à l’inclusion des athlètes transgenres repose sur une sensibilisation accrue des entraîneurs, des administrateurs, des instructeurs, des bénévoles et des étudiants-athlètes à l’égard des questions qui concernent l’intégration, l’équité et l’emploi d’un langage inclusif. En outre, les entraîneurs et les universités devront respecter les préférences individuelles ainsi que le droit à la vie privée des athlètes transgenres, puisque certains pourraient choisir de ne pas s’afficher ouvertement. Les entraîneurs ne doivent pas hésiter à leur tendre la main pour connaître leurs préoccupations et leurs besoins, comme ils devraient le faire pour tous les autres athlètes.
M. Goldstein explique que U Sports élabore, à l’intention des intervenants du milieu sportif universitaire, un manuel éducatif qui comprendra une FAQ, des pratiques exemplaires, des outils et des recommandations sur divers sujets comme la sécurité dans les vestiaires et sur le terrain, et même les réactions du public. Bien qu’U Sports établisse des normes et formule des recommandations, chaque université est libre de gérer ses programmes sportifs de manière autonome, précise-t-il. Cette politique inclusive, avant-gardiste et axée sur les étudiants-athlètes a été approuvée à l’unanimité par les directeurs des services des sports, dit-il.
Il ajoute que les lignes directrices de la nouvelle politique sont encore plus inclusives et exhaustives que celles de nombreuses fédérations sportives comme l’Association canadienne du sport collégial, et même le Comité international olympique. Il n’en demeure pas moins que U Sports est « ouvert à la critique », affirme M. Goldstein.
Pour sa part, M. Roy déplore le fait qu’aucun étudiant transgenre n’ait été consulté durant le processus d’examen de la politique, et espère que les règlements relatifs à l’inclusion des transgenres seront mis à jour périodiquement. Même si cette nouvelle politique arrive trop tard pour lui, il croit qu’elle représente un point décisif en faveur de la visibilité des personnes transgenres au Canada. Les droits des personnes transgenres ont beaucoup évolué dans les établissements canadiens. En 2017, la Loi canadienne sur les droits de la personne ainsi que le Code criminel ont été amendés afin d’interdire toute discrimination fondée sur l’identité sexuelle ou sur la façon de l’exprimer, ce qui prouve que l’identité des personnes transgenres et allosexuelles est encore un sujet très politique.
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