Jean-Pierre Bergevin : de pensionnaire à vétéran

Ce passionné de psychologie et d’enseignement, se distingue depuis 50 ans au sein de la communauté universitaire de Hearst.

07 novembre 2024

Quitter la maison et les amis à 15 ans pour étudier ailleurs n’est facile pour personne. Jean-Pierre Bergevin a dû vivre cette expérience en 1963. Pensionnaire à l’Université de Hearst pendant plusieurs années, il a obtenu son baccalauréat en littérature en 1970 et a par la suite déménagé à Ottawa afin de compléter une maîtrise en psychologie. Après un séjour de quatre ans dans la capitale nationale, il est de retour au Collège de Hearst où il devient professeur de psychologie à plein temps de 1974 à 1982. A l’époque, une maîtrise suffisait pour obtenir le droit d’enseigner. Durant ces mêmes années, il participe également à un groupe de travail régional qui établit les Services de consultation de Cochrane Nord et un centre de santé mentale pour enfants, aujourd’hui connu sous le nom de Centre Jeanne Sauvé. Il y exerce en tant que psychométricien et psychologue consultant, enrichissant ainsi son approche pédagogique.

M. Bergevin a également cofondé la Maison Renaissance de Hearst, un centre de traitement pour les francophones de la province aux prises avec des problèmes de toxicomanie. À la fin des années 1980, René Fontaine, alors ministre des Affaires du nord et des mines du gouvernement de l’Ontario, l’a nommé représentant du Nord de la province à la Fondation de la recherche sur la toxicomanie de l’Ontario. Il a exercé plusieurs mandats au sein de cet organisme sur une période de sept ans.

Ensuite, c’est le retour aux études. À l’automne 1982, il obtient un congé sabbatique qui lui permet de compléter un doctorat en psychologie clinique. Il retourne à l’enseignement en 1985.

Sa contribution soulignée

Pauline Lavoie côtoie M. Bergevin depuis près de 40 ans. « J’ai été l’une de ses élèves et maintenant je suis sa collègue », raconte l’enseignante en psychologie à l’Université de Hearst. « C’est un enseignant qui sait comment créer une atmosphère d’apprentissage, il a une présence en classe et maintenant je m’inspire de ses techniques pédagogiques dans mon travail ».

Sophie Dallaire, coordonnatrice du Consortium national de formation en santé, volet Université de Hearst, décrit son collègue et connaissance de longue date comme une personne qui a la capacité de penser et mettre en place des projets en se permettant de croire que l’on peut faire bouger les cadres. « Grâce à cette capacité qu’il a de ne pas toujours s’arrêter aux barrières, l’Université de Hearst offre un tout nouveau programme de 2e cycle d’une durée de 12 mois menant à l’Ordre des psychothérapeutes autorisés de l’Ontario », partage-t-elle.

« C’est un enseignant qui sait comment créer une atmosphère d’apprentissage. »

Mme Dallaire et M.Bergevin ont travaillé ensemble sur la mise sur pied du Centre Labelle, un centre d’évaluation et d’intervention psychosociale dans la région du Nord-Est ontarien ainsi que sur la conception et la mise en œuvre d’un programme de Diplôme d’études supérieures en psychothérapie qui forme des psychothérapeutes autorisés.

Le sentiment de bienveillance ressenti à l’égard de M. Bergevin est aussi partagé par sa collègue et ancienne étudiante, Shawna McGee, chargée d’enseignement en psychologie à l’Université de Hearst. « C’est un excellent clinicien, il laisse son client (ou son étudiant, son mentoré), apprendre par lui-même en marchant à ses côtés, en le guidant très doucement. Sans son appui et son approche, je ne serais pas la clinicienne que je suis aujourd’hui ».

Les avantages des petites institutions

Sortir des sentiers battus a toujours fait partie du quotidien de Jean-Pierre Bergevin. « Avec Jean-Pierre, nous avons cherché à nous différencier et nous distinguer pour attirer les étudiants », partage sa collègue Mme Lavoie. « Bien sûr, il y a de la pédagogie et du contenu éducatif dans les cours, mais nous avons été très expérientiels, effectué des voyages avec les étudiants, nous sommes allés sur le terrain pour les garder stimulés. Nous avons également exploré d’autres campus et c’est comme cela qu’on a intégré les cours en bloc au lieu des semestres ».

« Dans une petite université, les conditions sont favorables pour développer des liens très personnalisés avec les étudiants, c’est un cadeau qu’on ne retrouve pas au niveau du baccalauréat et dans les plus grandes universités », partage M. Bergevin.

« Lorsque j’ai commencé à enseigner à l’Université de Hearst en 1974, il n’y avait qu’une quarantaine d’étudiants dans toute l’université », se remémore celui qui y a été lui-même pensionnaire en 1963.

Il explique que le secret de la rétention des étudiantes et étudiants réside dans la capacité à susciter leur intérêt et leur motivation dès la première année du baccalauréat. « Nous avons travaillé fort pour créer de nouveaux programmes et offrir une pédagogie différente. Il y a cette communion d’intérêts entre collègues à l’Université de Hearst ».

L’événement qu’il affectionne le plus est la collation des grades. « C’est à ce moment que l’on voit les progrès et que je vois le fruit de mon travail ».

À 76 ans, l’enseignant ne compte pas s’arrêter de sitôt. « Je fais cette vieille blague lorsqu’on me demande quand je prendrai ma retraite, je réponds que j’attends que la retraite me prenne ».

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