Les étudiants font-ils maintenant l’objet de toutes les attentions?

Un extrait de Course Correction: A Map for the Distracted University témoigne de certains des nouveaux services aux étudiants offerts sur les campus.

20 novembre 2019
Male and females smiling expression

Cet article est un sommaire de l’article « Is the modern university now all about students? ».

Essayez de vous imaginer retourner sur le campus de votre alma mater pour le 50e anniversaire de votre promotion. En faisant le tour du campus, vous reconnaîtriez certains bâtiments. À la bibliothèque, cependant, les catalogues sur fiches auraient disparu et fait place à des technologies inimaginables à votre époque. Les professeurs auraient toujours leurs bureaux. Vous trouveriez sans doute, dans un édifice bien en vue, un centre étudiant constituant le coeur du campus, à la manière des anciennes églises de village. Ce centre ne serait pas le seul témoin de l’engagement de l’université envers les étudiants; si vous visitiez les lieux pour la première fois depuis la fin de vos études, vous seriez certainement surpris du nombre de bureaux réservés à la prestation de services aux étudiants. Ces services ciblent l’ensemble du parcours étudiant, de l’admission jusqu’au début de la carrière, en passant par tous les aspects de la formation. Et la plupart d’elles offrent un soutien à la réussite dont vous n’auriez même pas rêvé jadis.

Vu la grande diversité d’activités et de responsabilités, il est difficile d’établir un système de classement pour tous les services offerts. Nous pouvons toutefois commencer par les services étroitement liés à la mission d’enseignement de l’université. Ces services essentiels aux étudiants comprennent les conseils relatifs aux exigences des programmes. La chose paraît simple à première vue, mais la complexité des règlements universitaires et la propension des étudiants à avoir les idées embrouillées ne facilitent pas la tâche de ceux qui doivent guider ces derniers dans leurs démarches administratives.

Un étudiant peut avoir besoin d’une bourse ou d’un prêt pour suivre un cours; des conseils financiers seront alors peut-être nécessaires. Un autre étudiant éprouve des difficultés en classe? Le centre d’aide en rédaction est là pour lui. L’encadrement étant plus souple à l’université, la gestion du temps peut poser problème à certains tandis que la prise de notes et les examens écrits représentent un défi pour d’autres. Le conseiller en stratégie d’apprentissage peut leur venir en aide. Si des étudiants ont besoin de mesures d’adaptation en raison d’un trouble physique ou psychologique ou d’obstacles à leur développement, les services d’accessibilité leur prêteront assistance. Enfin, des enjeux incontournables, comme la violence sexuelle et la santé mentale, retiennent de plus en plus l’attention. Pour s’adapter, les universités doivent offrir davantage de services aux étudiants.

Ces dernières années, les universités ont revu et amélioré leurs politiques en matière de harcèlement et d’agression d’ordre sexuel ainsi que le soutien offert aux personnes qui font des signalements. Ces initiatives témoignent d’une attention accrue envers les étudiants et leur bien-être. Comment cela cadre-t-il avec la mission fondamentale des universités? La question mérite d’être posée, surtout en ce qui concerne les grands enjeux sociaux.

La santé mentale est un autre enjeu majeur de notre époque. Tout conseiller universitaire ou doyen aux affaires étudiantes peut en témoigner : un nombre alarmant d’étudiants ont besoin d’aide. Les types de troubles couvrent un large spectre, de l’anxiété aiguë aux insécurités profondes, en passant par les idées suicidaires. Quelques étudiants sont aux prises avec des maladies cliniques et doivent être hospitalisés — un service que l’université ne peut offrir, tout comme il est impossible d’y subir une appendicectomie. Assurément, certains se tournent vers l’alcool et les drogues pour gérer leur détresse psychologique, mais les étudiants restent nombreux à chercher de l’aide auprès de l’université. Les ressources sont toutefois limitées, et la priorité est accordée aux cas les plus graves et les plus risqués. Dans certains établissements, les personnes considérées comme moins à risque peinent à obtenir des services psychologiques dans des délais raisonnables.

Les services abordés jusqu’ici consistent à offrir des conseils et du soutien pour aider les étudiants à réussir ou à surmonter les multiples obstacles à la réussite, mais l’éventail de services est beaucoup plus grand. Je n’ai encore mentionné ni l’alimentation ni le logement et les résidences. Il n’a pas non plus été question des activités organisées par une foule de clubs et d’associations, ni du bien-être physique et des sports. Certains de ces services – comme le logement dans le cas des petits collèges voués aux arts libéraux et dotés de résidences – sont essentiels pour que l’établissement puisse remplir sa mission d’enseignement, tandis que d’autres enrichissent l’expérience d’apprentissage dans son ensemble. D’autres encore, comme l’orientation professionnelle, sont utiles aux étudiants qui terminent leurs études, mais ne font pas partie du rôle premier des universités.

Tous ces services ont une chose en commun : ils nécessitent des ressources – beaucoup de ressources – ce qui inclut du personnel dûment formé. Depuis quelques années, des spécialités parallèles font leur apparition dans le vaste monde des services aux étudiants, surtout au sein des bureaux des doyens aux affaires étudiantes. Les frais liés au personnel représentent des sommes importantes pour les universités, au même titre que le coût des locaux et de l’entretien pour les activités hors cours des étudiants. Ces fonds, elles doivent les trouver quelque part. La volonté des universités de remplir cette obligation témoigne de l’attention accordée aux étudiants au XXIe siècle.

Ce texte est une version abrégée de l’original, extrait de Course Correction: A Map for the Distracted University de Paul Gooch, reproduit avec la permission de l’University of Toronto Press, 2019. M. Gooch est recteur émérite et professeur de philosophie à l’Université Victoria de l’Université de Toronto.

 

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